Le Badminton : « A game for Ladies »
Voir en Annexe 3 (détail de l'image) :
Dans le miroir, fragment d'une partie de Badminton féminine
Apparu en Angleterre dans les années 1850 sous une forme embryonnaire, le badminton va, à la fois par analogie avec le populaire jeu du volant et par son ancrage comme un attrayant et convivial passe-temps pour les Ladies séjournant dans les Indes britanniques, se révéler un jeu, puis un sport, hautement féminisé.
En migrant dans l’Empire Britannique des Indes, où il va progressivement s’épanouir, le Badminton (désormais souvent écrit avec un B majuscule) va notamment devenir une occupation palliant l’oisiveté des épouses des colons (administrateurs, militaires, commerçants) ainsi qu’une source de rencontres galantes pour les jeunes filles britanniques débarquant spécialement dans ces contrées exotiques à la recherche du mari idéal et d’un conte de fée romantique («a glamorous fairy-tale», Anne de Courcy). Le Badminton naissant va ainsi s’afficher d’entrée de jeu comme une activité pour les Dames et, dans sa pratique, inclure résolument une mixité de bon aloi.
Aux origines féminines du badminton
Lorsqu’il émerge au mitan du XIXème siècle (la première occurrence repérée du terme date de 1860), le dit «badminton» qui n’en est qu’à ses balbutiements, n’est alors qu’une simple modification du populaire battledore and shuttlecock (version britannique du jeu du volant ). En 1903, dans l'article de quatre pages qu'elle consacre à l'apparition du badminton, ce «jeu auquel les dames participent», la championne anglaise Muriel Lucas (17 titres nationaux de 1899 à 1910) écrit avec pertinence que dans ses prémices le «badminton» n'était qu'une forme de «glorified "battledore and Shuttlecock", dignified by a few fixed rules» [1]. Un passe-temps, rendu plus attrayant que le monotone (et ennuyeux) jeu du volant, dès lors redynamisé par l’ajout d’un «obstacle» à franchir [2]. Une simple ficelle ou un filet par-dessus lequel faire passer le shuttlecock pour qu'il soit correctement renvoyé, et que le retour soit considéré comme valable [3], évitant ainsi toute contestation. Le jeu du volant, qui consistait principalement à multiplier indéfiniment les échanges entre partenaires, pouvait donner lieu à des désaccords, chaque participant accusant l’autre de l'avoir mal renvoyé, de ne pas s’être suffisamment appliqué, pour qu’en retour, il puisse aisément le jouer. En supprimant les retours tendus et (trop) bas, en contraignant à lever le volant, la mise en place d’un «filet» supprimait partiellement ce genre de différent.
Pour aller plus loin, se reporter sur ce même blog à :
« L’Art et les manières de jouer au volant »
En décembre 1863, date de la première apparition avérée du terme badminton dans le mensuel littéraire The Cornhill Magazine, le badminton est présenté comme un divertissements d’after lunch. Un amusement d’intérieur auquel les convives s’adonnent après un repas pour plaire à la maîtresse de maison, lorsque le temps ne permet pas une sortie à cheval, en calèche ou à pied [4] .
Ce badminton que l’auteur définit lapidairement dans une parenthèse (comme si cette manière de jouer était déjà connue et aisée à saisir) n’est alors que du jeu du volant joué, par bienséance (envers une hôtesse), de part et d’autre d’une ficelle tendue à 5 pieds au-dessus du sol (ce qui d’ailleurs deviendra la hauteur officialisée au tout début du XIXème siècle par la Badminton Association of England, fondée en 1893).
Ce divertissement appelé badminton (certes en référence à Badminton House, la châtelaine demeure du Duc de Beaufort, mais bien loin de la légende qui en fera ensuite office d’acte de naissance – voir : «Aux origines d’un mythe fondateur», article à paraître) va prendre son essor en «s’expatriant» dans le sous-continent Indien, avec les colons britanniques rejoignant The Indian Empire (sous gouvernement de la Couronne britannique à partir de 1858).
Outre la découverte d’un jeu rural local, le Poona, pratiqué avec des raquettes et une balle de laine par-dessus un filet, dont des officiers de la British Indian Army et des fonctionnaires en poste vont s’inspirer (voir à ce sujet Geoff Hinder, «Early Badminton and Shuttle Badminton in India»), le badminton va opportunément combler la vacuité du quotidien des memsahibs, les épouses des colons, généralement nées en Grande-Bretagne et installées en Inde après leur mariage (le terme, apparu vers 1857, est une contraction de madam sahib ou ma’am sahib – soit la «femme du maître» [5]).
Dans leurs temps de loisirs, les Gentlemen attentionnés vont se joindre au jeu, pour partager un agréable moment de détente avec leurs conjointes, ou, comme nous le verrons, faire connaissance et engager une relation amoureuse avec les innombrables et intrépides jeunes filles britanniques qui, tout au long du XIXème siècle, voyagèrent jusqu’en Inde à la recherche d’un «good match» (un bon mariage) [6].
