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Publié par Frédéric Baillette

    «Tout jeu à ses règles», écrit Huizinga dans son essai sur la fonction sociale du jeu, Homo Ludens [1]. Quelles ont donc été celles du jeu du Volant ? Quelles formes a pris ce jeu traditionnel, populaire jusqu’aux premières décennies du XXème siècle, tant chez les enfants que chez les adultes. De quelles manières et avec quelles agilités a-t-on joué à ce jeu d’alternances, fluctuant entre coopération (jouer avec, pour le plaisir de multiplier les échanges) et opposition (jouer contre, pour le plaisir de remporter la partie). Un jeu introduisant les notions de défi, de record et d’affrontement, un duel pouvant se jouer entre deux camps adverses occupant des aires de jeu définies (des «terrains»), parfois séparés par un ersatz de «filet».

    L'historien et sociologue des pratiques ludiques Pierre Parlebas le qualifie de paradoxal. Le volant posséderait «une originalité totalement absente des sports», en instaurant «une relation ambivalente entre les joueurs, […] certains participants sont en même temps partenaires et adversaires» [2] Il serait ainsi un jeu «semi-coopératif» – donc aussi semi-oppositif…

    Ce sont les imbrications de ces deux facettes, celle du jouer avec (en harmonie avec un vis-à-vis) et celle du jouer contre (un ou des adversaires), et leurs différentes déclinaisons, que nous explorerons ici jusqu’à la leur jonction avec l’apparition du badminton.

 

Alphabet des jeux et récréations de l'enfance, 1868 – Gallica - BnF


 

Des règles fluctuantes
    Parlebas, classe le jeu du volant dans la famille des «jeux physiques réglés. […] Des jeux soumis à un système de règles qui impose des obligations : les joueurs ne font pas ce qu’ils veulent. Le code définit une logique interne qui souligne les interdits et autorise des possibles en rapport avec l’espace, les accessoires, le temps et autrui. […] On retrouve ici des jeux habituellement dénommés “jeux traditionnels” (dont quelques-uns sont devenus des sports).» [3]

    À défaut de posséder des règles écrites, un règlement auquel il est difficile de déroger et qui bride les imaginaires, les règles des jeux anciens n’étaient pas données d’emblée. Elles pouvaient dépendre des désirs des protagonistes, être modifiées durant la partie, s’adapter aux configurations de l’environnement, profiter des spécificités du lieu, ou prendre en compte des lassitudes.

    Les enfants jouaient alors à quantité de jeux dont nombre ont aujourd’hui totalement disparu [4]. Ils avaient l’habitude de jongler avec leurs règles, de les accommoder à leurs envies du jour, au matériel, à l’espace dont ils disposaient et aux nombres de joueurs présents.

    Préalablement précisées en commun, elles permettaient, pour Armand Gouffé, auteur des Jeux des Jeunes Garçons, d’éviter querelles et chamailleries : «Pour s’amuser ensemble, écrit-il en 1822, il faut s’entendre [ainsi] les Enfants les moins bruyants ne s’amuseront entre eux sans dispute que lorsque leurs droits et leurs devoirs respectifs seront, en quelque sorte, fixés d’une manière claire et positive» [5].

    Jacques Lacombe notait, en 1798-1799, dans son Encyclopédie Méthodique que : «Les règles [du Volant] ne sont pas faites, & les joueurs, en commençant une partie en établissent à leur choix» [6]. La formule sera reprise à l’identique en 1807 par Jean-Félicissime Adry, dans son Dictionnaire des Jeux de l’Enfance et de la jeunesse [7]. Et, plus tard encore, en 1851, avec une légère modification, dans Les Jeux des différents âges chez tous les peuples du monde, par Louis Nicolas : les règles du jeu du volant «ne sont pas faites, et les joueurs, en commençant une partie, ont soin d’en établir à leur choix.» [8]

    Si l’on ne trouve pas à proprement dit de recueil de Règles formalisées du jeu du volant, de nombreux documents (dictionnaires anciens, ouvrages sur les jeux, revues pour la jeunesse, romans, et même chromos publicitaires [9] ) recèlent nombre d’informations sur les Manières mais aussi l’Art d’y jouer. C’est à cette découverte que nous vous invitons.

