Publicités et essor du badminton (1911 - 1926)
Au XIXème siècle, la révolution industrielle a créé une intensification des échanges commerciaux, et par là même a entrainé le développement de la publicité. Celle-ci a suivi l’évolution de toutes les pratiques sportives et pour ce qui concerne le badminton elle a dû faire valoir les qualités et les progrès techniques du matériel, en particulier les volants et les raquettes. Quand le Badminton a commencé à se répandre, et que les compétitions se sont multipliées (on passe d’une cinquantaine de clubs en 1900 à 320 en 1911) cet engouement a stimulé la recherche pour mettre au point des volants et des raquettes qui répondent aux besoins de joueurs dont le niveau s’améliorait constamment. Ces publicités reflètent fidèlement les tendances et les changements d’un jeu qui après plusieurs dizaines d’années commençait à révéler tout son véritable potentiel sportif, constitué d’une alternance de coups joués en finesse et de frappes violentes. Les fabricants ont dû s’adapter à ces exigences pour répondre à la demande d’une clientèle d’autant plus intéressante qu’elle était en pleine expansion. Cela se traduit par l’éclosion de nouvelles marques qui toutes doivent trouver le bon argument de vente qui suivra le dernier cri tout en y apportant une touche originale séduisante, les distinguant de la concurrence.
PLUS DE COMPÉTITIONS ET DE JOUEURS À la fin du XIXème siècle, des pionniers du badminton se réunirent régulièrement pour affiner les règles du jeu, (en1877, 1887 et 1890) et préparèrent ainsi le terrain pour la constitution en 1893 de la Badminton Association : Le grand succès du tournoi de Guildford en 1898 révéla l’enthousiasme grandissant pour ce genre de compétition et contribua à la création du All England l’année suivante. La vogue était lancée et dans les années suivantes on constate l’apparition de nombreux tournois de Comtés qui sont déjà une dizaine en Angleterre avant 1910. Cette évolution correspond à la croissance rapide du nombre de clubs affiliés. Entre 1900 et 1905 le nombre de clubs affiliés a quadruplé, il passe de 50 à 200, et au moment de la publication du livre de Massey, en 1911 il atteint 320, de quoi fournir aux fabricants de matériel une quantité croissante de clients potentiels et la presse s’intéresse davantage aux compétitions. |
En 1911 le livre de Stewart Marsden Massey [1] , qui est le premier à aborder en détail le développement du Badminton, ouvre ses pages à de nombreuses publicités liées au commerce prometteur de ce sport et nous livre ainsi un précieux instantané sur l’évolution du matériel.
Après sa création en tant que sport le Badminton a mis quelque temps avant d’inspirer des auteurs qui décrivent les différents aspects du jeu et de son développement. Ce n’est qu’au début du XXème siècle qu’apparaitront, outre-Manche des ouvrages sérieux publiés, le plus souvent, par des grands noms du Badminton.
Si, en 1903, la championne du moment, Muriel Lucas [2] , signe quatre pages illustrées par de belles photos dans l’imposant recueil Sports of The World de F. G. Aflalo, il faut attendre 1911 avec la publication du livre de Massey [3] , sobrement intitulé Badminton, pour qu’apparaisse de la publicité dans un livre entièrement dédié à ce sport. Cet ouvrage est d’autant plus intéressant que c’est l’un des premiers à se consacrer longuement au matériel, à la technique et à la tactique, aux compétitions et au développement du jeu dans les îles Britanniques ainsi qu’en France[4]. Y figurent, pour ce qui retient notre attention, une douzaine de publicités réparties entre le début et la fin de l’ouvrage. Elles sont particulièrement intéressantes car elles nous permettent de mesurer la popularité du jeu et surtout, grâce aux illustrations, de découvrir, un peu comme dans un musée, une grande variété d’articles liés à l’essor du Badminton, à l’évolution de son matériel ainsi que divers objets qui l’accompagnent. Autant de véritables vestiges d’un temps révolu, dont il est aujourd’hui difficile de dénicher ou d’admirer des exemplaires [5] .