En février 1873 un correspondant du Time of India (Bombay) note que le Badminton est un passe-temps festif «auxquels les deux sexes peuvent prendre part» et qu’il devrait rapidement faire partie de la liste des ladies accomplisments C’est, poursuit-il, pour résumer ses avantages : «Des raquettes pour dames» («We sum up its advantages in saying, it ie-racquets for ladies»). Le badminton qui se joue avec les instruments ordinairement utilisés pour jouer au volant, n’est-il pas finalement qu’un jeu de volant réglementé : «Played by rules and regulations, and played against adversaries, which increases the interest an hundred-fold as compared with merely endeavouring to keep up the shuttlecock a certain number of times». Ainsi le badminton est-il rendu bien plus intéressant et animé, voir excitant que l’insipide et rébarbatif jeu du volant ! Mais aussi plus dynamisant que d’autres jeux plus placides, comme le croquet. En tout cas, pour The Times of India c’est «a real exercise, more amusing than croquet, and exhibits greater gradesof form and action than any other game» [7] .
«A relaxation for the Ladies»
Issues de l’élite britannique, nombre de Ladies vont se prendre de passion pour une distraction renvoyant à leur tendre enfance et rappelant leur lointaine patrie.
Particulièrement apprécié des Dames, le Badminton va se déployer au sein de la société anglo-indienne où il va connaître un succès grandissant (conduisant à l’élaboration de premières règles locales que les Britanniques importeront à leur retour dans leur Home Sweet Home, dans le même temps où ils créeront les premiers clubs de badminton – voir, par exemple, la création du United Services Badminton Club, en 1891).
En 1874, paraît dans The Times of India un article émanant d’une correspondante de Mahableshwar (station de montagne, capitale d’été de la province de Bombay) qui s’émeut de voir presque toutes les heures de la journée consacrées au Badminton, un divertissement oisif, une folie, selon elle, à laquelle les jeunes filles de bonnes familles («young ladies of families») consacrent tout leur temps. Aussi se réjouit-t-elle de la fin de la Badminton Cup, ce grand évènement de la saison qui occupe tout autant les femmes mariées que les jeunes filles non-mariées… [8]
Dans les Indes Britanniques, le badminton apparaît comme un divertissement avant tout destiné aux Dames auxquels les Messieurs s’associent. Il est, comme le condense la légende d’une photo prise en 1864, dans les environs de Simla : «A Relaxation for the ladies» (Simla, aujourd'hui Shimla, est une station d’altitude qui fut surnommée la «Reine des collines» – Queen of Hills –, et devint la capitale d’été du Raj Britannique en 1864).
1864, «A relaxation for the Ladies», Badminton Party around Simla - publiée in John Fabb, The British Empire from Photographs. India, 1986 – © Geoff Hinder - National Badminton Museum
Aucun volant n’étant visible sur ce cliché, il est probable que, ce jour-là, les participants aient joué au «badminton» avec une balle de laine (que l’on semble apercevoir lovée dans la main gauche du 4ème personnage, en partant de la droite). Ces balles (empruntées au jeu indien traditionnel du poona) étaient souvent utilisées car moins sujettes aux caprices du vent : «In windy weather racket bats and a wollen ball are substitued», précise The Graphic, en 1874 [9] .
Voir également en Annexe 1, une photographie datée de 1880, représentant, selon son collectionneur, un groupe de britanniques rassemblés pour un Badminton Party.
En octobre 1873, pour le lecteur de The Field (The Country Gentleman’s Newspaper) qui adresse au journal une brochure contenant les règles mises en place à Calcutta, il ne fait aucun doute que le «Badminton is especially intended to be a game for ladies». Dans le règlement communiqué pour publication, les dimensions du terrain ont été volontairement réduites (par rapport à ce qui est alors habituellement proposé) et la hauteur du filet portée à 5 ½ pieds (soit ½ pied de plus que la hauteur d'ordinaire retenue), afin de contenir les coups durs et tranchants des bons joueurs de raquettes («a great check is placed upon the hard and cutting hitting of gentlemen (especially those who are good racket-players»).
Deux aménagements qui ont clairement pour objectif de limiter la puissance des frappes masculines afin que le jeu reste aussi «équilibré» que possible pour les Ladies, qui ne sauraient être désavantagées face aux mâles ardeurs. Les renvois puissants qui rendent le jeu peu agréable pour les Dames (et peuvent se révéler dangereux) se voient ainsi limités, les volants risquant de terminer leur course dans le filet ou hors des limites.