 

I. Jongler en solitaire

    «Le volant, note madame Celnart en 1846, fournit un passe-temps solitaire assez agréable pour les très jeunes personnes[10]
 

Battledore and Shuttlecock, American Girl's-Book, 1831

 

    Comme dans d'autres jeux d’enfants (cerceau, corde à sauter, toupie, etc.), il est possible de jouer au Volant en solitaire, pour s’occuper, se divertir, ou s’exercer au maniement de la raquette. «Un enfant seul peut s’amuser à ce jeu, qui a cet avantage de pouvoir être pratiqué aussi bien dans un appartement qu’en plein air : il suffit de faire sauter le Volant le plus longtemps possible sans le laisser choir[11]

 

Couverture de Cahier scolaire, verso (extrait), vers 1900 – MUNAÉ Musée National de l'Éducation

 

    On retrouve encore en 1928, cette possibilité d’occupation ludique sous la plume d’une Directrice d’École normale, B. Maucourant, dans la revue L’École et la Vie : «On s’exerce seule à lancer le volant, à le recevoir sur la raquette où il rebondit, à le lancer de nouveau, on compte les coups ; si le volant tombe à terre, la partie est perdue[12]

    Comme toute jonglerie, l’exercice n’est pas exempt de fantaisies.
    Quelques adroites jongleuses font ainsi sauter «le petit paquet de plumes» sur la tranche de leur raquette. À l’instar de Virginie, belle «brune aux yeux brûlants», qui dans un feuilleton publié par le quotidien Gil Blas en 1890, fait «sauter le volant dans un décrescendo de petits sauts, sur le bord extérieur de la raquette» [13].

 

Battledore and Shuttlecock, Tableau de Laura Theresa Alam-Tadema, vers 1890

Battledore and Shuttlecock, Tableau de Laura Theresa Alam-Tadema, vers 1890


Jongler avec deux raquettes
    Certaines dégourdies, armées de deux raquettes, s’appliquent à faire passer le volant de l’une à l’autre, comme dans le roman Un Rossignol pris au trébuchet (1856), où une jeune fille qui «jouais au volant pour empêcher le temps de me durer», y jouait «des deux mains, pour s’occuper et se servir de partenaire à elle-même» [14]

    Ou encore Claire et Céline, qui «jouaient au volant dans une galerie à jour […]. Les deux petites filles jouèrent près de cent coups de suite, sans que leur léger projectile touchât à terre. Enfin le volant tomba […]. Ce coup de maladresse était de la faute de Claire, qui avait touché le volant avec le bois, au lieu de le recevoir au milieu du grillage de la raquette. […] Que tu es étourdie ! s’écria Céline en colère [et qui abandonne sa raquette]. Claire […] prit une raquette de chaque main, et se mit à jouer au volant toute seule.» [15]


Jongler en rivalisant d’adresse
   
Les jongleries pouvaient prendre une tournure compétitive. Chaque enfant, à tour de rôle, tentant de faire mieux que sa sœur ou sa copine. Une recherche de performance qui pouvait entraîner quelques désaccords dans le comptage des jongles, d’autant que les joueuses en réalisaient un nombre impressionnant : «Nous jouions au volant, et Lucie s’est trompée en comptant les points ; j’en avais six cent quatre-vingts et elle six cents quinze seulement, et elle a prétendu en avoir six cent soixante-quinze», fait dire Octave Feuillet à l’un des personnages de son Roman d’un jeune homme pauvre (1883) [16].

 

II. «Le Jeu simple»
Faire durer l’échange, «jouer en lié» en habile compagnie

    «On ne joüe ordinairement que deux au volant»,
précise Pierre Richelet, dans son Dictionnaire François (1873-1874). [17]
 

Abbé Laurence de Savigny, Le Bonheur des enfants, vers 1858, p. 138

 

     Jouer au volant en duo est une évidence. Qui ne sait pas y jouer !
    «Tout le monde sait comme sont faits un volant et des raquettes et comment on y joue. L’habileté consiste à soutenir longtemps le volant en l’air, sans le laisser tomber. Ce jeu peut se jouer en partie à quatre», note Hocquart, en 1818 dans son Alphabet des jeux de l’enfance [18].

