En bad, les licenciés entrent dans le corps des vétérans, presque en catimini, lorsque sonnent leurs 35 ans ! S'ils apparaissent encore comme appartenant à la catégorie Sénior dans le Tableau des catégories d'âges publié par la FFBaD, sans doute par bienveillance, pour éviter toute déprime en les accompagnant en douceur dans une transition charriant son lot d'inquiétudes, ils sont désormais « autorisés à jouer en vétéran 1 », dans les Championnats spécialement dédiés à ces « irréductibles badistes »... La mention Vétéran 1 figure d'ailleurs en bonne et due forme sur leur licence !
Cette délicate attention ne durera qu'une poignée d'années, car dès que sonne la quarantaine c'est fini, plus de minauderies, le quadra est, exclusivement et ad badminton æternam, appréhendé comme Vétéran. Il s'engage alors, sans rebroussement possible, sur un chemin de plus en plus semé de douleurs. Un périple qui, s'il n'abandonne pas en cours d'étape, le conduira cahin-caha jusqu'à l'ultime marche, bornée V9 !
Or, à y regarder, avec une trentaine d'encablures d’avance, décrocher la mention V1 paraît bien jeune pour une promotion essentiellement obtenue à l’ancienneté ! Un avancement la plupart du temps inattendu, arrivant sans crier gare, qui possède des vertus égalitaristes. Ni piston, ni méritocratie, pour espérer passer devant les copains/copines... Aucune gloriole donc à franchir ce cap qui signale au nouveau promu (souvent à son insu et rarement de son plein grès) qu’il vient de prendre un (petit) coup de vieux !
Vétéran, étymologiquement du latin veteranus, dérivé de vetus, veteris - donc vieux, âgé, qui a fait son temps, s'est altéré, parfois jusqu'à être hors d'usage, et peut être placé sur une voie de garage, « promu » bénévole, gardé en réserve en cas de grande pénurie (appelé à « renforcer », au pied levé, une équipe d'interclubs à laquelle un jeune fait brusquement défaut —, expérience pathétiquement vécue), ou définitivement mis au rancart...
En attendant ce terminus, celui, celle, qui est (physiquement) émoussé par cette subreptice avancée en âge est, d'une certaine manière, recasé dans la catégorie Vétéran. Un recyclage qui peut lui insuffler un regain de vitalité, lui offrir et impulser une « seconde jeunesse », en lui proposant de prendre un nouveau départ, de relever de nouveaux défis, dans une catégorie adaptée à ses vermoulures.
Entrer dans la case Vétéran participerait d'une renaissance. Ex veteris nova (aurait dit Sénèque). Du vieux (ou plutôt de l'ancien) pourrait naître du nouveau... S'engager dans un tout nouveau parcours, bifurquer vers d'autres challenges, en rejoignant des compétiteurs de sa tranche d'âge, partageant les mêmes trahisons d'un corps dont les vaillances s'érodent, se rouillent, connaissent défaillances et vacillements. Et, avec cette bande de « vieilles raquettes » [1], emportée par le flux du temps, se remémorer le bon temps, tout en dégustant le moment présent, en jouant au volant.
[1] Les hockeyeurs ont bien leurs « vieilles crosses », une sorte d'amicale regroupant les gloires d'antan.
Petit rétropédalage historique :
L'appellation Vétéran remonte aux Romains. Le terme qualifiait alors un soldat qui, après avoir effectué plusieurs années de service (25 selon certains textes), obtenait son congé. Mais Vétéran désignait également un légionnaire « qui ayant fait le temps normal, prolongeait volontairement son service ». Il était alors inséré dans un corps spécial, dit « corps des vétérans ». Soit, un peu comme au badminton, où, après avoir fait leurs classes chez les Jeunes, solidement encadrés par des maîtres de bad, puis avoir traversé les années Sénior, allant parfois jusqu’à combattre loin de leurs foyers, les plus vaillants (malgré usures et blessures) poursuivent clopin-clopant leur engagement, jusqu’à ce que jointures et rotules se dérobent...
Le Vétéran fait ainsi figure d'ancien combattant, et de brave, quelles qu’aient été ses prestations ou la réalité de sa vaillance. C'est un rescapé, sorti pas trop éclopé de ses années bad et encore apte à reprendre du service, si l'occasion se présente.