LES PREMIÈRES GRANDES COMPÉTITIONS INTERNATIONALES Après le All England fondé en 1899 d’autres championnats internationaux vont suivre dans les îles Britanniques puis sur le continent Européen : Ce sera d’abord à Dublin, en Irlande à partir de 1902, puis suivront l’Ecosse en 1907 (joué à Glasgow ou à Aberdeen) et la France à Dieppe, en 1908. Les Internationaux de France s’arrêteront en 1913 avec la Guerre Mondiale, et ne reprendront qu’en 1934 à Paris. |
Ainsi les images et quelques détails fournis par ces publicités permettent d’avoir une bonne idée des caractéristiques de ces objets, de leur originalité, et des évolutions techniques de l’époque.
La plupart de ces articles et prestations mis en valeur dans ces pages peuvent être réunis en quatre grands groupes : tout d’abord des publications sportives, puis de marchands de trophées, des vendeur de raquettes (qui retiendront plus particulièrement notre attention) et de leurs collègues, plus généralistes, qui distribuent également des volants ainsi que le nécessaire pour «monter» un terrain.
The All England Series and The Badminton Gazette
Concernant les publications sportives : deux pages sont consacrées aux ouvrages publiés par l’éditeur du livre de Massey, Bell & Sons Ltd., dans la collection intitulée The All England Series (Voir Annexe 11). La grande diversité de sports présentés montre déjà l’importance que prennent les pratiques sportives dans les îles Britanniques, y compris les sports d’hiver. Près d’une trentaine de disciplines sont abordées et le fait que des livres leur soient entièrement consacrés démontre la place vitale prise alors par le sport en Grande-Bretagne. Certes, aucun d’entre eux ne traite de Badminton, mais c’est un peu le rôle du livre de Massey de combler ce manque. Le Badminton y est d’ailleurs largement mis en avant par l’annonce, sur une pleine page, de la publication de The Badminton Gazette, organe officiel depuis 1907 de la Badminton Association [6] dont Massey fut le premier rédacteur en chef. Ce magazine qui suit toute l’actualité du badminton parait indispensable pour être bien informé sur les compétitions, les joueurs de l’époque et le reste de la vie de cette jeune fédération qui s’investit même au-delà de ses «frontières» [7].
Medals, Badges, Shields and Spoons
La deuxième catégorie envisagée fait l’objet d’une seule annonce qui occupe néanmoins toute une page : celle de l’entreprise Elkington qui fabrique toutes sortes de trophées et de récompenses et tient des commerces pour les distribuer à Londres ainsi que dans cinq des plus grandes villes d’Angleterre et d’Écosse (Voir reproduction en Annexe 10). Elle propose principalement des médailles, des coupes et des trophées variés, et deux récompenses rarissimes en France, des petites cuillers en argent, destinées aux organisateurs ou aux sportifs mais aussi des «boucliers», sortes de plaques de métal gravées montées sur une pièce de bois en forme d’écusson, pouvant servir de récompense à une compétition plusieurs années consécutives en se transmettant du vainqueur de l’année précédente au vainqueur de l’année suivante.
Shuttlecocks and Rackets
On en arrive au groupe le plus important qui comporte l’essentiel du matériel de jeu : les volants et les raquettes. Le livre de Massey est particulièrement intéressant à ce sujet, car publié à une époque importante dans l’évolution du matériel aussi bien pour les volants que pour les raquettes.