    Il importe alors de surtout éviter de mettre en difficulté le receveur, en dosant sa frappe pour lui envoyer un bon volant.
    Pour bien s’amuser, les «petits enfants [qui] jouent au volant […] ont bien soin de ne pas frapper trop fort quand ils reçoivent le volant dans leur raquette, afin de ne pas le faire tomber plus loin, ce qui ferait perdre la partie à celui qui aurait manqué de le recevoir» [19].

    «Pour que cet exercice soit agréable», il faut que les «deux joueurs, qui se rendent mutuellement le Volant, [fassent] tous leurs efforts pour qu’il reste longtemps sans tomber à terre» [20].

    Toute l’élégance consiste à retourner un volant aisément rattrapable et de corriger les éventuelles erreurs de son partenaire en s’efforçant de remettre le volant sur une bonne trajectoire :
    «Pour bien jouer au volant, écrit l’abbé Laurence de Savigny dans Le Bonheur de enfants (1858), il faut de la justesse dans le regard et une grande rapidité de mouvement manuel ; [car] il faut non-seulement recevoir le volant quand il arrive en ligne directe, mais il faut encore, quelle que soit la manière dont il se présente, le remettre en bonne route et le renvoyer en faisant bien la roue [une trajectoire arrondie, en cloche ?] à l’adversaire qui l’attend.» [21]

    Dans sa Grande Encyclopédie (1888), T. de Moulinars précise que la difficulté consiste «à lancer convenablement le volant, à la bonne hauteur, suivant la grandeur du partenaire, et à ne pas le laisser choir quand ce dernier le retourne en le frappant» [22].

    En l’absence de tout filet, de ficelle ou d’obstacle (muret, bosquet, grille) par-dessus lequel faire passer le volant, il importe d’adapter son renvoie à la taille du partenaire, d’éviter de le lober ou de jouer trop bas et trop court pour qu’il puisse aisément s’en saisir.
    Il faut donner beau (ou jouer beau). L’expression, issue du jeu de Paume, s’applique également au jeu du volant, «pour dire, Jouer un coup facile à prendre» [23].

 

Miss Leslie, The Girl's Book of Diversions, 1827, p. 121

 

    Le Volant est ici essentiellement un jeu de coopération et d’adresse, où les partenaires s’appliquent, multipliant inlassablement les échanges pour le seul plaisir de jouer, d’assurer une plaisante continuité.
    Le plaisir naît de la répétition, du plaisir partagé, de la réalisation du geste juste, qui n’est pas un geste d’affrontement, un geste «agressif» ou roublard, cherchant à mettre l’autre en difficulté, à le faire dé-jouer, mais un geste d’amitié, de confraternité. Le volant unit les deux joueurs, il établit un lien entre deux amis ou entre deux cœurs battant à l’unisson !

    On joue alors «en lié». Une expression que l’on trouve au détour d’un récit publié en 1837 dans le journal littéraire L’Indépendant, où un jeune homme, énamouré d’une ravissante joueuse de volant, convient avec elle «d’une partie en lié». Mais le manque d’habileté du tourtereau désespére rapidement la belle qui lui «jeta au nez volant et raquette» ! [24]

    Car à ce jeu de renvois soutenus, il convient de s’appliquer, de faire preuve d’adresse, de régularité dans sa dextérité.
    Toute «l’adresse, note Armand Gouffé en 1822, consiste à tenir ce Volant suspendu en l’air le plus long-temps possible», les deux joueurs «qui se renvoient mutuellement le Volant, [doivent faire] tous leurs efforts pour qu’il reste long-temps sans tomber à terre[25]

    Surtout ne pas mettre son partenaire en difficulté, surtout ne pas se louper, ce qui gâcherait le plaisir de son compagnon ou compagne de jeu. Aussi, les malhabiles ne sont pas les bienvenus : «Le maladroit qui vous renvoie [le volant] toujours de travers» rend la partie insipide ! [26]

