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Publié par Frédéric Baillette

    Le jeu du volant a inspiré, certes avec plus ou moins de bonheur, voire quelques mièvreries, des faiseurs de rimes, amoureux de sonorités redondantes, poètes, paroliers, mais aussi un compositeur de renom (Bizet qui y consacre une pièce pour piano à quatre mains d'1mn et 10s... À découvrir Ici), des prosateurs et des conteurs d'historiettes pour enfants ou de nouvelles romanesques pour amoureux transis (Voir notamment, deux textes déjà publiés sur ce blog : La Chasse au volant de P.-J. Sthal, 1878 et « Le Jeu du volant et de l'amour » d'Amélie Murat, 1920).

« Le volant » est la Vème pièce de la composition de Georges Bizet :
Jeux d'enfants pour piano à quatre mains (Fantaisie, Adantino molto)
Composée en 1871, et dédiée à Marguerite de Beaulieu et Fanny Goüin
Pour l'écouter, interprétée par Katia et Marielle Labèque, cliquez Ici .


    On trouvera ici rassemblés des quatrains, accompagnant des estampes mais aussi des cartes postales un brin coquines, deux fables datant de 1822 (« Le Volant et l'enfant » et... « L'Enfant et le Volant), des histoires, des chansonnettes et la chanson d'un libertaire, Alain Aurenche, où le Badminton (titre du morceau) passe pour une futilité, un passe-temps totalement superficiel, qui distrait une jeune fille des gravités du Réel (l'attrayant badminton, dérivatif auquel s'adonne l'insouciante, s'apparentant davantage au jeu du volant de nos arrières-arrières grands-mères).

    On retrouve dans la gravure de Jean-Siméon Chardin, intitulée La Gouvernante, datant de 1739 (voir ci-après), cette symbolisation d'un amusement, sans réelle importance, qui détournerait de l'essentiel. Le garçonnet qui baisse les yeux, abandonnant au sol sa raquette et son volant, se fait réprimander pas une gouvernante, attentionnée et travailleuse, qui, doucement, incite le gentilhomme à délaisser ses jeux favoris pour se consacrer à ses études... Il y a certainement, dans la vie, des choses bien plus importantes que de « retourner à son Volant » !

    Le jeu du volant, celui du temps jadis, faisait parti des jeux qualifiés d'innocents, tout comme le Jeu des Grâces, le Cerceau, la Corde, etc. D'aimables passe-temps aujourd'hui partiellement ou totalement oubliés, ne subsistant, au mieux, que sous des formes sportives (le saut à la corde est ainsi devenu un exercice d'entraînement et, dans sa version freestyle, particulièrement physique et spectaculaire, duJump Rope ou, sous une formule compétitive, du Double Dutch).
    En se sportivisant les jeux enfantins auraient-ils perdu toute force poétique ? Poétiser sur un volant (de badminton) est-il aujourd'hui envisageable, tant le délicat « oiseau », le « bouquet », que damoiseaux et damoiselles taquinaient « d'une main gracieuse », est désormais malmené...?

    Autrefois, le volant signait l'angélisme, la pureté, la virginité. C'était un plaisir chaste qui convenait à la jeune fille « tranquille en [ses] désirs » (cf. le quatrain de Bernard Lépicié, 1742). Sa légèreté devenait signe d'ingénuité, de naïveté, lorsque d'exquises demoiselles l'échangeaient avec délices.
 

John Raphaël Smith, « A Maid — Une Pucelle », 1791
Inscription figurant sous l'image : Design'd & Engrave'd by J.R Smith.
London Publish'd Jany. 1st 1971 by J.R. Smith King Strt. Covent Garden.
© The Trustees of the British Museum — téléchargeable
Ici
Une version couleur est également téléchargeable sur artvee.com Ici


    Il pouvait être aussi la marque d'une inconstance, de frivolités, quand de jeunes femmes se saisissaient d'une raquette, ou lorsque, comme plus récemment, des « Poupées » (en fait, des hommes travestis en femmes) « tiennent en main une raquette [pour s'en aller] jouer, folle et coquette, avec pour volant, votre cœur » (voir carte postale, début XXème, intitulée « Les Poupées » ).
    Le volant par des Belles « rejeté » (tel un amant prestement éconduit, mais toutefois persévérant ou préférant grappiller...?) va « avec désinvolture, d'une fleur de toute beauté à l'autre plus belle et plus pure [et] semble [alors] un papillon enchanté »... (cf. Armand Gaboriaud, carte postale « Jeux innocents — Le Volant », 1911). Le volant ne serait-il pas finalement un butineur, un capricieux toujours en quête de nouvelles conquêtes : « l'amant aimé » (trop aimé), comme «le bouchon emplumé », vole de raquettes en raquettes et « jamais ne s'arrête »...
    L'élégant papillonne, indécis, ne sachant ou se poser, ou repartant aussi vite qu'il s'est posé ? Il va-et-vient, virevolte, musarde et, d'une certaine manière, est volage... Allant d'un homme à une femme, ou d'une femme à une autre, sans vraiment se fixer. Constamment balloté. Il vogue, flirte avec les cieux. Aérien, il «trace [...] sa trajectoire dans l'Azur » et cercle le « firmament ».
    Mais, s'il se joue aisément des éléments, sans Raquette, il n'est rien... comme le rappelle le duo chanté entre « La Raquette et le Volant » (composé en 1880 par Amédé Burion et Frédéric Wachs) ! Le présomptueux ne doit pas oublier qu'il doit sa superbe, sa gloire, et son « vol triomphant », à la vaillance d'une Raquette et à « un petit bras d'enfant » ! Il faut régulièrement, sur terre, faire redescendre l'orgueilleux volant, lui rabattre le caquet en lui rappelant sa consubstantielle inertie !
 