« I should remark that I am aware that the size of the courts and of the ground laid down in this Handbook is very different to that which is generally in force. This arrangement was originally adopted with the view of making the game as fair as possible for ladies when playing against gentlemen, so as to neutralize the greater strength and force with which the latter usually play. It has been tried, and with success; and has been greatly approved of by much ladies as have played in these courts. By making the ground and the courts smaller than is generally done, and by placing the top of the net to 5 ½ feet from the ground, a great check is placed upon the hard and cutting hitting of gentlemen (especially those who are good racket-players), as they are very apt either to hit the net or to send the shuttlecock out of bounds; and as (?) Badminton is especially intended to be a game for ladies, every advantage in this respect ought to be given to them in playing it. » «Pastimes. New Game of Badminton», The Field, |
Plus loin, le même lecteur insiste à nouveau sur la nécessité de considérer le Badminton comme «a kind of “Ladies’ Rackets”», rappelant que le but de cet amusement est de divertir les dames en évitant de les mettre en trop grande difficulté. Il indique alors que, par courtoisie, lorsqu’un service se révèle trop difficile à rattraper, une Dame est généralement autorisée à en demander un second, voire un troisième, etc…
[Règle n°] V. If a serve is properly delivered, and into the right court, the person who is served to is bound to take it, no matter how difficult it may be, and failing to do so and to hit it back properly over the net, as explained above, it counts an ace for the server. This is the strict rule, but by courtesy where a serve is, in the general opinion of the players, manifestly too difficult to take, as in the case of very sharp, over-hand, cutting service, a lady is generally allowed to have another serve given to her. This is a very useful custom, and one which is hardly over bused in practice. The rule should be either that a player is obliged to take any serve he gets (whether he likes it or not), or else that he has the option of refusing any serve he chooses, till he gets one to suit his fancy. The objection to the first rule is that, where ladies are playing against gentlemen, (especially those gentlemen who happen to be good racket players), they are placed at a very unfair disadvantage in being forced to take serves which they find it impossible to hit back; and the objection to the second rule is that, in addition to its being unfair to the server to be obliged at last to give a serve which his opponent can kill, it also needlessly prolongs the game, as in some instances as many as twelve serves have been known to be given before one was taken. It should be remembered that the object of the game is to afford amusement as a "ladies’ game", and, therefore, to make it too difficult for them is to do away with that object altogether. In serving the point to be kept in view is not to much to serve so as to render it impossible for your opponent to hit it back, but to serve so as to force him, after he has hit it back, to give either you, or your partner, an easy shot, which you can dispose of, or, as it is generally termed, "kill". « Pastimes. New Game of Badminton », The Fied, |
Toujours pour la même raison (car c’est un jeu «essentiellement pour les dames»), les services cutting down, effectués en lançant le volant «au-dessus de la tête» puis en le frappant (comme au tennis) sont à proscrire. C’est ce qu’une lectrice du Field écrivant depuis Nagpur (ville située dans le centre de l’Inde) et signant Ladie’ Racket recommande, car il est alors quasiment impossible pour une Dame de s’en saisir :
« It would recommend that when fist starting the shuttlecock into play, i.e. the first serve of every round, no cutting-down service should be allowed. It is easy, by holding the shuttlecock high over the head, to cut it over the rope, so as just to fall in the adversaries' court in such a manner that it is almost impossible for any lady to return it. This would not matter where four gentlemen were playing; but the game is essentially one for ladies, and it has entirely superseded croquet in this part of the word. » The Field, 11 octobre 1873, p. 371. |
Ainsi, dès ses premiers pas, le badminton inclut les dames voire leur est quasiment dédié. En octobre 1873, un lecteur du Field n’avait-il pas proposé d’appeler l’excellent jeu de Badminton : Ladies’ Tennis (le «Tennis des Dames») ! Le jeu évolue et se construit dans un entre-soi mondain, autour d’une mixité qui donne l’occasion aux hommes mariés de partager un agréable moment de détente avec leurs épouses, et aux célibataires ou aux coureurs de jupons d'engager une rencontre galante avec l'une des Jeunes filles parties à la chasse au mari «fortuné», dans une Inde devenue «a marital hunting ground» (Anne de Courcy).
Le temps d’un tournoi ou d'une Badminton Party, des couples se formaient, des connivences se nouaient, des passions naissaient et des aventures s’initiaient.
Un temps galant de « flirtation »
À l’instar du jeu du volant qui, au XVIIème et XVIIIème siècle, permettait aux Galants de conter fleurette à leur dulcinée, en émaillant le jeu d’«honnêtes galanteries», le badminton est un amusement auxquels les Gentlemen se joignent pour complaire à leur bien-aimée ou entrer dans un jeu de séduction (voir : «Les Jeux de l'amour et du volant».
En mai 1874, The Harper’s Bazar (journal ciblant la classe supérieure américaine) présente à ses lecteurs «The Game of Badmington [sic]» en commençant par souligner l’effet grisant et affriolant, d’un jeu récemment arrivé d’Inde. Un amusement qui permet de faire connaissance, de flirter, «and make love» !