    S’il faut s’évertuer à «bien recevoir le volant […] ou le relever adroitement», c’est essentiellement pour le renvoyer avec précision dans la raquette de son partenaire ,sans qu'il n'ait à se déplacer, presque sans qu'il ne bouge, ainsi «le corps et la main ne changent pas pour ainsi dire de place» ! [27]
    En 1846, Madame Celnart, insistait sur la nécessité, «pour jouer avec succès au volant [de ne] pas non plus trop forcer (lancer trop fort)», tient-elle à préciser, car «le jeu deviendrait fatigant et inégal» [28].
    Les dames, ce «sexe charmant», doivent y jouer avec mesure, sans s’agiter et toujours avec grâce.

 

Philogone, «Jeux hygiéniques de plein air. Le volant», Les Belles Images, 13 septembre 1906,

 

    Toutefois, si la plupart des joueurs sont «uniquement occupés à prolonger le jeu, en jetant et recevant le volant avec adresse», il arrive que «d’autres fois» quelque coquine, comme Lady Egglestone, «le jette malicieusement loin de la raquette de son partner, riant de sa colère» [29].

    Jouer avec un partenaire, ne gomme pas toute composante compétitive. La notion de «record» à battre est présente. il s'agit de réussir un maximum de coups, une recherche animée par le désir, l'obstination, de dépasser un précédent résultat ou un score réalisé par d’autres joueurs proches (cousins-cousines, membres de la fratrie, etc.).
    En 1830, à Badminton House, les filles du Duc Beaufort n’avaient-elles pas réussi à réaliser quelques 2117 échanges sans interruption ! Performance inscrite sur le tamis de parchemin de leurs battledores.

    La volonté de faire toujours mieux se double d’une facette spectaculaire, indissociable de la recherche du beau geste et de l’exploit. Se montrer capable de maintenir l’échange tout en l'enjolivant de figures originales, en l'émaillant d’habiletés, d'arabesques qui épateront la galerie (ou son/sa partenaire). Faire des démonstrations de puissance (envoyer le volant très haut, peut-être très loin), faire preuve de maestria en relevant in extremis un volant juste avant qu’il ne morde la poussière : «Il y a des joueurs habiles qui se plaisent à reprendre le volant terre à terre ; mais il faut alors beaucoup d’habitude.» (Celnart, 1846) [30]
    «Les joueurs très habiles reprennent le volant à ras de terre, ce qui est fort difficile» (Frédéric Dillaye, 1885) [31]

    Les bons joueurs se faisaient remarquer par leur capacité à récupérer des volants dans des conditions difficiles et à délivrer des coups hors du commun, avec décontraction, presque désinvolture.
    Ils excellaient à «jouer par-dessous jambe» !
   
L’expression se retrouve notamment en 1834 dans le dictionnaire de Napoléon Landais : «Jouer quelqu’un par-dessous la jambe, [ou] par-dessous jambe, c’est le gagner en recevant toujours la balle [au jeu de paume] ou le volant par-dessous la jambe». Au figuré, «c’est avoir une grande supériorité de talent, d’adresse, de finesse dans les affaires.» [32]

 

Carte Postale, Reproduction d'une Estampe

 

    La présence de spectateurs stimulait, elle poussait à faire étalage de prouesses. Dans une partie de volant endiablée, décrire par Émile Zola dans La Conquête de Plassans (et sur laquelle nous reviendrons), l’arrivée d’un parterre de curieux, rapidement admiratifs, galvanise l’abbé Serin : «Voyant grossir son public, [le jeune abbé] voulut enlever les applaudissements par un dernier tour d’adresse. Il s’ingénia, se proposa des difficultés, se tournant, jouant sans regarder venir le volant, le devinant en quelque sorte, le renvoyant […], par-dessus sa tête, avec une précision mathématique. […] Raffinant encore, [il] se mit à faire de petits sauts sur lui-même, à droite, à gauche, les calculant de façon à recevoir chaque fois le volant dans une nouvelle position. C’était le grand exercice final. Il accélérait le mouvement.» Il chute mais se relève instantanément «d’un bond suprême», renvoyant le volant, «qui n’avait pas encore touché le sol. Et la raquette haute», il triomphe ! [33]

    Ceux qui possèdent un bon «jeu de revers [qui, selon Ph. Daryl] se pratique en tenant la raquette droite», se distinguent (tout comme aujourd’hui), car «il est plus difficile et exige plus d’habileté» [34]. Pour complexifier l’échange, les très bons joueurs pouvaient ainsi décider de ne jouer que du revers (et non «du plat de la raquette»…).