« Perte au jeu c'est dette d'honneur
D'un baiser j'attends la faveur
»
Carte Postale extraite d'une série de 6 cartes, publiées vers 1907 — © collection particulière


    Le jeu du volant apparaît comme une badinerie, un amusement puéril, un enfantillage, une fantaisie, qui prête aux roucoulements et aux amourettes. L'aimable divertissement rosit les pomettes des jouvencelles et des jouvenceaux, fait doucement palpiter leurs cœurs. Il crée des émois, prélude à une aventure galante, est un prétexte, une aubaine pour engager un flirt, première rencontre entre deux cœurs disponibles... (voir « Le Jeu du volant et de l'amour » d'Amélie Murat, 1920 : ICI). Il incite d'autant aux amours printaniers qu'il se joue « sur l'herbette », dans un espace bucolique propice à l'attendrissement et aux plaisirs champêtres. Les tourtereaux content alors fleurette, en l'effeuillant au gré de leurs échanges ?
    N'est-il pas aussi un baiser ? Celui tout doux qu'une belle jette, d'un souffle de raquette, au godelureau qui lui donne la réplique et qui moins habile demande, pour gagner en précision, à se rapprocher, jusqu'à le « lancer bouche à bouche » ! Le « cousin » est un taquin, un fieffé, mais si séduisant, coquin qui, même lorsqu'il interrompt la partie de deux coquettes, se voit au final gratifié de délicats bécots ! (cf la série de cartes postales intitulée « Le volant sera mon baiser »). Chez les galants et les galantes, un baiser pouvait d'ailleurs être l'objet d'un gage que celui ou celle qui laissait choir le volant se devait d'honorer... (voir ci-dessus)

    Le volant est enfin un cœur que des chérubins tourmentent et enfièvrent. Un cœur ardent que des amours, ces angelots nus, potelés, joufflus et ailés, affolent, tandis qu'un cupidon, arc bandé, ouvre « La chasse aux cœurs » !
 

« La Chasse aux cœurs » — Carte postale, 13,3 x 8,5 cm — © collection particulière

 

    Le volant devient cœur à prendre, à saisir au vol. Un cœur éperdu, emplit d'amour, un cœur insistant, « plein d'une ardeur toujours nouvelle ». Cœur toujours revenant à la charge, mais sans cesse repoussé par un(e) galant(e) à la « main cruelle ». Le jeu du volant est un perpétuel va-et-vient. Le cœur qui vole se voit sans cesse repoussé. Je t'aime, moi non-plus...
    D'ailleurs, le jeu du volant n'aurait-il pas, à son origine, été capricieusement et perfidement inventé par Vénus (déesse de l'amour et de la séduction) et les trois Grâces (Aglaé, Euphrosyne et Thalie) ? Pour tromper leur ennui, les nymphes, manipulées par la coquine Méchanceté, se seraient emparées d'un cœur, s'en riant en le faisant voler de l'une à l'autre. Mais, sans cesse chassé etrechassé, le cœur-volant, « trop longtemps ballotté » et tracassé, déplia ses ailes et s'échappa... Alors les belles en prirent de plus durs, de plus résistants et, sur tous les cœurs firent ainsi « main-basse »... (voir « L'origine du Jeu de Volant », poème dédié au Roy, datant de 1756).
    Les divines beautés peuvent se révéler de bien cruelles joueuses... Les charmantes coquettes, qui échauffent « un jeune Amant », brisent les cœurs de soupirants alanguis, jonglent gaiement avec les sentiments des Roméos aux cœurs tendres, pour finalement soit les laissent choir... soit les embobiner pour mieux les prendre dans les raies de leurs raquettes...?

Remerciements à Bruno Lafitte (Responsable de la Commission Culture à la FFBad) qui m'a mis sur la piste de différents documents, ainsi qu'à Michel Prévot (« Badminton Mémoire ») et à Liliane Thuilier (voir son Petit musée virtuel ), aux collections duquel et de laquelle j'ai emprunté quelques cartes postales.


« Le Jeu du Volant » (1800)
Un doux poème de Hyacinthe Morel

« Au volant, avec ma Zulmé
Je jouais hier sur l'herbette.
Voilà bien l'image parfaite,
Dit-elle, d'un amant aimé :
Ainsi que ce liège emplumé
Il vole et jamais ne s'arrête.
Ah ! repris-je, de ton amant
C'est plutôt l'image fidèle.
Plein d'une ardeur toujours nouvelle,
Mon cœur vole à toi constamment,
Et je le vois incessamment
Repoussé par ta main cruelle !
»

Traduit librement du latin, et publié par les citoyens Arnault, Laya, Le Gouvé et Vigée, dans le n° X de Veillées des Muses, p. 32, Recueil Littéraire daté de Nivôse An VIII (janvier 1800) - selon le calendrier Républicain !
(Source : Galica-BnF, ICI )


« Origine du Jeu du Volant » (1756)
Poème publié dans Mercure de France. Dédié au Roy, Novembre 1756, Paris
(Source : Galica-BnF, en cliquant Ici)
 

Origine jeu volant

 

« Le Jeu du Volant » (vers 1690)
Vers de Nicolas Arnoult (v.1650-v.1722)

« On voit Souvent une Coquette,
Par un air adroit et charmant,
Echauffer plus un jeune Amant,
Que le Volant et la Raquette.
»

Nicolas Arnoult — image imprimée vers 1690
Gravure/cuivre au burin et à l'eau-forte coloriée - Estampage : 298 x 200 mm - Taille page : 375 x 247 mm
Mention figurant sous le poème :
A Paris chez Nicolas Arnoult rue de la Fromagerie a l'image St Claude aux Halles. Avec Privilège du Roy
© MUNAÉ (Musée National de l'Éducation)

 

« Le jeu de volant » (vers 17...)
P. Gallays

« Lorsque nous jouons au volant,
Nous goustons des plaisirs sans nombre :
Vous, qui avez un autre attachement,
Pour le soleil vous prenez l'ombre.
»
(Source Gallica BnF : Ici)

P. Gallays, Estampe, 17.. — Gravure au burin et à l'eau-forte, 11 x 13 cm — © Gallica-BnF

 

« Au bilboquet, & autres jeux » (vers 1580.)
Guillaume Le Bé

« A yant désir de tromper un novice
Qui tombe és mains de quelque fin valet
Au bilboquet ils prennent exercice :
Quand au volant avecques le palet
Ou à la pelote avecques la raquette,
Ce sont les jeux où chacun d'eux s'arrête.
»
(Source : Gallica BnF)

(avesques, vieux français signifiant « avec l'aide de ». Utilisé en poésie où il compte trois syllabes)
 

Guillaume Le Bé — Gravure, vers 1580 — Source : Gallica-BnF

 

« Le Volant » (1657)
Jacques Stella

« Si ces Joueurs n'adressent bien,
C'est que le Volant ne vaut rien
Ou que la Palette est percée :
Mais qui ne riroit des travaux
Que Souffrent ces petits Chevaux,
Pour traisner cette Carossée.
»
 

Stella Volant

Les Jeux et plaisirs de l'Enfance, invantez par Jacques Stella et gravez par Claudine Bouzonnet Stella
A Paris, chez la dite Stella, 1657
Estampe, dimension : 12,7 x 16,4 cm. Technique : taille-douce ; eau-forte
© Bibliothèque Municipale de Lyon

 