Une fois la partie acharnée («good sharp game») terminée, les couples ainsi formés conversent, parfois avec tendresse, et se remettent de leurs efforts en partageant un rafraîchissement. C’est alors qu’assoiffée, la «lovely Miss Battle» (l’adorable Miss Raquette) vient déposer «ses lèvres rosées» sur le verre de Captain Racket pour lui voler une «bonne gorgée» de sa boisson, «quelle qu’elle soit !»…
[…] It is not only the young people who are so passionately found of the game,” says an Indian correspondent, but aged colonels and civilians are seen skipping and pirouetting, and entering into the game with the greatest ardor. It seems to have a most exhilarating effect upon the players, to judge by the laughter and fun always going on. Then, when does one enjoy a ‘peg’ more than at the end of a good sharp game ? And how delightful when lovely Miss Battle comes up and begs for ‘just a little sip out of your glass, Captain Racket, I am so thirsty,’ and putting her rosy lips to your glass to your glass takes a good pull at the beverage, whatever it may be ! The game seems to have such an effect upon all ! After it is over we pair off to take rest after our exertions, and then what brilliant (and sometimes tender) conversations begins! how one flirts and makes love! how one pulls others to pieces! how sarcastic, how clever, are our sallies of wit. And then what tender leavetakings in the dusk, and how well we each think we have talked, and how fascinating we must have been! And we all look forward to the next meeting, and say, ‘Well, I don’t know what we should do without Badmington in India’” […] «The Game of Badmington», Harper’s Bazar, 9 mai 1874 |
Même constatation en 1877, pour le correspondant en Inde du journal Le Temps.
En visite à Naïni-Tal, Hill Station (voir encadré ci-dessous), où campe une colonie britannique aussi nombreuse qu’oisive, il note l’ampleur prise par le badminton, une distraction courtoise qui permet de flirter !
Les hill stations, ou stations d’altitude, furent édifiées ex nihilo, à partir des années 1820, sur les contreforts de l’Himalaya de l’Empire britannique des Indes par un petit nombre d’acteurs coloniaux (médecins, négociants, militaires et administrateurs) à la recherche de conditions de vie plus salubres. Fondées pour accueillir les soldats blessés et les malades atteint de malaria ou du choléra (édification de sanatoriums), elles sont progressivement devenues des lieux touristiques et récréatifs estivaux, où officiers britanniques et fonctionnaires (accompagnés de leurs familles) migraient durant l’été, fuyant le climat tropical des plaines. Ces résidences d’été virent «rapidement affluer […] des femmes en grand nombre, épouses et filles des officiers et administrateurs civils en poste dans l’Empire […]. Nombreuses sont celles qui passent seules l’été dans les hill stations pendant que leurs maris sont en mission» (1), les transformant en lieux de plaisirs et de distractions mondains. C’est dans cet entre-soi colonial récréatif et féminisé qu’à compter des années 1860, le badminton a pris racine, s’est développé et construit, avant de reprendre pied une dizaine d’années plus tard en Angleterre, la mère patrie ! (1) Isabelle Sacareau, «Tourisme et colonisation : le cas des hill stations himalayennes de l'Empire britannique des Indes (Darjeeling, Simla, Mussoorie, Nainital)», janvier 2013. Voir également : Jordi Canal-Soler, «Indes : la fausse douceur du quotidien des colons britanniques», Le Monde. Histoire & Civilisations, 2024. |
Dans ce «coin de terre», où une «société nombreuse de compatriotes», fuyant les fortes chaleurs des plaines, prend ses quartiers d’été, «gens mariés et célibataires, demoiselles et dames, depuis le plus petit sous-lieutenant […] jusqu’au juge à barbe grisonnante ; de la fillette fraîche échappée de quelque pension d’Europe [voir encadré ci-dessous : «La pêche au mari idéal»], jusqu’à la matrone […], tout le monde» joue, «plus ou moins ouvertement», au «très gracieux, très noble, très savant et très absurde jeu de la flirtation». «Jeu spécialement anglo-saxon», jeu «plus tendre que la simple galanterie, plus émoustillant que l’amitié, moins sérieux que l’amour». Une sorte de version britannique du marivaudage.
« Fishing Fleets » – La pêche au mari idéal Après 1857 et la mise en place du Raj (gouvernement) Britannique, l’Inde devint un vivier de jeunes hommes esseulés, recherchant ardemment une compagnie féminine. À leur arrivée, les jeunes filles étaient escortées et guidées par des femmes mariées. Les futures épouses évoluaient dans des atmosphères privilégiées, notamment dans les Clubs des stations de montagne (Hill Stations – voir précédent encadré). Sources : |
Dans la station de Naïni-Tal, poursuit le journaliste du Temps, l’air vif, tonique et exhilarant (portant à la gaité et à l’hilarité), pousse à prendre de l’exercice, à jouer en plein air, à rire, batifoler et danser. Aussi, les hommes, lorsqu’ils ne pratiquent pas des exercices virils, au «caractère purement héroïque» et guerrier, lorsqu’ils ne jouent pas entre eux au polo, au cricket ou encore au lawn-tennis, «jouent au badminton avec les dames». Un jeu «tout à fait galant […] à l’usage des dames[…] qui fait fureur dans l’Inde entière».