Une fois catapulté Vétéran, le badiste qui vient de basculer du côté obscur du déclin programmé, va gravir neuf échelons qui, au fil de leur ascension, s’avèreront plutôt rythmer une irrémédiable descente. Depuis le fringuant et encore explosif V1, fraîchement promu, passé vétéran sans s’en rendre compte, presque par inadvertance et inconscience, jusqu’au V9 qui ayant atteint, à 75 printemps, le plus haut grade (neufs barrettes), n’a plus grand chose à prouver.
Aussi, tant que l’arthrose ne le contraint pas à définitivement poser le pied, le vétéran est périodiquement appelé à se ré-engager, poussé à s’inscrire soit dans des championnats qui lui sont réservés, soit à s'investir dans des tournois parallèlement ouvert à la relève : les Jeunes.
Les moins de 18 ans sont, en effet, régulièrement associés aux Vétérans. Les deux catégories, règlementairement distinguées et compartimentées, se retrouvent invitées à se côtoyer dans des tournois dits « Jeunes et Vétérans », sans doute pour la capacité des aînés à accompagner et encadrer progéniture, voire petits-enfants !
(Sur les représentations contigües de ces deux catégories d'âges, se reporter à l'arrêt sur affiche consacré aux réalisations de Loriane Tardif pour les tournois Vétérans et Juniors du club Nantais, le Don Bosco Badminton, disponible sur le blog « Quand le bad s'affiche ! » : « Sagesse et Jeunesse d'esprit »).
En fin de carrière, l' « ancien », trop usé, plie alors définitivement ses gaules et se retire du circuit. Cuit et recuit, il prend sa retraite et devient alors réellement un respectable Vétéran ! Peut-être même une Légende...
Ayant atteint un Agecanonix (à l'instar du personnage, créé par Albert Uderzo et repris par le club d'Apt, en 2019, pour illustrer un Championnat Régional - voir ci-dessus), il constitue alors une mémoire vivante du badminton. Ses réminiscences, certes parfois brinquebalantes et à la merci d’une durite qui pète, peuvent, malgré les radotages, s'avérer particulièrement précieuses pour l'édification des générations montantes, la préservation et l'élaboration d'une Histoire du Badminton !
Dis Papy, c'était comment de ton temps ?
Quelques jalons historiques (communiqués par Bruno Lafitte, responsable de la Commission Culture à la FFBaD) :
- 1955 : Premier Championnat de France Vétéran - seulement du Simple Homme ;
- 1966 : Entrée des Vétéranes, avec l'ajout du Simple Dame ;
- 1982-1983 : Ouverture aux 5 tableaux (SH, SD, DH, DD et mixte)
Quelques données quantitatives, communiquées par la FFBad pour la saison en cours, 2022-2023 :
- les Vétérans représentent 35,68 % des licencié-e-s, soit quasiment autant que les jeunes - du Minibad aux Juniors : 36,35 % (Séniors : 27,96 %) ;
- si les V1 (35-45 ans) occupaient 9,38 % de l'ensemble des licenciés, ce pourcentage fond rapidement dès que l'on passe la barre des V6 (« qu'il ne faut toutefois pas prendre pour des lanternes », comme me l'a précisé avec humour Bruno Lafitte), les V7 ne sont plus que 0,66 %, les V8 (au-delà de 70 ans) : 0,22 %. Quant aux derniers-nés, les V9, catégorie créée en 2020-21, ils sont cette saison 202 à taquiner du volant, soit 0,10% des 196 928 licenciés enregistrés au 24 mars 2023 - un record historique.
Présentation de 7 affiches de tournois Vétérans
(principalement de Championnats de France),
publiées sur le blog Quand le bad s'affiche ! :
Riche idée que cette affiche aux accents de propagande guerrière, pour pousser des Vétérans à reprendre du service. Mise en scène d’une geste héroïque : l’élévation d’une raquette totémique, concluant certainement une attaque menée au pas de charge par une poignée de « badistes inconnus », entretenant ainsi la flamme du souvenir !