Source de l'image : Geoff Hinder, «Barrel Shuttlecocks»
Si le volant de type «barrel» (tonneau en anglais) mentionné dans la publicité Gamages (Voir Annexe 8 et illustrations ci-dessous) était alors souvent utilisé, son vol était loin d’être régulier et satisfaisant. Aussi, en 1910 les organisateurs responsables du All England décidèrent d’homologuer pour leur championnat le volant «straight» (droit) fabriqué par l’entreprise F. H. Ayres qui justement occupe une place de choix dans le livre de Massey, puisqu’elle apparait dès son ouverture, imprimée au verso de la couverture (Voir Annexe 1). Impossible dès lors de ne pas la voir. À noter que ses plumes sont renforcées par une suture à mi-hauteur, et par une seconde à leur base tandis que sa forme annonce clairement celle des volants modernes. Il faudra attendre plusieurs dizaines d’années pour qu’un deuxième fil de coton placé à un bon centimètre de la base de liège vienne renforcer la jupe de plumes. Parmi les trois volants représentés dans ces publicités on remarquera que le volant de chez Gamages semble être une évolution du volant «barrel» avec des plumes aux extrémités arrondies qui paraissent plus longues que celles des volants Prosser et Ayres, aux proportions proches de celles des volants utilisés actuellement. Quant à la base en liège elle est toujours blanche avec deux bandes vertes qui se croisent (voir illustration ci-dessus, reproduite avec l'aimable autorisation de Geoff Hinder, British National Badminton Museum, que nous remercions vivement).
Shuttlecocks F. H. Ayres – Gamages – Prosser
Si le volant avait besoin d’évoluer c’était surtout pour obtenir une certaine régularité dans la longueur des coups. Pour les raquettes les progrès recherchés concernaient surtout la prise de la raquette et la bonne tenue des cordages pour effectuer des frappes ne risquant pas d’être affectées par des fils qui bougent et se détendent. Les publicités de raquettes contenues dans le livre de Massey sont très intéressantes à ce sujet car elles présentent toute une gamme de raquettes construites suivant les techniques de la fin du XIXème siècle, reflétant les solutions trouvées pour améliorer les performances du matériel.
La raquette construite suivant l’ancienne mode est de la marque Jaques & Son [8], un des plus anciens fabricants Anglais de matériel de sport. Elle figure dans la publicité d’Elvery & Co, une chaine de magasins de sport Irlandaise (voir Annexe 5). Si on la compare avec celles qui vont suivre, deux éléments essentiels qui la caractérisent vont changer, la forme du manche et la manière de la corder.
D’abord on constate un manche rond sur la raquette Jaques & Son alors que toutes les autres ont adopté un manche octogonal qui permet d’assurer une meilleure tenue de raquette au moment de la frappe. Quelques années plus tard, on comprend mieux cette nouvelle tendance qui est confirmée par Sir George Thomas dans son livre The Art of Badminton (1923) : «Il faut un manche qui vous procure une prise rassurante et confortable […]. J’utilise une poignée […] dont les facettes parallèles à la face de la raquette sont un peu plus larges que celles des côtés. Cette différence est suffisante pour bien l’avoir en main […]. Beaucoup de joueurs préfèrent une forme plus aplatie.» [9] On voit bien que la poignée ronde n’est plus utilisée et que le manche octogonal se généralise.
Si pour l’évolution du manche toutes les nouvelles raquettes de l’époque ont pratiquement adopté la même solution, il n’en va pas de même pour le cordage. La raquette Jaques est cordée de manière classique, comme aujourd’hui, mais il est fort probable que le cadre en bois et le fil employé alors supportaient difficilement l’évolution d’un jeu devenant de plus en plus exigeant pour le matériel et les cordages qui devaient bouger et se détendre rapidement. Pour remédier à ce problème les concepteurs ont alors pris exemple sur le tennis qui, peu avant les années 1900, avait augmenté le nombre de cordes au centre des raquettes.
Les deux raquettes illustrant la publicité de T. H. Prosser & Sons donnent deux exemples de ce changement dans le cordage qui s’est imposé vers 1910 pour les raquettes de badminton. Les fils du centre étaient resserrés, soit en les rapprochant comme dans la raquette Special qui comporte six montants beaucoup plus près l’un de l’autre qu’habituellement, soit en les doublant comme dans la raquette Superb figurant dans cette même publicité où les deux cordes entourant les deux montants au centre sont doublées.