À Naïni-Tal, le badminton semble envahir l’espace récréatif : «Tout bungalow qui se respecte, écrit-il encore, est flanqué d’une petite terrasse horizontale disposée pour le badminton. Et l’on va jouer les uns chez les autres, de quatre heures du soir à six heures généralement. Les invitations se font par lettres circulaires, contenant la liste des élus […]. La partie finie, on boit du punch, ou du thé, ou du café en mangeant des gâteaux. C’est un des plus grands plaisirs mondains de l’endroit. On en fait toute une affaire.»
À cet exercice, les dames «peuvent montrer beaucoup de grâce» et le partenaire du jour peut se révéler pressant en proposant de poursuivre avec d’autres divertissements [10] … (voir, en Annexe 2, la reproduction en intégralité de cet article)
S'il existe des photographies d'époque où ne figurent que des hommes disputant une partie, comme sur le cliché suivant, la plupart montrent une forte mixité.
Dans le 3ème document (ci-dessous), approximativement daté de 1890 et représentant (selon une légende qui reste imprécise) le 21ème régiment du BNI (Bengal ou Bombay Native Infantry ?), à Rawalpindi (siège de la plus importante garnison du commandement Nord de l'armée des Indes, situé dans le Pendjab), les 4 terrains sont occupés par des équipes mixtes, avec une présence féminine variable : un quatre contre quatre totalement mixte sur le court situé à l'extrême gauche (chaque équipe composée de deux hommes et deux dames) et, pour les deux autres terrains visibles en intégralité, un 3 contre 3 formé, de part et d'autre du filet, de deux hommes et d'une dame. Enfin, semble-t-il, dans le coin droit, là aussi un 3 contre 3 dont l'équipe la plus proche affiche un homme et deux dames.
Ainsi, même si nombre d'entre-elles apparaissent à l'arrière-plan discutant assises, elles sont tout aussi nombreuses à participer, raquette en main, à cette Badminton Party.
Vers 1890 – Badminton Party – 21ème Régiment du BNI, Rawalpindi – Photographie publiée dans Worswick Clark, The Last Empire. Photographies , 1976, p. 49
Ainsi, le badminton, s’est-il implanté et déployé dans les Indes britanniques au sein de la société anglo-indienne. Par courtoisie, par «amour» ou pour la bagatelle, les Gentlemen se joignirent à un divertissement enjoué particulièrement prisé des Ladies (avant d’y adhérer pleinement). Cet engouement et l’organisation de «tournois» conduisit à la formulation de premiers règlements, variables en fonction des régions. Certains accommodèrent leurs règles afin que le jeu reste agréable pour les Dames, en bridant la puissance des frappes masculines. Des hommes auxquels il était conseillé de se positionner «behind the ladies and “play back”» [11] (comme sur cette illustration, datant de 1883).
À ses débuts, dans les années 1870-1880, en raison des cris d'émois poussés par les dames lorsqu'un volant rapide les ciblait, le badminton fut parfois appelé «hit and scream" (frapper et crier) ! [12]
Cherry Diamond et Evening Badminton Club
Dans les années 1890, lorsqu’il arrivera aux USA, le Badminton sera présenté comme un jeu faisant le plus grand bien aux dames en les incitant à un effort physique [13] . Aussi va-t-il se développer dans des espaces de vivre-ensemble sélectifs, des Clubs aristocratiques, à dominante féminine.
En 1891, dans un long article, le Harper’s Weekly (Journal of Civilization)s suggérait ainsi aux épouses, sœurs et «amantes» du New York Athletic et du Manhattan Athletic de créer un Cherry Diamond Badminton Club. Le rédacteur mentionnait également la création, à l’initiative de deux dames, du Evening Badminton Club de New-York. Le club, qui tenait ses séances tout spécialement en soirée pour masculiniser l’assistance (les séances d’après-midi se révélant plus féminines que masculines), connu un réel succès. La vaste salle qui comprenait six terrains bruissait de rires et bourdonnait de volants ( de «flying “birds”», comme les appellent affectueusement les Anglo-Saxons) : «No more animated scene can be imagined that the hall of a meetting of this club, where there are six courts, forty eight laughing, chattering, swiftly moving, and the air is filled with flying “birds”».
Les hommes y jouaient dans une variété de costumes, de la tenue d’affaire à la tenue de soirée, smoking et nœud papillon.
L’illustration qui précède l’article (reproduite ci-dessous) est particulièrement révélatrice de l’ambiance animée, à la fois guindée et pagailleuse, de ces aimables soirées où les invités découvraient les rules du badminton (affichées sur le poteau de gauche).
(On observera, au passage la forme dite en «sablier» de ces premiers terrains – pour connaître l’origine de ces hour-glass courts se reporter, sur ce même blog, à «Terrains en sablier, cintrés, rectangulaires…»)
Harper’s Weekly, 4 avril 1891, p. 246
Comme représenté sur l’illustration, les parties se jouaient alors souvent à 4 contre 4 (2 couples contre 2 autres couples).
Et, «assez curieusement», comme le notait en mars 1896 le New-York Daily Tribune, nombre de dames portant toilettes préféraient garder leur encombrant chapeau sur la tête. Un handicap qui, dans les moments critiques, contraignait ces joueuses à consacrer une partie de leur attention à éviter que leur elaborate creation, elle aussi, ne s’envole [14] .