« La Poupée et le Volant » (vers 1754)
Mr Guichard

« Que d'un Soin tout autre en croissant
Ils auront la tête coupée
La Fille deviendra Poupée
Et le Garçon un vrai Volant
»
 

Image imprimée — Éditeur Nicolas IV de Larmessin — Vers 1754
Gravure/cuivre au burin et au pointillé — 315mm x 230mm
Signé en bas à gauche : Du Mesnil Pinxit - Signé en bas à droite : De F*** Sculpsit : Jacques de Favannes (1716-1770)
Les quatre vers sont signés Mr Guichard
« À Paris chez de Larmessin Graveur du Cabinet du Roi, rue des Noyers,
la 2me porte cochere à gauche par la rue St Jacques A.P.D.R.
»
© MUNAÉ (Musée National de l'Education)


« Le Jeu du Volant, Idyle » (1757)
M. le Chevalier Despinasse
Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie
présentées à l’Académie des jeux floraux
, Toulouse, 1757, pp. 87-93

(Source : Gallica-BnF)

 

Le Peuple Aérien partageait sans murmure
Les soins que l'Univers attend de la Nature ;
Des Sylphes de l'Yris préparaient les couleurs,
D'autres du sein des eaux élevaient les vapeurs ;
Ceux-ci poussaient les vents, (a) paîtrissaient les tempêtes,
Et ceux-là dans leur orbe animaient les Planètes,
Quand (b) Ariel content de leurs soins assidus,
Ordonne qu'aux plaisirs les Sylphes soient rendus.

Aussitôt un essaim d'Esprits Elémentaires
Amuse son loisir par des danses légères ;
Un essaim plus actif folâtre dans les airs,
Il gravit sur la nuée ou poursuit les éclairs :
Un Sylphe, pour parer sa beauté naturelle,
Aux rayons du Soleil cherche à dorer son aile ;
Sur un lit de lumière, au gré de ses désirs,
Un autre est balancé par la main des Zéphirs.

Ariel cependant du séjour du tonnerre
Voit les êtres vivants qui rampent sur la Terre ;
Et parmi les Mortels dans les Gaules épars,
Un jeune Petit-Maître occupe ses regards.
Sur les bords de la Seine, où le Monde l'attire,
Ce Narcisse nouveau se contemple & s'admire ;
L'Inde pour le parer enfanta ses rubis ;
Des vers industrieux ont filé ses habits,

(a) Expression de Pope & de ses Traducteurs.
(b) Chef des Sylphes.

Les mines ont fourni l'éclat qui les décore,
Et l'odeur qu'il exhale est dérobée à Flore :
Un léger édifice élevé sur son front,
D'aucun Zéphir encore n'a ressenti l'affront ;
L'ivoire en a tracé l'élégante figure,
Une gomme épaissie en soutient la structure
Et le plus pur froment soustrait au Laboureur,
Du Sygne sur sa tête a porté la couleur.
Dans cet état brillant il tourne, papillonne,
Va, revient, interroge & n'écoute personne ;
Tels les oiseaux de Gnide égarés, éperdus,
S'agitent dans les airs lorsqu'ils cherchent Vénus.

Le Sylphe suit des yeux cette marche apprêtée,
Contemple cette tête avec art ajustée ;
De tant d'appas divers fait la comparaison…..
Rien n'y décèle encore le feu de la raison……
« Et quoi, dit Ariel, ce céleste apanage
« D'un être si charmant n'est donc point le partage ?
« Esprit Aériens, fécondez mon ardeur,
« Pénétrons cette tête & pesons sa valeur ;
« Descendez avec moi dans l'Empire des Gnomes
« Là j'ai souvent appris à connaître les Hommes :

« L’élément qui détruit leur éclat emprunté
« Sur nos doutes confus répandra la clarté.

Ils volent, à ces mots, dans des retraites sombres,
Dont jamais l'œil du jour ne dissipa les ombres.
Le Chef de l'élément favorable à leurs vœux,
Ordonne d'éclairer le séjour ténébreux :
Des Phosphores bientôt répandent la lumière ;
Mais les Sylphes des Morts confondent la poussière ;
À leurs pieds sont mêlés Sujets, Princes, Héros,
Bure, pourpre de Tyr, houlettes & faisceaux :
Rien de ce qui brilla ne s'y fait reconnaître…..
« Voilà, dit (a) Ombriel le corps d'un Petit-Maître ;
« La Mort ferma ses yeux au retour d'un festin ;
« S'il peut vous éclairer, c'est son plus beau destin.
« Poursuivez à loisir vos recherches sublimes,
« Dévoilez la Nature & sondez ses abîmes.

Ils suivent aussitôt leur zèle impétueux ;
Ils coupent cette tête objet de tant de vœux ;
a) Chef des Gnomes.

 

Il semble au même instant qu'elle ait rompu sa chaîne ;

Elle saute,.. s'échappe. On ne la tient qu'à peine.
Ce prodige inconnu, des Sylphes entouré,
Par leur Chef Ariel est longtemps admiré :
Sa voix anime encore un travail qui l'éclaire ;
Le souffle a déployé la flamme élémentaire ;
Les cheveux sont changés en un tissu charmant,
Et le reste est en proie au subtil élément :
L'Agent presse ses coups, & la tête soumise,
Cède & se rétrécit au feu qui la maîtrise :
Elle ne montre plus qu'un reste calciné,
Qui ressemble en grosseur à celle de Progné ;
Ce reste est dégagé de la masse grossière,
Et sa légèreté demeure toute entière :
Il palpite, il s'élance, il bondit dans la main ;
Mais Ariel résiste, & poursuit son dessein.
Dans les nœuds du tissu la tête resserrée,
Une seconde fois voit la rive éclairée :
Ariel avec lui ramène ses Sujets,
Et sa main à leurs yeux offre d'autres essais.
Il arrache, en passant, une plume à Zéphire…..
Elle ne suffit point… Dans l'ardeur qui l'inspire,
Moins vif & moins léger paraît un papillon
Parcourant un jasmin dans le fond d'un vallon ;

Les Sylphes aussitôt, zélés pour son ouvrage,

De leur aile à ses pieds viennent offrir l'hommage :
Il prend de toutes parts, il dépouille, il polit ;
Chaque plume déjà sous ses doigts s'embellit ;
Il presse leur émail, il découpe, il façonne ;
À la tête folâtre il forme une Couronne :
Encore un dernier trait à tant de soins divers,
Et l'ouvrage est lancé dans le vague des airs.
Quel nouveau phénomène !.. Il fend l'espace humide :..
Mais un reste de poids change ce vol rapide
Il retombe,… il repart... Les Sylphes tour à tour
Appliqués à sa course attendent son retour :
Au gré de leurs désirs cette tête s'agite,
S'élève en tourbillon, tourne & se précipite ;
Toujours infatigable, elle excite leurs cris,
Et l'élément ému retentit de leurs cris.
En faveurs de ce Jeu calmant leur violence,
Les Autans déchaînés s'arrêtent en silence ;
Ils ont moins respecté le nid de l'alcion,
Les cheveux d'Adonis ou ceux d'Endimion.