Silhouettes anonymes, se découpant sur un fond rougi par la guerre qui au loin fait rage, fantassins sans visages combattant pour la gloire de leur mère-patrie, le badisland (?). Les Vétérans sont une fois de plus, appelés à s’engager dans un nouveau tournoi à l’enjeu National. Le Jour J est programmé un week-end de 18 juin ! Difficile alors pour ces « anciens » (au passé parfois chargé de titres et de médailles) de résister à ce nouvel Appel !
D’autant que le champ de bataille, le gymnase René Cassin, est un lieu chargé de mémoire ! René, mutilé de 14-18, n’est-il pas l’un des tout premiers Frenchie à avoir répondu présent au Général et à le rejoindre chez les Britishs !
Stéphane Macario, qui sonne ce branle-bas de combat, réussi là un énième détournement de la photographie prise le 23 février 1945 par l’Amerlo Joe Rosenthal (Raising the Flag on Iwo Jima). Image passée depuis à la postérité, devenue une icône de la mythologie nationale US et, plus largement, une « allégorie de la victoire ». Photo culte, cliquée, à l’arrache, sur l’île japonaise de Iwo Jima, où l’on voit cinq Marines s’entraider pour dresser la « bannière étoilée » au sommet du mont Suribachi, un volcan (éteint) de 167m ! [Lire la suite]
Arrêt sur Affiche n° 6 : « À l'attaque ! » (Championnat de France Vétérans 2013)
Grandiose monument dressé à la gloire de vétérans encore bien vivants, combattant pour la France !
Statue érigée dans la Manche, territoire meurtri de batailles, labouré de bravoures !
Le moustachu franchouillard qui s’élance, pour l’honneur du volant tricolore (trois « jupes » stylisées aux dégradés passéistes : 18-19-20), développe de sacrés beaux restes !
Il a la musculature sèche, aiguisée, presque anguleuse, du sportif « fin de siècle » !
Statufié dans une dynamique d’attaque, figé dans son engagement héroïque, la figure de ce glorieux frappeur, campé sur un socle-piédestal, s’apparente à un trophée, à un bronze, exposé sur les buffets de nos campagnes !
Der des Ders ou baroud d’honneur, ultime sacrifice à la cause badiste, livré pour l’honneur !
En tout cas, un combat final qui restera à jamais gravé dans la mémoire du badminton !
Image « rétro ». Fond jauni. Nostalgie des tons sépias, ceux des premières photographies grand public, pour ce Championnat Vétérans 2012.
Un couple de jeunes retraités prend la pose, adossés tels des pistoleros s’apprêtant au duel. Mais le sourire de connivence, le regard bienveillant et complice, sont là pour dire que ce mixte est uni par un indéfectible amour… du badminton !
Le style capillaire renvoie aux années 50-60 : coupe à la Jackie Kennedy, pour Madame, moustache et sourire ravageur à la Clark Gable pour Monsieur !
Le couple à certes blanchi, mais le duo a bien vieilli, soudé par sa commune passion. Il en appelle désormais aux jeunes pour reprendre le flambeau du bénévolat… au moins le temps d’un championnat !
Rappelons que le badminton est l'une des rares disciples sportives à proposer du mixte en compétition et ce depuis 1898 (tournoi organisé le 10 mars, en Angleterre, par le Guilford Badminton Club).
Quelle est la signification de ce fantôme, de cet ectoplasme cyclopéen surplombé par un nuage d’un blanc éblouissant ?
Un nimbus qui s’apprête à déverser une grêle de volants sur un « Gentil n’a qu’un œil » : un naïf ne percevant que le bon côté des choses [1].
Orage accueilli avec joie par le spectre édenté qui initie un pas de danse… Danse du Volant (?) exécutée par un esprit paré de bracelets chamaniques tricolores et d’un collier d’amulettes rituelles, constitué de « plumes de prière ».
Forme éthérée, matière subtile, flottant dans la lugubre pénombre d’une brume verdâtre où transparaissent quelques volants, prémices du déluge annoncé…, un filet et une raquette tombée au sol. Comme si l’homme-volant, content du miracle accompli, avait lancé aux cieux son « bâton de pouvoir » !
Mais par quel puissant médium ce gardien des âmes a-t-il été convoqué ? Quel spirite, quel passionné d’occultisme en est le créateur ?