«A Badminton Tournament at the Berkeley Armory»
New-York Daily Tribune, 15 mars 1896, p. 31
Source : Chronicling America. Historic American Newspapers
Dans le même temps, si l’on se réfère à une illustration réalisée vers la fin du XIXème siècle par l’illustrateur américain Charles Stanley Reinhart (1844-1896), dans les salons des clubs huppés de la haute société, les Messieurs ne dédaignaient pas jouer tout simplement au volant avec les young ladies que, peut-être, ils courtisaient :
Les premiers clubs de badminton qui, à l'orée des années 1890, vont se créer en Angleterre agrégeront autant d'hommes que de dames. Selon Geoff Hinder, le premier tournoi de badminton déclaré par un club (le Teignmouth Badminton Club, considéré comme le plus ancien d'Angleterre), en 1876, a été un tournoi féminin (voir «The First Great All-England Champion - Muriel Lucas»)
Sur l'un des tout premiers portraits d'équipe, réalisé en 1901, le United Service Badminton Club (de Southsea) affiche une irréprochable parité, avec ses quatre Miss, confortablement installées dans des fauteuils en rotin (un style aujourd'hui vintage, désormais qualifié d'Emmanuelle).
Sur les terrains, lors des toutes premières rencontres amicales organisées entre clubs voisins, leurs prestations sont toutparticulièrement remarquées. Les commentateurs mettent l'accent sur la qualité de leur jeu, soulignant, par exemple, l'efficacité des admirables retours Butterfly de Miss Giraud.
Ce premier «tournoi» s'articulait essentiellement autour de matchs de double (dames et messieurs), des Mixed Doubles et... des Mixed Trebles ! Des triplettes qui pouvaient être composées de 3 hommes, mais aussi inclure deux dames chacunes :
Voir sur ce même blog :
«United Services Badminton Club, 1891»
Des dames qui ne manquaient pas de tempérament à l'image de l'une d'entre-elles qui, irritée par le jeu de son partenaire, lui aurait (selon Muriel Lucas) intimé l'ordre de quitter le terrain sur le champ et de la laisser gérer seule. Une mise à l'écart (peut-être trop tardive) qui ne lui a toutefois pas permis de remporter la partie : «Of course, even in Badminton temper may occasionally find place. A lady has been seen in a public tournament so irritated at her partner's play as to request him to remove himself altogether from the court and leave the play to her. He drew aside, but the game was lost !» [15] .
Debout C. H. Hannington, Dr. Cole Baker, Major S.S.C. Dolby, Captain St. Clair Assises : Miss Gilbert, Miss Q. Roberts, Miss K. Miller, Miss Cockburn – Source de l'illustration : Pat Davis, Guiness Book of Badminton, 1983, p. 20.
L'illustration suivante reflète tout particulièrement cette remarquable et substantielle participation des dames aux premiers tournois «officiels» (opposant ici deux clubs londoniens, Ealing et Surbiton). Elle rend compte d'une journée (peut-être essentiellement réservée aux dames) qui s'est, très certainement, tenue dans le London Scottish Drill Hall (près de Buckingham Palace) où furent organisés de 1889 à 1901 les premières éditions d'un tournoi promu à devenir le All England Badminton Championships. Il ne peut s'agir que de l'édition de 1900 ou de 1901, les simples, tant pour les hommes que pour les dames, n'ayant été introduits qu'en 1900. Or, c'est bien un match de simple qui est représenté au premier plan d'une image où n'apparaissent que des dames – même au rang de spectatrices.
(Le décision prise en avril 1901, par la Badminton Association d'abandonner les terrains «cintrés» ou en forme de «sablier», et d'adopter les terrains rectangulaires, orienterait vers l'édition de 1901 – celle de 1900 s'étant, selon Geoff Hinder, disputée sur des hour-glass courts).
L'édition de 1902, qui eut exceptionnellement pour cadre le transept central du Crystal Palace (Hyde Park) (voir à ce sujet : Geoff Hinder, «The History of the All England Badminton Championships»), fut également à dominante féminine, puisqu'elle accueillît 49 ladies pour 47 gentlemen, comme le précise Muriel Lucas, selon qui, par ailleurs, les dames ont été les premières à créer des clubs en Angleterre («who have been the first to start the clubs in England») [16] .
«A Ladies' Match : Ealing v. Surbiton», Muriel Lucas, «Badminton», in F. G. Aflalo, The Sports of the World, Londres, Cassell and Co, 1903
Alors que l’accession des femmes fut (et reste encore), dans nombre de sports, un combat semé de résistances, en badminton elles firent, dès l’origine, partie d’un jeu qui s’accordait avec une image de la femme à séduire. Leur présence allait de soi et le badminton est un rare sport s’enracinant dans une pratique féminine.
Selon Geoff Hinder (secrétaire du National Badminton Museum), le premier tournoi connu de badminton fut un tournoi féminin, organisé en 1976 par le Teignmouth Badminton Club, club où jouait Muriel Lucas, considéré comme le plus ancien d'Angleterre.