Jouer avec deux volants
   
Une variante consiste à tenter de maintenir en l’air le plus longtemps possible deux volants :
    - «Quelques fois on joue avec deux volants dont les joueurs font à chaque coup une espèce d’échange» [35] (Armand-Gouffé, 1822) Une précision qui sera reprise encore en 1900 par Gaston Vuillier dans Plaisirs et jeux depuis les origines [36].
    - «Les enfants particulièrement habiles se servent de deux volants à la fois et les lancent en l’air, de façon qu’ils se croisent au moment où ils arrivent au plus haut point de leur course.» (Henri-René d’Allemagne, 1903) [37]
 

Mlle St Sernin, Healthful Sports for Young Ladies, 1822

Mlle St Sernin, Healthful Sports for Young Ladies, 1822

Source de l'image : Library of Congress


Jouer à plusieurs / «Former le cercle»
    Lorsque l’on dispose de suffisamment de raquettes, Il est possible de jouer simultanément à plusieurs, à 3 à 4, voire à 6. Si «les joueuses peuvent jouer librement par couples et se lancer le volant alternativement de l’une à l’autre», comme le rappelle en 1923 la revue catholique La Vie au Patronage dans les «Règles sportives du Jeu de Volant», elles «peuvent aussi se placer en cercle […]. Elles se numérotent à la suite, les paires formant une équipe, les impaires une autre. […] Les joueuses ont deux volants, un pour les nombres pairs, un pour les impairs. Elles se lancent le volant de l’une à l’autre dans chaque équipe. La première équipe qui a terminé sans fautes ou avec le moins de fautes a gagné.» Outre de laisser tomber le volant à terre, le rédacteur de l'entre-filet stipule comme autre faute : «Courir en tous sens au lieu de lancer le volant à sa place»… [38]
 

«Règles sportives du Jeu de Volant», La Vie au Patronage, p. 322.

 

    «Des joueurs plus exercés, observe l’abbé Laurence De Savigny (vers 1850), le jouent même à quatre, et prennent deux volants qui se croisent. Il faut tâcher que jamais les volants ne se rencontrent.» [39]

    Après avoir formé un cercle, les joueuses peuvent aussi se lancer le volant «de droite à gauche à tour de rôle. Commencez en vous éloignant peu les unes des autres et continuez en vous espaçant davantage», conseille Tante Caline en 1910 dans l’hebdomadaire Le Jeudi de la Jeunesse [40].

 

Le Jeudi de la Jeunesse, n° 328, 4 Août 1910, p. 239

 

    On trouve dans un copieux recueil répertoriant les règles de 200 jeux d’enfants pouvant se jouer en plein air et à la maison, la description de différentes possibilités d’ occuper au volant jusqu’à 7 joueurs ! Ceux-ci, placés en cercle, jouent alors avec «un seul volant, en se le lançant successivement dans un ordre déterminé» (voir ci-dessous). Les auteurs ne manquent pas de préciser que : «Pour bien jouer, il faut rester en place, sans courir à droite et à gauche» [41] :

 

Louis Harquevaux et L. Pelletier, 200 jeux d’enfants en plein air et à la maison, 1893

 

    Il est aussi possible de jouer en quinconce. Les joueuses placée sur deux rangs qui se font face s’envoient le volant, en le faisant circuler de joueuse en joueuse, jusqu’au bout de la ligne, avant de le faire repartir en sens inverse.
    Voir le point 2 du document ci-dessous, publié en 1935, dans l’édition pour filles de la revue catholique La Vie au Patronage (le jeu du volant fut longtemps l’une des activités physiques convenables, proposées aux demoiselles dans les institutions religieuses).
 

La Vie au Patronage, 1er juillet 1935, p. 127.