Ariel voit de loin la découverte heureuse

Que procure à sa Cour sa main industrieuse ;
Mais il ne borne point les projets bienfaisants
À garder pour eux seuls ces plaisirs innocents ;
Bientôt il fait connaître à la Race mortelle,
Et le Jeu du Volant, & les, biens qu'il recèle.

Ainsi fut transformé celui qui jusqu'à alors
Avait du Peuple injuste essuyé les transports :
Dans ce nouvel état il n'est plus inutile ;
Il ouvre au cœur humain une école fertile.
Le Jeu qu'il a fait naître invite à des plaisirs
Que ne suivent jamais, ni remords, ni soupirs :
Mais le vrai Philosophe y découvre autre chose ;
Il voit le Petit-Maître & sa métamorphose ;
Il abjure l'orgueil ; il ne méprise rien.
Tout peut être fécond & produire le bien.

Courage… À vous… Encore…
À ce reste... Sans plus.
Source : Gallica-BnF — Ici

 

« Le Volant et l'Enfant » (1822)
M. Le Franc
in Armand Gouffé (1775-1845), Les Jeux des Jeunes Garçons, Représentés en 25 gravures à l'aqua-tinta, d'après les dessins de Xavier Le Prince, avec l'explication détaillée des règles de chaque jeu ; accompagnés de fables nouvelles par MM. Le Franc, Armand-Gouffé, etc. et suivis d'anecdotes relatives à chaque jeu , Paris, Librairie Nepveu, 1822, pp. 44-45

« Il est bien que l'enfance entreprenne et qu'elle ose ;
Mais en tout l'excès n'est pas bon.

Monsieur Fanfan sait prendre un papillon,
Et croît n'ignorer nulle chose ;
A l'entendre surtout c'est au jeu de Volant

Qu'il est savant.

— Voyons un peu cette haute science,
Dit le grand-oncle, fin joueur.

Une salle est choisie ; en place chaque acteur,
Et la partie enfin commence.
Au premier coup le Volant est à bas :
C'est qu'il faut être prêt ; Fanfan ne l'était pas ;
Au second le jour l'incommode.
— Changeons. — Même succès. — D'après votre méthode
J'ai voulu jouer, voyez-vous ;
Je le ferai, s'il vous plaît, à ma mode,
Et je suis sûr de tous mes coups.
— Oh ! pour cela liberté tout entière.
Mais quoi, l'oiseau-bouchon n'en va pas moins à terre !
— Convenez-en, il est trop fort aussi
Pour aller comme il faut ici. —
Au liège épais un plus léger succède.
La raquette est bien lourde à présent. — Qu'on me cède
Celle-ci. — Quoi ? — La vôtre, et je vais vous lasser.
— La voici. — De son mieux il guette
Le Volant, qui s'en vient passer
Au beau milieu de sa raquette.
Il regarde, ô surprise ! et ne voit au cerceau
Pas un cordeau.
— Quoi ! c'est avec ce bois... — Hé oui vraiment ! Écoute :
De son talent joueur qui doute
Ne donne pas dans le panneau. »
 

Source : Gallica-BnF - Ici

Gravure de Xavier Le Prince, reproduite dans Armand Gouffé,
Les Jeux des Jeunes Garçons, Représentés en 25 gravures à l'aqua-tinta, Paris, Librairie Nepven, 1822
Source : Gallica-BnF, en cliquant Ici


    On retrouve cette fable, signée L. F., dans une édition non datée, portant la mention « quatrième édition, considérablement augmentée », très certainement postérieure à celle de 1822.

    Nous la reproduisons ci-dessous ainsi que l'illustration l'accompagnant :

Estampe publiée dans : Cahier de Dessin, représentant les Jeux de l'Enfance et de la Jeunesse,
avec une explication et une devise morale. Cahier Jeux des Garçons
,
Paris, chez Nepven Libraire, Vers 18.., pp. 23-24
Disponible sur Gallica BnF en cliquant Ici - Lien illustration Ici

 

« L'Enfant et le Volant » (1822)
M. l'Abbé Joseph Reyre (1735-1812)
Le fabuliste des enfans et des adolescens, ou Fables nouvelles pour servir à l'instruction et à l'amusement de la jeunesse ;
avec des notes propres à en faciliter l'intelligence [...],

Lyon, Librairie Risand et Paris, Librairie Ecclésiastique, pp. 171-172, 1822
Source : Gallica-Bnf, en cliquant Ici

« Dans l'art de jouer au volant
Un enfant encore novice,

Faute d'usage et d'exercice,
Le dirigeait si gauchement,
Qu'au lieu de le pousser en l'air, pour l'ordinaire
Il le faisait tomber à terre.
Tout autre en eût été honteux ;
Mais notre petit orgueilleux,
Loin d'avouer sa maladresse,
Au volant s'en prenait sans cesse ;
Et l'accablait souvent de traits injurieux.
Celui-ci ne put surmonter ses injures ;
Et répondant un jour à ses paroles dures :
Tu me traites, dit-il, de maladroit, de sot,
Quand, au lieu de voler, je fais chutes sur chutes :
Mais n'est-ce pas de toi que me vient ce défaut,
Qu'à tort si souvent tu m'imputes ?
Tu me diriges mal, puis-je aller comme il faut ?
Tu me pousses en bas, puis-je monter en haut ?
Non, non. Et cependant voilà comme vous êtes,
Vous autres, messieurs les enfans ;
Toutes les fautes que vous faites,
Vous en chargez autrui, pour paraître innocens ;
Mais vous ne paraissez qu'injustes et méchans (I). »

(I) Ce que l'on dit ici est très-vrai. La plupart des enfans croient pouvoir
se justifier et se disculper en rejetant leurs fautes sur autrui.

Ils feraient mieux de les les avouer et de s'en corriger.