[1] « Gentil n’a qu’un œil » : Expression utilisée en Normandie, Franche-Comté et sans doute dans le Haut-Rhin (département dans lequel est organisé ce Championnat), signifiant, d’après l’Académie Française, que « les personnes trop gentilles ne sont pas capable de voir les défauts des choses. Elles ne voient que leurs qualités. Ne voyant qu’à moitié, on ne leur attribue qu’un œil »…
En deux ans, le charmant couple de papy-mamy qui posait pour l’affiche de 2014 (voir précédemment) a pris un sacré coup de jeune ! Il a été détrôné par une nouvelle vague de vétérans. Des jeunots de 35 piges, fraîchement basculés dans le camp des doyens.
Peu d’indices corporels indiquent cette promotion à l’ancienneté (d'ailleurs peu recherchée), si ce n’est, côté masculin, un dégarnissement des « golfes », prélude à calvitie…
De toute évidence, la paire a toujours la niaque. Elle est là pour la gagne, pour se la donner, transpirer et châtaignier un volant bouchonné Ardéchois ! Mais pas que…
Car ce Championnat de France, organisé à Valence, est placé sous les doux auspices du « Kiosque de Peynet » [1]. Kiosque à musique qui a inspiré, en 1942, au dessinateur éponyme, un populaire couple de tourtereaux éperdument amoureux (un gracile violoniste à chapeau melon et son admiratrice tombée, pour longtemps, sous le charme).
Une compétition nationale organisée donc sous la protection d’Éros. Promesse, pour les cœurs vagabonds (en recherche de partenaire), de potentielles conjonctions amoureuses. Un temps fort, rassemblant une élite « matures et expérimentés », offrant la possibilité de croiser des « badistes solitaires » et autres « célibataires engagés ». Espace de convivialité pouvant, comme annoncé sur une plate-forme mythique, se révéler « un site de rencontre sérieux pour trouver l’amour [fou de bad] » !
[1] Situé au centre de Valence, le « Kiosque de Peynet » (qui d’ailleurs à bien y regarder présente des similitudes avec un volant posé sur sa jupe) est depuis 1980 classé monument historique !
Une nouvelle production particulièrement réussi de Stéphane Maccario, réalisée, en 2019, pour le club de Saint-Orens (SOBAD).
Le portrait en buste d’un couple royal, tenant fermement dans une main leur sceptre – une raquette –, et portant de l’autre l’orbe impérial – un volant.
Deux insignes de la puissance d'une autorité souveraine [1]..
On appréciera tout particulièrement le cœur en forme de volant pour la Queen, la rangée de décorations, une barrette de trois plumes, pour le King et les couronnes constituées de six volants finement ciselés !
Les deux couleurs utilisées, en mode légèrement fané, font référence à celles de la royauté médiévale : l’azur, couleur emblématique de la monarchie [2]. et l’or, des fleurs de Lys !
L’occasion pour les organisateurs de rappeler à toutes et tous qu’en bad on entre dans la catégorie vétéran à 35 ans et ceci pour longtemps. Tournoi ouvert donc aux « 35 ans et + ».
Vétéran un jour, vétéran (pour) toujours !
[1] L’orbe impérial ou « orbe crucigère » est une sphère surmontée d’une croix, symbolisant la domination du Christ sur le monde terrestre, et signifiant la provenance divine du pouvoir royal. [2] Cf. le passionnant ouvrage de l’historien des couleurs, Michel Pastoureau, Le Bleu. Histoire d’une couleur, Paris, Le Seuil, 2000.
De toute évidence c’est une affiche hautement testostéronée que celle de ce Championnat De France 2014 !
Un portrait en buste de deux farouches locaux qui n’ont pas l’air du tout commodes.
Couple de Chalonnais accroc à la fonte qui attend, sans broncher, la venue des adversaires.
Guère d’affection dans ce duo de méchants, si ce n’est une dédicace à « mémé ». Inscription emplie de tendresse, tatouée sur le biceps hypertrophié du maousse-costaud. Un dur-à-cuire au cœur d’artichaut…
Quant à la balèze, qui tire la gueule, on a du mal à déceler quelque signe de féminité.