Ce dernier style de cordage, avec deux cordes doublées plus ou moins éloignées de l’axe central, est celui qu’on retrouve le plus fréquemment dans ces publicités avec la Ruby des Ets Jefferies & Co ou l’A.D.P. [10] de chez Sheffield, et l’Empress de chez Gamages où dans ces deux modèles les six cordes centrales ont été rapprochées. Par ailleurs existent d’autres modèles qui ont adopté de légères variantes peut-être pour des raisons techniques, mais certainement aussi pour se singulariser par rapport à la concurrence. C’est notamment le cas de la plus chère (15 shillings avec une presse), la G.A.T. de l’entreprise Slazengers qui comporte trois montants doublés répartis symétriquement à partir du montant central. C’est également le cas des modèles Club de Gamages (la Referee Rged, dont la publicité souligne le «Double Centre string and Bound Shoulders») et Spartan de la F. A. Davis Ltd avec quatre montants doublés dans l’axe central.
La première G.A.T. Racket a été produite par le société Slazenger en 1909. Son acronyme n'est autre que les initiales de George Alan Thomas — plus connu sous le nom de Sir George Thomas –, le plus grand champion des All-England, avec 21 titres. Voir Geoff Hinder, «Slazenger G.A.T. Racket», site du National Badminton Museum. Quant à l'ADP, son appellation renvoie à Albert Davis Prebble, vainqueur au All England des doubles messieurs 1904, 1907 et 1909 et du mixte en 1909. |
Avec l’adoption de ce mode de cordage on assiste au premier changement important dans la construction des raquettes depuis que l’on a abandonné vers le milieu du XIXème siècle cette technique où les travers s’enroulaient autour de chaque montant qu’ils croisaient. La grande majorité des raquettes exposées, huit sur neuf, montre bien que cette pratique de doubler les montants du centre s’installe et se généralise pour longtemps. On la retrouve encore dans les raquettes de tennis des années 1950. En badminton elle disparait dans les années précédant la seconde Guerre Mondiale bien avant qu’elle soit formellement interdite par les nouvelles règles éditées en 1984 par l’IBF : «The stringing pattern shall be generally uniform» («Le cordage devra être régulier dans l’ensemble»).
PANORAMA DES NOUVEAUX TYPES DE CORDAGES fig. 1 - Les six cordes centrales sont beaucoup plus serrées que le reste des montants. |
Badminton Poles
Un poteau de bonne facture est proposé par la société T. H. Prosser & Sons. Il n'est pas sans rappeler certains de nos poteaux contemporains, les roulettes et les petits haubans en moins.
On observera l'apparition d'un imposant contre-poids qui, comme le souligne la publicité rend ce poteau «autonome» (self supporting). Plus besoin de cordes («no ropes required») ni de piquets pour les fixer, habituellement indispensables pour maintenir les poteaux droits !
Leurs embases étaient alors souvent constituées d'un croisillon de bois. Il convenait donc, pour conserver une verticalité et stabiliser les poteaux soumis à la tension du filet, de leur adjoindre au moins deux haubans solidement fixés au sol par des piquets. Une fixation somme toute aisée à réaliser lorsque le jeu se déroulait sur un espace gazonné, mais rendue plus compliquée en intérieur, une pratique qui tendait à se développer...
Par ailleurs, en empiétant souvent sur les terrains, les croisillons présentaient des risques de blessure.
Pour certains historiens du badminton, cet écueil serait une explication à l'étonnante forme «cintrée» (waist courts), prise par nombre de terrains jusqu'en décembre 1901 (date à laquelle la jeune Badminton Association acta l'abandon des terrains «cintrés» et adopta, par 23 voix contre 2, les terrains rectangulaires !
Lire à ce sujet, sur ce même blog, le passionnant article de :
Frédéric Baillette, «Terrains en sablier, cintrés, rectangulaires...»
Voir également, ci-dessous, l'apparition en 1921 de poteaux annoncés comme révolutionnaires !