 

« La Gouvernante » (1739)
Bernard Lépicié
(d'après le tableau de Jean Siméon Chardin, « La Gouvernante »)

« Malgré le Minois hipocrite
Et l'Air soumis de cet Enfant

Je gagerois qu'il prémédite
De retourner à son Volant »

 

Gravé par Lépicié 1739, d'après le tableau de Jean-Siméon Chardin, « La Gouvernante »
Gravure sur papier — 322 x 268 mm
Inscription : « L e Tableau Original est dans la Cabinet de Mr. le Ch. Despuechs.
A Paris chez L. Surugue, Graveur du Roy ruë des Noyers vis a vis le mur St Yves. Avec Privilege du Roi.
»
© Bibliothèque Nationale de France (disponible sur Gallica-BnF : Ici)

 

Sans titre (1742)
Bernard Lépicié
(d'après le tableau de Jean Siméon Chardin, « La Fillette au volant », 1737)

« Sans souci, sans chagrin,
tranquille en mes désirs ;

Une Raquette et un Volant
forment tous mes plaisirs. »

Bernard Lépicié - Fillette au volant

Gravé par Bernard Lépicié 1742, Gravure sur papier
d'après le tableau de Jean Baptiste Siméon Chardin, « La Fillette au volant »
Inscription sous le poème : « A Lyon chés Gentot rue Merciere »
© British Museum - Ici.

« Le Volant debout et assis » (1825)
Pierre-Antoine-Augustin, Chevalier de Piis
Les Petits jeux innocens. Tableaux gracieux lithographiés par Aubry
Les petites scènes, rondes, airs nouveaux avec la musique sont de Mr le Chevalier De Piss

Paris, Augustin Le Grand, Éditeur
(Source : Kulturenbe Niedersachsen, en cliquant Ici)

« Gloire au volant,
qui bondit sur la raquette,

Et dont l'élan,
Turbulent
Fait valoir le plumet blanc !.

Quant au volant
Vacillant,

Qu'en baillant
On attend
Sur sa banquette,
Je le déclare indolent,
Et vraiement
Bon à laisser sur le flanc...
»

[...]

« Sur le rézeau,
Sur le rézeau,

Qui le lance au sein de la nue,
Sa chute libre et continue,
Jamais en rien ne l'exténue :
C'est un oiseau,
C'est un oiseau.
»

    Cette chansonnette est extraite d'une scénette (voir reproduction ci-dessous) à la gloire du volant debout — soit du jeu du volant —, un divertissement décrit comme plus éprouvant que le volant assis — ou jeu dit de « l'entonnoir à volant » (encore appelé « jeu du cornet »), qui d'ailleurs ne se pratiquait pas qu'assis... Dans ce jeu qui « se joue comme le volant ordinaire », la raquette était « remplacée par une sorte d'entonnoir placé au bout d'un manche assez long ». Lancé d'un vif coup de poignet, le volant devait être envoyé « assez haut pour qu'il retombe plus droit et soit plus facile à recevoir » dans l'entonnoir (ou le cornet) de la partenaire. (Cf. Louis Harquevaux et L. Pelletier, 200 Jeux d'enfants en plein air et à la maison , Paris, Librairie Larousse, 1893, 5ème édition, p. 23. Disponible sur Gallica BnF)
 

Lithographie de Pierre Langlumé (1790-1890), in Les petits jeux innocens [...] de Mr le Chevalier De Piss, 1825.
Source de l'image : Kulturerbe Niedesachsen - Ici

Source : Kulturerbe Niedesachsen - Ici

Illustration extraite de l'ouvrage de Henry René d'Allemagne, Sports et Jeux d'adresse, Paris, Hachette, 1903
D'après une lithographie de Pierre Langlumé, représentant deux couples jouant au jeu du volant et, au centre,
un couple s'exerçant (debout !) au jeu de L'entonnoir à volant (ou Jeu du cornet)
Dimensions de la page 24 x 32 cm — Dimensions de l'image : 13 x 21 cm
© Collection Jean-Jacques Bergeret (Commission Culture FFBaD)
Illustration disponible sur Gallica-BnF : Ici

 

« Le Volant » (1929)
Doëtte Angliviel
Jeux au Jardin. Poèmes , Toulouse, Éditions de l'Archer, 1929
republié dans L'Archer, n°1, 1er février 1929 (Toulouse), p. 64
(Source : Gallica-BnF - Ici)

« Ton volant trace, Bérénice,
Sa trajectoire dans l'azur,

Cerclant la lune, son vol pur,
Avec le météore glisse.

N'est-ce qui prit son duvet blanc
A la colombe, ô jouvencelle,

Ton rêve qui se pare d'ailes
Pour illustrer le firmament ? »
 

« Moralité sur le Volant » (1820)
Pannard
In Mlle Saint-Sernin (institutrice), Les Jeux des Jeunes Demoiselles
ou Historiettes Morales relatives aux jeux de l'enfance et de l'adolescence , Paris, 1820, p. 18
(Source : Gallica-BnF - Ici)

« Raison, Tous les jours tu nous traites
Comme un volant que les enfans

Font aller avec deux raquettes,
Pour leur servir de passe-temps.
Tu nous ballottes, tu nous lasses ;
Nous te servons de vrais joujoux.
Quand nous tombons, tu nous ramasses,
Pour te jouer encor de nous »

 

« Une partie de volant » (1847)
Paul Juillebat
In Revue Étrangère de la Littérature, des Sciences et des Arts, Tome soixante-et-unième,
Saint-Pétersbourg, Chez Fd. Bellizard et Cie, Libraires-Éditeurs, 1847, p. 70-74
(Source : Gallica-BnF en cliquant Ici)

Chromo publicitaire, Au Bon Marché (Paris), dimension115 x 75 mm, Collection particulière


« L'autre jour, s'escrimaient deux joueurs de volant ;
L'un se montrait expert, et son bras vigilant
Parvenait à lancer, sans effort inutile,
Dans l'abîme de l'air le léger projectile ;
L'autre, d'un caractère ou timide ou gourmé,
Laissait à chaque instant choir le liège emplumé.
Autant l'un déployait d'agilité coquette
À diriger les coups précis de sa raquette,
Autant l'autre semblait, allié peu dispos,
En maniant la sienne aspirer au repos.
Rien n'est contagieux autant que l'apathie ;
Le découragement se mit de la partie,
Et, crispant à son gré muscles, fibres et nerfs,
Sépara brusquement les malheureux partners.