Équipée de deux protubérances pectoralisées, aux allures de cuirasse, elle a tout l’air d’une mégère, estampillée années 50, d'une Lucienne, affublée d’une robe à collerette et petits volants. Les épineuses couettes qui ornent l’acariâtre ne sont pas sans rappeler le casque ailé d’un célèbre Gaulois réfractaire, toujours prêt à balancer une bonne claquasse à l’impudent qui d’aventure le contrarierait !
Pour tout dire, à la vue de la circonférence des brandillons des deux malabars, on a plutôt l’impression d’être face à un duo de rugbymen, dont le plus « fluet » se serait travesti en harpie…
Le porteur d’épaisses bacchantes, dites « en guidon », signe d’une virilité guerrière affirmée, possède de toute évidence les trapèzes d’un robuste 1ère ligne, plus enclin à rentrer dans le lard qu’à jouer en finesse (ce qui n’exclut pas toute roublardise) !
Dans leurs paluches, les raquettes deviennent des instruments menaçants, et l’on s’attend plus, de la part de ces virilités gonflées, à une bastonnade qu’à un jeu toute en subtilité.
Deux badistes « old school » (comme indiqué dans une bulle), donc de la vieille école... Sans doute celle de la castagne. Des vrais de vrais, des purs jus, élevés à la sportive, avant de partir écumer l’Hexagone. Des baroudeurs qui ont roulé leur bosse et se sont fait « brodancher la couenne », inscrivant dans leur derme les marques d’un parcours chaotique.
Une collection d’inscriptions dermographiques parsème, en effet, leurs corps-parchemins.
Non pas des Tatoo travaillés, mais des graffitis dermiques de facture grossière, pauvres en imagination. Ce que les bagnards appelaient des « bouzilles » (donc qui abîment irrémédiablement).
Outre, le tatouage sentimental, le pathétique « Je t’aime mémé » (et un imperceptible « Je t’aime papa » surmonté d’un cœur, au poignet de la donzelle qui trimballe sa raquette tel un gourdin), le regard du criminologue relèvera :
- une marque d’appartenance, incrustée dans le poignet droit du moustachu. Signe d’allégeance et d’attachement indéfectible au « CSBC », le sigle du gang organisateur, une association de badistes Chalonnais. Des purs et durs ;
- des têtes de mort, accompagnées de fémurs croisés, porteuses d’un message sans équivoque. Ces Memento mori (« Souviens-toi que tu vas mourir ») rappellent à tous l’humaine finitude. Un fort mauvais présage !
- enfin, des inscriptions « dédicatoires » à une cause intemporelle, dans une langue étrangère : «Bad for ever», pour l’un, et « In Bad for trust », pour l’une…
Cette exhibition de « cicatrices dermographiques » sonne comme une mise en garde. Il conviendra de ne pas trop titiller les deux énergumènes. Une équipe, sans nul doute, sortie des bas-fonds du badminton aimant le grabuge !
Pourtant, à bien y regarder, nos lascars ont plutôt l’air de bons bougres surjouant les fiers-à-bras. Ce ne sont pas des « zéphirs », ces militaires disciplinaires, envoyés purger leurs peines dans les Bataillons d’Afrique, à Biribi, et qui en revenaient « illustrés » du crâne jusqu’aux doigts de pieds ! De toute évidence, nos deux « bourrins », aux maillots arlequins, ne se sont pas fait vraiment « broder le cuir », ce sont des faux durs dont les « tatouages» ont été réalisés à la va-vite, au stylo à bille grasse et, pour certains, peut-être même ne sont que des décalcomanies de piètre qualité !
Compléments bibliographiques à usage de ceux/celles qui s’intéresseraient aux tatouages des durs à cuire :
- Jean Graven, L’Argot et le tatouage des criminels, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1962.
- William Garuchet, Bas-fonds du crime et tatouages, Monaco, Éditions de Rocher, 1981.
- Et, trois ouvrages récents de Jérôme Pierrat et Eric Guillon : Les Vrais, les durs, les tatoués. Le tatouage à Biribi (Editions Larivière. 2005) - Mauvais garçons. Portraits de tatoués 1890-1930 (La Manufacture des Livres, 2013) et Marins tatoués (La Manufacture des Livres, 2018).