Si, en France, avant la Grande Guerre (14-18) la femme est la grande absente de l’histoire du sport [17], en badminton elle est, dans la société anglo-saxone distinguée, une actrice de premier plan. Les Ladies qui dans leur enfance avaient appris à manier un battledore et un shuttlecook s’y distinguent et, certaines, rivalisent même avec les hommes.
Les jeunes filles de bonne famille disputent des parties récréatives de badminton dans des espaces privés (comme sur cette photographie, prise en Ontario en 1908). Elles s’y expriment et participent au même titre que les hommes aux premiers tournois officiels organisés par la jeune Badminton Association qui émerge en 1893, comme ci-dessous, lors des All-England Badminton Championships de 1908, disputés à Westminster dans le Royal Horticultural Hall, en présence d’un dense public.
Les ladies n’ont pas eu à faire leurs preuves pour intégrer un sport naissant dans la continuité d’un bienséant passe-temps dévolu à leur sexe le battledore and shuttlecock.
Si elles peuvent s’y impliquer, c’est aussi parce qu’il est par nombre d’aspects conforme aux stéréotypes structurant l’esthétique dominante de la féminité, faite d’élégance gestuelle, de souplesse et de gracieuseté. Un corps charmant et charmeur, à conquérir, poussant les hommes à s’immiscer dans le jeu pour engager une relation. Simple amourette ou liaison pérenne.
Dès son commencement, par socialité, par savoir-vivre, le badminton inclut et privilégie la mixité. Les quelques photographies de l’époque coloniale, prises en Inde dans les dernières décennies du XIXème siècle, tout comme les gravures et illustrations présentant The new Game of Badminton vers la fin du XIXème siècle, sont de ce point de vue démonstratives. Ladies et Gentlemen s’y côtoient et disputent des parties de concert. L’accent est délibérément mis sur le jouer en couple. Comme sur les deux illustrations publiées ci-après, l'une datant de 1879 (extraite du livre de Julian Marshall, Lawn Tennis and Badminton, l'autre accompagnant une publicité pour la vente d'un coffret de badminton, publiée en 1903 (dans le n° 188 de Spalding's Athletic Library).
Illustration accompagnant une publicité pour un «Badminton set», parue en 1903 dans Spalding's Athletic Library, Vol. XVI, n° 188, New York City, American Sports Publishing Co.
Source de l'image : Spalding's Athletic Library, Vol. XVI, n° 188, p. 59.
En Inde, puis en Angleterre, plus largement dans les pays anglo-saxons, mais aussi dans les lieux de villégiatures touristiques, comme les stations balnéaires françaises fort prisées des Britanniques à partir de la fin du XIXème siècle, les Ladies ont, dès ses prémices, investi le badminton. Elles se sont d'une certaine manière approprié, ce jeu de volant ennobli, revivifié, par une mise en forme sportive. Elles se sont saisies d'une activité compétitive (suscitant aussi une adhésion masculine), conforme aux stéréotypes de l'Éternel féminin (Goethe) [19]. A contrario de la plupart des sports naissants, accusés de viriliser le corps des femmes, d'attenter à leur nature, le badminton ne sera jamais accusé de les masculiniser, d'altérer leur féminité (de les enlaidir en les transformant en des êtres difformes, en homasses des stades... [19]. Bien au contraire, l'esthétique du jeu, sa fluidité, la grâce qui en émanent, entraient en résonance avec les attentes des hommes quant à un «idéal féminin», fait de légèreté et de gracieuse virtuosité. À l'instar du gracile et duveuteux, mais aussi valeureux, volant. Un précieux qui sait encaisser les coups !
Le volant n'est-il pas lui-même une Lady, comme le déclamait Pat Davis en 1975 dans The Badminton Gazette ! N'est-il pas beau, fragile mais vaillant et robuste ? Capable de répondre aux plus délicates caresses et de supporter de lourdes charges (un travail acharné) : «Responds readily to the most delicate of caresses, and yet puts up with a tremendous lot of hard work. The shuttle is a lady !»
Aussi the bird mérite-t-il d'être traité avec respect ! Ainsi, après tout échange houleux, les joueurs qui l'ont malmené doivent-ils prendre soin de lisser avec douceur ses plumes toutes ébouriffées : «Treat her with due respect and after any heated exhanges smooth her ruffled plumes with gentle fingers» [20]. À suivre cette analogie, le frêle volant (mais plus robuste qu'il n'y paraît) serait à l'image de l'épouse rêvée, une maîtresse de maison à la fois délicate (d'une innocente blancheur) et solide travailleuse... Une perle à la strong fragility dont on ne doit pas se débarasser (renvoyer) «sans réfléchir, sans émotion, par ruse ou simple caprice» !
Nous verrons dans un prochain texte, comment en France, le badminton fut, dès ses premières apparitions présenté, par la presse, comme un sport «à l'usage des dames» et ne fit donc pas figure de vrai sport...