Silver Plate and Indoor Badminton Court
Deux autres publicités qui, bien que ne concernant pas directement l’aspect technique du badminton, sont cependant intéressantes car elles nous donnent une idée du niveau de vie des classes sociales dans lesquelles ce sport de raquette s’est d’abord répandu. L’intégralité de la dernière page publicitaire de l’ouvrage est consacrée à une luxueuse ménagère en métal argenté, une argenterie (Silver Plate), proposée par la Compagnie Alexander Clark (voir la reproduction de l'intégralité de cette page en Annexe 13). Un ensemble qui cible de toute évidence, surtout à cette époque, un public fortuné. Cela confirme la conclusion de Julie Grall [11] qui voit dans l’activité des pionniers du badminton en France «une activité distinctive, réservée à une élite sociale peu nombreuse». Et ce n’est pas l’annonce de la Cie Humphreys qui propose l’installation d’un court couvert dédié au Badminton et au squash qui va contredire ce constat. Cette offre de construction d’un bâtiment abritant un terrain parait plus qu’étonnante de nos jours car elle suggère une dépense largement supérieure à celle entrainée par la construction de terrains de tennis privés qui sont très généralement réservés à des personnes très aisées financièrement.
La belle image d’un gros chalet abritant un court qui conclut ce texte peut surprendre et laisser rêveur le lecteur contemporain, car elle s’adresse à un monde vraiment privilégié (voir Annexe 3). Ce sera sans doute un des obstacles qui freineront le développement et la démocratisation du badminton en France, malgré les espoirs exprimés par John Yeo Thomas dans le chapitre sur le jeu en France dans le livre de Massey : «C’est un jeu qui, il n’y a aucun doute, séduit les Français […] car toutes sortes de sport sont maintenant en vedette en France» [12]. L’histoire montrera que tous les sports ne se développeront pas au même rythme, et qu’il faudra être patient pour voir le badminton acquérir une véritable popularité. Par contre ce livre, par sa richesse en publicités est le témoin éloquent de l’évolution du matériel au niveau des volants et des raquettes qui seront encore fabriquées sur les mêmes bases jusqu’à la seconde Guerre Mondiale.
1926 : A Revolution in Badminton Posts !
Il faudra attendre quinze ans, avec la publication du livre Mme R. C. Tragett, une des championnes qui a marqué l’histoire du badminton du début du XXème siècle, pour voir un nouvel ouvrage contenant une douzaine de publicités, Badminton For Beginners, 1926 (republié en 1929).
Le volant Ayres n’y apparait pas modifié (voir ci-dessous le carrousel présentant ces dix pages publicitaires). Il est alors toujours le volant officiel du All England. La marque Slazengers’ est le seul concurrent apparaissant dans ces publicités avec un volant qui semble identique à ceux en vente en 1911.
Pour les raquettes trois nouvelles marques sur les neuf présentées apparaissent, Lillywhites, Briggs et Hazell ; mais il est remarquable que toutes ont adopté, comme celles présentées dans le livre de Massey, un des nombreux systèmes de cordage qui renforcent les cordes de l’axe central du tamis, avec des cordes rapprochées, des cordes doublées ou un mix des deux.
La principale nouveauté est l'apparition de poteaux dits «révolutionnaires», de la marque Thornton's Princes (Édimbourg), annoncés comme «a revolution in badminton posts». Des poteaux présentés comme étant les seuls permettant de tendre les filets à hauteur réglementaire, sans l'aide de support (contre-poids ?), ni de trous dans le sol ! Un matériel indispensable pour les clubs organisant des tournois, répondant «à un besoin formulé de longue date par les joueurs de badminton car il était jusque-là impossible, au centre, de tendre le filet à une hauteur proche de la hauteur réglementaire sans haubaner les poteaux avec des cordes ou autres supports» !
Observons que d'une part, les poteaux précédemment présentés, figurant dans l'ouvrage de Massey, palliaient déjà à cet inconvénient et, d'autre part, que les deux longues tiges permettant aux poteaux de la maison Thornton's de ne pas basculer vers l'avant devaient présenter quelques inconvénients en empiétant sur le terrain (certes moins que des croisillons).