Ce qu'ont fait ces joueurs, que de fois vous le faites,
Vous, artiste et public, dans vos communes fêtes !
Que de fois l'on a vu la froideur du second
Glacer l'autre et tarir son enjouement fécond ;

[...] »

La suite de cette poésie sur Gallica BnF : Ici

 

« Les Deux Écureuils et le Lapin » (1832)
Étienne Azéma [1776-1851]
Fables et poésies diverses , Fable XXIV, Paris, Dondey-Dupré Père et Fils, 1832, pp. 46-47. Source gallica.bnf.fr / BnF : Ici . Réédité dans Œuvres poétiques. Nouvelle édition revue et augmentée, Paris, Ernest Leroux, 1877, p. 39-40.
Source gallica.bnf.fr / BnF Ici .

 

« Making the feathers fly »
Cartes Postale illustrée, Angus Clifford Racey Helps (1913-1970), début années 1960
© The Medici Society Ltd. London

« Deux écureuils jouaient entre eux,
Un Lapin regardait. Armés d'une raquette,
Vis-vis l'un de l'autre ils se placent tous deux,
L'aîné prend un volant, à son cadet le jette ;
Celui-ci le renvoie, et le volant poussé
D'une main habile et légère,
Allait, venait, toujours chassé,
Mais ne tombait jamais à terre.
Les deux pattes en l'air, notre petit Lapin
Riait, sautait, pleurait de joie,
Enfin n'y tenant plus il dit à l'un : Cousin,
Souffrez aussi que je l'envoie.
— Très volontiers, cousin ; et le drôle à l'instant
Se trousse de son mieux, et gravement se place.
Une jambe en arrière, immobile, il attend
Qu'à sa main le globe ailé passe.
Il s'apprête, il le suit de l'œil ;
Et lançant la raquette et volant tout ensemble,
Casse le nez à l'Écureuil.
Le sang coule, le Lapin tremble.
— Faisons grâce, dit l'autre, à notre ami Jeannot.
Il ne l'a pas fait par malice.
Son naturel est bon, mais sa patte est novice,
Et c'est, je crois, son seul défaut.
— Soit. Mais je ne veux pas que Jeannot recommence.
Son jeu nous deviendrait fatal.
Mon frère, souviens-toi qu'un sot, par ignorance,
Peut très-innocemment nous faire un très-grand mal.
»

 

Sans titre — publié dans La Lanterne Magique (Vers 1880)
signé L. Levoisin (pseudonyme de Jules Girardin, 1832-1888)
Avec les dessins de Kate Greenway, Paris, Hachette et Cie, p. 33.

J. Levoisin, La Lanterne magique, avec les dessins de Kate Greenway, Paris, Hachette et Cie, p. 33.
Source : Gallica BnF, en cliquant Ici

 

« La Raquette et le volant » (1880)
Paroles de Amédée Burion — Musique de Frédéric Wachs
(Partition intégrale, fournie par Bru Zane Mediabase
Ressources numérique de la musique romantique française)

© Bru Zane Mediabase - Ressources numérique de la musique romantique française

Le Volant : Que fais-tu là, dame Raquette ?
Oses-tu bien, le regard fier,
Comparer ma plume coquette
Avec ton lourd treillis de fer ?


La Raquette : Ah ! loin de moi cette pensée !
Puis je ignorer, gentil Volant,
Que par toi je suis distancé,
Que ton mérite est éclatant ?
Alors, ici que viens-tu faire ?
Ailleurs est tout aussi bien.
S'il faut m'en aller pour te plaire,
Indique moi par quel moyen.


Le Volant : Vit-on jamais pareille audace ?
Suis-je chargé de ce soin-là ?

La Raquette : Mais, que faut-il donc que je fasse ?
Détaler vite et puis, voilà !...


(Ensemble) : Le Volant : N'ai je pas la vitesse
Des vents et de l'éclair,
La grâce enchanteresse
Des habitants de l'air ?
J'ai l'aimable élégance,
Les ailes de l'oiseau ;
Quand là haut je m'élance,
Chacun dit : qu'il est beau !

La Raquette : J'admire ta vitesse,
Ton élan doux et fier,
Ta grâce enchanteresse,
Noble habitant de l'air.
Devant ton élégance
Et tes ailes d'oiseau,
Je m'incline en silence,
Puis je dis : qu'il est beau !

La Raquette (récit) : Mais, un seul mot...

Le Volant : Fi ! Raquette narquoise,
Je n'aime point que l'on soit indiscret.
Pour quelle cause, ami, me chercher noise ?
Moi, ton ami !


La Raquette : Pour quoi pas, s'il te plait ?

Le Volant : Eh ! parle donc !

La Raquette : Dis-moi, Volant superbe,
Si tu pourrais tout seul prendre l'essor ?
À mon côté, triste, couché sur l'herbe,
D'un malheureux tu partages le sort


Le Volant : Pour la chose est claire :
Tu me fais la leçon !
Me prends-tu donc, ma chère,
Pour un petit garçon ?


La Raquette : Voyons ! sois de bon compte ;
Réponds à l'argument.


Le Volant (à part) : De ce qu'elle raconte
Je suis saisi vraiment.


La Raquette : Eh ! oui, du seul bras qui nous lance
Nous empruntons notre valeur.


Le Volant : C'est pourtant vrai !

La Raquette : De ton silence
Moi je prends acte,
Mon seigneur...


Le Volant (un peu retenu) : Pardonne-moi !
Je vois moi même que je n'étais qu'un orgueilleux.


La Raquette : Te pardonner ! puisque je t'aime,
Unissons-nous...


Le Volant : Ça vaudra mieux...

(Ensemble) Le Volant : Oui, si j'ai la vitesse,
Le vol aérien,
Humblement je confesse,
Que seul, je ne suis rien :
Je dois mon élégance
Et mon vol triomphant
À la toute puissance
D'un petit bras d'enfant.

La Raquette : J'admire ta vitesse,
Ton vol aérien,
Ta gloire m'intéresse,
Ton bonheur est le mien :
Toi, tu dois l'élégance,
Moi mon rôle vaillant
À la toute puissance
D'un petit bras d'enfant.

 

« La Raquette » (1899)
Poésie de Camille Legrand — Musique pour piano de Henri Cieutat
(In Chansons Enfantines, Supplément Musical de L'Illustration, Numéro de Noël 1899-1980)


Comme un oiseau nonchalant,
En l’air, plane le volant.
Volant, vole !
Volant, vole !
Il va, vient et rebondit
Sur la raquette, sans bruit.
Volant, vole !
Volant, vole !

Refrain

Vole volant
Sur la raquette,
Garçon turbulent
Et douce fillette,
Faîtes sauter adroitement.
Faîtes sauter sur la raquette,
Faîtes sauter le volant !

II

Fillettes au front bouclé,
Madame a le dos tourné
Volant, vole !
(bis)
Elle ne peut pas vous voir :
Jouez, jouez jusqu’au soir,
Vola
nt, vole ! (bis)
Au refrain.