Remerciements
à Jean-Jacques Bergeret (membre de la Commission Culture à la FFBaD)
pour l'aide à la traduction et à la compréhension des textes anglais.
Mais aussi pour sa relecture rigoureuse de cet article
[1] Muriel Lucas, «Badminton», in F. G. Aflalo, The Sports of the World, Londres, Cassell and Co, p. 240, 1903.
[2] Geoff Hinder, propose d’appeler ce badminton shuttle badminton. Voir «Early Ball Badminton and Shuttle Badminton in India», Site du National Badminton Museum.
[3] «The game is, in fact, an adaptation of the ancient child's game of battledore and shuttlecock. All that is added is a net which compels each player to return the shuttlecock fairly to his adversary.» «Badminton», in Cassel's – Complete Book of Sports and Pastimes being a compendium of out-door and in-door amusements, Londres, Cassel and Compagny, 1896, p. 294. Disponible sur Internet Archives.
[4] «Life in a Country House», The Cornhill Magazine, Vol. VIII, July to December 1863, London, Smith, Elder and Co, p. 711.
[5] Voir «mem-sahib» sur etymonline.com.
[6] Cf. Anne de Courcy, The Fishing Fleet. Husband-Hunting in the Raj, Londres, Weidenfeld & Nicolson Edition, 2013 (1ère édition 2012), p. 3.
[7] «Badminton», The Times of India, 3 février 1873, p. 3.
[8] «Notes from Mahableshwar», The Times of India, 19 mai 1874.
[9] «The Game of Badminton in India», The Graphic, 25 avril 1874, p. 383.
[10] «L’Inde», Le Temps, 6 janvier 1877, p. 3.
[11] «Badminton», The Times of India, 3 février 1873, p. 3.
[12] Muriel Lucas, «Badminton», in F. G. Aflalo, The Sports of the World, Londres, Cassell and Co, p. 241, 1903.
[13] Parlant du 1er tournoi organisé à Londres, le 4 avril 1899, un évènement qui rassembla 52 participants, elle écrit : «Four persons entered from Devonshire – four ladies. Two of these won the ladies' doubles, the two others were the runners-up. It is said that London players showed a happy sense of superiority over representatives of so distant and slow-moving a county. Devon-Shire people flatter themselves, however, that they are sometimes to the fore when battles are to be won. They were all the more gratified, therefore, that their ladies, who had been the first to start the clubs in England, should be the first to win the challenge doubles.» Muriel Lucas, «Badminton», in F. G. Aflalo, The Sports of the World, Londres, Cassell and Co, p. 241, 1903.
[14] Cf. Bernard Adams, The Badminton Story, Londres, British Broadcasting Corporation, 1980, p. 30.
Et Kazuma Araragi, «Clarifying the Game of Badminton When it was Formalized as a Modern Sport in Approximately 1893», p. 29 : «At these earlier dates, badminton was referred to as “Hit and Scream” because of reports that ladies screamed when a fast shuttlecock appeared close to hitting them. Ladies and men played in the front and rear court spaces, respectively. Therefore, a fast shuttlecock from an opponent caused fear in the ladies standing at the front.»
[15] Cf. Thomas Bauer, «Les folles années du sport féminin», in La Sportive dans la littérature française des Années folles, Villeneuve d’Asq, Presses universitaires du Septentrion, 2011, pp. 25-43.
[16] «[…] to the great good it will do womankind in betraying them into some kind of physical exertion», Harper’s Weekly, 1891.
[17] «Oddly enough, most of the women who play prefer to keep their hats on. lt would naturally be supposed that they would be far more comfortable without these incumbrances, especially as many of them are obliged to devote part of their attention at critical points in the game to keeping the elaborate creation from sailing away in the air like the "birds" themselves. There are a few who play hatless, and they appear much freer without the handicap.» «Payed only in lent», New-York Daily Tribune, 15 mars 1896, p. 31.
[18] Sur la construction des stéréotypes culturels structurant une image fluctuante du «beau sexe» au fil des siècles, voir Béatrice Fontanel, L'Éternel féminin. Une histoire du corps intime, Paris, Seul, 2001.
[19] Voir, Frédéric Baillette, «La mâle donne», in Frédéric Baillette et Philippe Liotard, Sport et virilisme, Montpellier, Éditions Quasimodo & Fils, 1999, pp. 45-57.
[20] Pat Davis, «How It's Made : "The Shuttle is a Lady"», Badminton Gazette, vol. LVI, n° 5, mars 1975, p. 157.
Annexe 1 : «1880 – Britishers at a Badminton Party India»
Cette photographie est présentée, sur le site past-india.com, comme figurant probablement une partie de badminton rassemblant une communauté britannique.
On distingue au premier plan des tracés rappellant ceux d'un terrain de badminton (avec un couloir) et dans l'assemblée, à l'extrême droite, deux dames tenant des raquettes.
Annexe 3 : Détail «Badminton in the Studio» – plongée dans le miroir, fragment d'une partie de Badminton féminine dans le hall d'une riche demeure... peut-être Badminton House !