L'embase en forme de disque devait faciliter la manipulation de ces poteaux en les rendant plus maniables lors de leurs déplacements (on la retrouve encore de nos jours sur les poteaux de saut en hauteur, qu'il suffit de faire rouler pour les installer).
Dans cet ouvrage les publicités montrent donc toutes que, même si quelques nouvelles marques font leur apparition, il n’y a pratiquement aucune modification technique apportée depuis la publication, quinze ans auparavant, du livre de Massey, aussi bien aux volants qu’aux raquettes. Après les perfectionnements du début du XXème siècle, il faudra pratiquement attendre la seconde Guerre Mondiale pour voir une nouvelle évolution marquée dans la conception du matériel de Badminton.
Publicités, in Mme R. C. Tragett, Badminton for Beginners, 1926
[1] Stewart Marsden Massey, Badminton, Londres, J.Bell & Sons, 1911.
[2] Muriel Lucas : à l’époque de la publication du livre de Massey elle a déjà remporté une belle collection de titres au All England Championship, six en simples dames, dix en doubles dames et un en mixte. Dans The Sports Of The World, elle fait une présentation complète du badminton, de ses origines indiennes, de son développement en Angleterre, du matériel et du jeu en match.
Cf. Muriel Lucas, «Badminton», in F.G. Aflalo, The Sports of the World, 1903, pp. 240-245.
[3] Stewart Marsden Massey : Un joueur de grande taille spécialiste de doubles qu’il remporta aux premiers All England en 1899 et à la 1ère édition des Internationaux de France en 1908. Il sera plusieurs fois rédacteur de La Badminton Gazette et l’auteur de ce livre remarquable à tous points de vue sur le badminton.
[4] S. M. Massey a confié à l’ancien trésorier du club de Dieppe, John Yeo-Thomas, l’écriture du chapitre «The Game In France», in Badminton, Londres, J.Bell & Sons, pp. 111-113.
[5] Pour retrouver et admirer une collection la plus complète possible, il est vivement conseillé de visiter le National Badminton Museum anglais situé à Milton Keynes.
[6] Le magazine officiel de la Badminton Association créé en Novembre 1907 qui céda la place en 1979 à… Badminton, un magazine de conception plus moderne. A la tête de la rédaction, après Massey, se succédèrent une kyrielle d’internationaux : G.A. Thomas, Mlle Radeglia, Mme Tragett et J.F. Devlin. Il ne faut pas oublier le rédacteur le plus important, Herbert Scheele qui resta «editor» 25 ans.
[7] La Gazette fit une publicité énorme pour les Internationaux de France à Dieppe dès leur création en 1908. Elle assura aussi une couverture exhaustive de cette compétition avec les résultats complets et des photos jusqu’à la dernière édition de ce Championnat de France en 1913.
[8] La famille Jaques fabrique et crée des jouets et des jeux depuis 1795, dont le fameux croquet. La Compagnie prit une place importante dans l’équipement de badminton, avec des raquettes réputées, et également des volants au départ fabriqués en France.
[9] Sir George Thomas,The Art of Badminton, 1923, Hutchinson & Co, p. 13.
[10] Pour la première fois apparaissent dans le commerce des raquettes «signées» par des grands noms du badminton : A.D.P. pour Albert David Prebble, vainqueur au All England des doubles messieurs 1904, 1907 et 1909 et du mixte en 1909 – et G.A.T. pour Sir George A. Thomas déjà vainqueur, trois fois en doubles messieurs et quatre fois en mixte de ce fameux All England.
[11] Julie Grall, Histoire du badminton en France (fin XIXème siècle-1979) : Pratiques et représentations, Thèse de doctorat STAPS, Université de Rennes 2, 2018, p. 122.
[12] S.M. Massey, op.cit, p. 113.
Annexe 2 : G.A.T. Badminton Racket
Annexe 4 : T. M. Prosser & Sons
Annexe 6 : A. D. P. Badminton Racket
Annexe 7 : The Badminton Gazette
Annexe 9 : The « Spartan »
Annexe 12 : Jefferies & Co