III

Enfants à l’œil innocent
Venez jouer au volant
Volant, vole ! (bis)
Il redescend chaque fois
Frappez-le, soyez adroits.
Volant, vole !
(bis)
Au Refrain

IV

Vos yeux brillent de plaisir,
Le jeu vous a fait rougir.
Volant, vole ! (bis)
Amusez-vous, sans souci :
Toujours trop tôt vient l’ennui.
Volant, vole !
(bis)
Au refrain


« Le volant » (1934)
Vers de Francine Franc-Nohain
(in Marie-Madelaine Franc-Nohain, Jeux, Paris, Tour Mason Mame, 1934)

 

Marie-Madelaine Franc-Nohain (illustration de), Jeux. Avec des vers de sa fille Francine,
Paris, Tour Mason Mame, 1934 — Source : Gallica BnF

 

« Jeux innocents — Le volant » (vers 1911)
Poème de A. Gaboriaud

« D'une main gracieuse et sûre.
Le volant par vous rejeté
Semble un papillon enchanté
Allant avec désinvolture
D'une fleur de toute beauté
À l'autre plus belle et plus pure.
»

Carte Postale — Éditeur/Photographe : Bergeret et Cie,
datée année 1911 — Série de 10 cartes consacrées aux « Jeux innocents »

 

« Le Jeu Du Volant » (1866)
Poème d'Émile La Rivière
« L'homme, cet être immortel, n'est qu'un Volant
que le vin et les femmes se renvoient comme des raquettes.
»
Tobie.

« Le soleil inondait la nue
De ses rayons incandescents ;
La source tarie, éperdue,
Pleurant en vain ses flots absents,
Expirait dans son lit de marbres ;
La tourterelle gémissait.
Le coucou chantait dans les arbres
Et le genêt d'or fleurissait.

Haletant, la tète embrasée,
Je m'assis sous les peupliers,
Appelant en vain la rosée
Et la brise par les halliers...
Et je vis deux folles fillettes,
L'une blonde comme les blés,
L'autre brune — de leurs raquettes
Armant leurs doigts blancs, effilés.

Joyeuses, chantant une ronde,
Elles approchent, l'air vainqueur ;
L'une d'elles, c'était la blonde,
En riant alors prend mon cœur
Et, le posant sur sa raquette,
Hélas ! commence un jeu méchant :
Elle l'envoie à la brunette
Qui le lui renvoie en riant.

Le soleil inondait la nue,
Le coucou chantait dans les bois,
Et le jeu cruel continue
Aux éclats de leur fraîche voix...
Enfin, mon pauvre cœur retombe
Saignant et meurtri sur le sol :
Elles s'en vont, et je succombe...
— Pleure sur moi, doux rossignol !
»

Émile La Rivière, in Églantines et chrysanthème, Paris, Librairie Centrale,1866, pp. 149-150.
Source : Gallica-BnF, en cliquant Ici.

 

« Le Volant » (1914)
Paroles et musique d'Émile Ratez


« Par les raquettes élastiques
Le volant lancé vivement

En ses courbes paraboliques
Traverse l'air joyeusement
Il bondit, il vole, il scintille
Il court dans ses folles ardeurs
De jeune fille en jeune fille
comme un papillon sur des fleurs. »

Émile Ratez (1851-1934), Compositeur. « Le Volant »
Jeux d'Enfants. Six Mélodies avec accompagnement de PIANO , Paris, Éditions Maurice Senart & Cie, 1914
Source Gallica BNF - Ici - Lien direct partition : Ici

 

« Les Poupées » (années 1900)
Auteur Inconnu

« Je tiens en main une raquette
Et je ris d'un rire vainqueur
J'en vais jouer, folle et coquette
Avec, pour volant, votre cœur !
»

Carte postale — Collection Liliane Thuillier

 

« Avec toi » (années 1900)
Auteur Inconnu

« Avec toi jouer au volant
C'est bien joli, c'est amusant,
Mais la chose que je préfère
C'est l'innocence de ton beau cœur
»

Carte postale vers 1900 — Dimension : 8,5 x 13,5 cm — Collection particulière

 

« Le volant sera mon baiser »
(Amourette en 5 actes sur Cartes Postales)

« 1 — Si tu veux, pour nous amuser
Cousin, jouons à la raquette.

2 — Le volant sera mon baiser
Reçois le premier que je jette.

3 — Mais il me faut le renvoyer
Cousine ce si doux baiser

4 — Or moins habile à le lancer
Je demande à me rapprocher.

5 — Car qu'au but ce volant touche
Il faut le lancer... bouche à bouche
»
 

Série de 5 Cartes postales colorisées (existe également en sépia) — Début XIXème

 

« Le Bécot ! »
(scénette en 6 actes sur Cartes Postales)

« 1. — Attention ! Cinq..... six.....
Sept, huit. Tiens donc mieux ta raquette.....

2. — Nous battrons le record..... Neuf, dix.....

3. — Dix-neuf..... vingt. Va toujours Suzette.

4. — Vingt-et-un..... le voilà.....

5. — Quel horrible taquin,
Pourquoi nous arrêter ! Tiens, voilà pour ta peine !

6. — Allons, un gros bécot à ce pauvre cousin.
Après la peine, vient la veine !
»
 

Séries de 6 cartes postales (existe aussi en noir et blanc) — Début XIXème — Collection Michel Prévot

 

« Le Badminton » (1988)
Paroles : Alain Aurenche — Musique : Alain Aurenche et Alain Bréhéret

1er couplet
« Son papa colonel aux lanciers du Bengale
Travaillait sabre au clair à la gloire d'Albion
Et pendant ce temps-là, à l'abri des bastions
Mademoiselle enfant en tenue coloniale
Sur un coin de gazon obtenu à grand peine
En caressant du stick les sueurs indigènes
Quand venait l'heure du thé, jouait au badminton

Refrain
Ah ! le joli volant qui plane dans l'azur
Quoi de plus attrayant
Quoi de plus distrayant
Quoi de plus amusant
Quoi de plus excitant
My Good ! Quoi de plus important
C'est sûr...
»

Pour découvrir les autres couplets : Ici

 

« Une partie de volant » (1847)
Poème de Paul Juillerat
Publié dans L’Artiste. Revue de Paris. Beaux-Arts et Belles-Lettres,
IVème série, Tome VIII, 1847, p. 141-142.
(Source : Gallica-BnF, en cliquant Ici)

« L’autre jour, s’escrimaient deux joueurs de volant;
L’un se montrait expert, et son bras vigilant
Parvenait à lancer, sans effort inutile,
Dans l’abîme de l’air le léger projectile;
L’autre, d’un caractère ou timide ou gourmé,
Laissait à chaque instant choir le liège emplumé.
Autant l’un déployait d’agilité coquette
À diriger les coups précis de sa raquette,
Autant l’autre semblait, allié peu dispos,
En maniant la sienne aspirer au repos.
Rien n’est contagieux autant que l’apathie;
Le découragement se mit de la partie,
Et, crispant à son gré muscles, fibres et nerfs,
Sépara brusquement les malheureux partners.

Ce qu’ont fait ces joueurs, que de fois vous le faites,
Vous artiste et public dans vos communes fêtes !
Que de fois l’on a vu la froideur du second
Glacer l’autre et tarir son enjouement fécond ;
Et, tandis qu’animé d’une ardeur méritoire,
Le premier adressait à tout un auditoire
Soit quelques nobles vers, soit quelques chants hardis,
Faits pour être écoutés, faits pour être applaudis,
Que de fois chants et vers, beaux volans artistiques
Qu’auraient dû recevoir mille mains sympathiques,
Que de fois, à défaut d’un accueil amical,
S’est brisé votre essor lyrique et musical!
Aussi presque partout, lorsqu’ils sont en présence,
L’artiste et le public perdent-ils toute aisance,
Et l’ennui, ce cousin germain du spleen, vient-il
Les abreuver tous deux de son opium subtil.

Mesdames, vous des arts puissant aréopage,
Vous devez arrêter le mal qui se propage,
Et ne l’essayez point par manière d’acquit,
Car de vos froids dédains ce mal un jour naquit.
Oui, vraiment, si la muse heureuse du poëte
En face de la foule est souvent inquiète ;
Si le conteur verveux sent faiblir son entrain ;
Si le pianiste, aux doigts de velours et d’airain,
Hésite par moment et se trompe de touche ;
Si la gêne et la peur ferment soudain la bouche
Au chanteur qu’à bon droit pourtant vous préférez,
En sorte qu’il n’a plus les imprenables rés
Qui le placent au rang de nos chanteurs d’élite ;
Oui, mesdames, si l’art, ce roi cosmopolite
Que devrait festoyer le globe intelligent,
Passe après ce vilain que l’on nomme l’argent
Et qui courbait le dos jadis chez vos aïeules,
La faute en est à vous, mesdames, à vous seules
Qui ne réservez pas à l’artiste, au rimeur,
De vos plus doux égards l’adorable primeur.

Croyez-vous donc qu’au temps de la chevalerie,
Dans cet âge de fer que le nôtre injurie,
Ces éminens seigneurs, comtes, princes, barons,
Ces preux qui tous avaient gagné leurs éperons
Par des exploits si grands qu’ils tiennent de la fable,
Sans l’aimant merveilleux d’un regard ineffable
Qui pour eux allégeait le fardeau du harnois,
Croyez-vous qu’ils auraient voulu, dans maints tournois,
Jouer leur existence et leur gloire princières ?
Non ! — Eh bien ! imitez un peu vos devancières ;
Sur les musiciens comme sur les rêveurs,
Mesdames, répandez d’innocentes faveurs ;
Agissez envers eux, dans les salons de moire,
Tout comme aux carrousels, de galante mémoire,
Les dames agissaient envers les combattans,
Et tenez pour certain qu’avant qu’il soit long-temps,
Odes, stances, chansons, touches et chanterelles
Feront assaut de verve et d’harmonie entre elles,
Qu’en un mot les rêveurs et les musiciens
Partout se montreront dignes des preux anciens.

Cependant, vu qu’en tout l’excès est une faute,
Sachez faire à propos justice basse et haute,
Et n’allez point, par trop d’indulgence de cœur,
Traiter le vaincu faible à l’égal du vainqueur.
Pour que votre ascendant progresse et se conserve,
Ne vous écartez pas d’une sage réserve,
Jugez avec prudence, et proportionnez
La louange aux plaisirs qui vous seront donnés.
Même envers la musique, envers la poésie,
Mesdames, n’ayez point d’aimable hypocrisie ;
Ne vous efforcez pas d’enfler un compliment
Que votre, conscience atténue ou dément ;
Dans le monde soyez aussi simples et franches
Que les oiseaux du ciel dans leurs boudoirs de branches,
Et ne payez jamais d’un signe approbatif
Ce qui vous paraitra malséant ou chétif :
C’est compromettre l’art qu’être, ses Don Quichottes.

Mais puisqu’assurément loin de naître manchottes,
Mesdames, vous avez, c’est reconnu, des mains
Blanches a rendre fous des sénateurs romains,
Dès qu’un rhythme nerveux, dès qu’une forte image
Charme votre silence et nous en dédommage,
Que d’une habile voix l’électrique pouvoir.
Captive votre oreille et vient vous émouvoir,
Qu’une strophe éthérée ouvre, en chantant, son aile,
Que d’un boléro neuf la folle ritournelle
Voltige autour de vous comme un sylphe ingénu,
Dès qu’un vers saisissant, qu’un motif bien venu,
Vous fait battre le cœur sous votre frais corsage,
Arrêtez, saluez ces hôtes au passage ;
Qu’un éclair extatique à vos fronts si charmans
Luise, y faisant pâlir les feux des diamans ;
Foulez toutes aux pieds cette étiquette vaine
Qui de, l’expansion comprime à tort la veine,
Et, dussent vos gants blancs en être tout froissés,
Applaudissez long-temps, long-temps applaudissez.
Des regards dédaigneux, des visages sévères,
Paralysent l’élan des modernes trouvères ;
L’amitié d’un Crésus et les sacs de son or
Moins qu’un de vos bravos exaltent un ténor,
Et tout artiste-né reste encore anathème

Ah! n’oubliez jamais lorsque, soir ou matin,
Troupe aux armures d’or, de gaze et de satin,
Vous assiégez gaiment le velours des banquettes,
Que vos mains sont toujours les meilleures raquettes
Où puisse rebondir le magique volant
Jeté dans le public par l’homme de talent,
Et que, sans le secours de leur vigueur musquée,
Indubitablement la partie est manquée.
Bien que plus d’un mot vif ait pu vous rudoyer,
N’en accueillez pas moins cet humble plaidoyer
Avec une douceur qui n’ait rien de factice ;
Faites pour aujourd’hui grace et non pas justice,
Mesdames, et daignez, tribunal délicat,
En faveur de la cause absoudre l’avocat.

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