 

 

III – Jouer à coup faillant
(le temps du jouer contre et de l’élimination passagère)

    Sebastiano Locatelli (un jeune prêtre italien qui effectua, en 1664, un voyage d’études et d’observation en France) rapporte qu’à Paris, après dîner, les jolies et avenantes boutiquières jouent au volant : «Un morceau de bois tourné en forme de poire, et garni par le haut d’un petit panache des plumes que le chapon a autour du cou. Ces filles frappent le volant avec de petites palettes faites de cordes de boyau […] ; elles se le renvoient l’une à l’autre, tantôt deux cents fois, avant de le laisser tomber par terre. Tout le jeu consiste à le tenir en l’air le plus longtemps possible ; celle qui le laisse tomber perd un point, et celle qui perd douze points perd la partie.» [42]

    Si les joueurs comptabilisaient leurs erreurs en encaissant des points de pénalités, le comptage pouvait se faire, comme aujourd’hui, en donnant le point à celui qui n’avait pas commis la faute : «Le jeu simple, note Ph. Daryl en 1889 dans un article consacré au volant, se joue à deux, du plat de la raquette. Il consiste à se renvoyer le volant en s’efforçant de ne pas le laisser choir. Chaque faute vaut un point à l’adversaire. Qui compte dix points gagne la partie.» [43]

    Ce changement, une quasi inversion, pourrait indiquer un basculement dans les intentions des joueurs qui ne se contentent plus d’envoyer un volant aisé à rattraper, mais cherchent à compliquer la tâche de leur adversaire en le mettant en difficulté, afin de marquer des points…

    Les renvois pouvaient également être rendus plus difficiles en jouant sur la distance à franchir pour atteindre la position occupée par le partenaire de jeu :
    - «Les deux joueurs se placent l’un en face de l’autre, à une distance de quelques mètres, et se renvoient mutuellement un volant avec la raquette. Lorsque le volant est tombé par terre, la partie est terminée aux dépens du joueur maladroit.» [44]
   
- Les joueurs doivent se placer à une certaine distance l’un de l’autre, «de quatre à cinq pas environ» (selon les «Règles sportives du Jeu de Volant» [45] ).

 

Auguste Omont, Les Jeux de l'enfance, 1894, p. 27

 

Éliminations
    Lorsque l’on est plusieurs et que l’on ne dispose pas de suffisamment de raquettes, celui qui loupe le volant ou n’arrive pas à le retourner correctement, celui qui «commet la faute de laisser choir le volant ou de le mal lancer» [46], cède sa place. Il est «éliminé», remplacé par le joueur suivant et ainsi de suite. On joue alors à «coup faillant». Du verbe faillir : manquer son but, échouer, commettre une erreur. L’expression était utilisée au jeu de paume et au volant.
    - «On dit […] Jouer à coup faillant, à coup failli, pour dire, Jouer à la place du premier des joueurs qui manque.» (Dictionnaire de l’Académie Françoise, 1801) [47]
   
- «Cependant si trois enfants et même un plus grand nombre se trouvent disposés à prendre ce plaisir, et qu’ils n’aient pour eux tous qu’un Volant et deux raquettes, on joue à coup faillant ; le joueur maladroit qui a laissé tomber le Volant à terre sans le relever, est aussitôt remplacé par un autre, et devient à son tour spectateur jusqu’à ce que le malheur ou la gaucherie d’un de ses camarades lui fournisse l’occasion de rentrer.» (Armand Gouffé, 1822) [48]
   
- «Le joueur du côté duquel le volant meurt, c’est-à-dire tombe à terre, cède sa place à l’un des assistants» (Celnart, 1846) [49].

    Si l'«on y joue ordinairement à deux, mais quelquefois trois ou quatre ; et alors, le troisième et le quatrième prennent la place de ceux qui manquent. Le Volant doit toujours être en l’air ou sur la raquette, de manière que lorsqu’il est prêt de tomber, le joueur à qui il a été renvoyé, doit le recevoir et le repousser avec sa raquette : on se le renvoie ainsi l’un à l’autre. Celui qui ne le prend pas et qui le laisse tomber, ou qui l’envoie hors du jeu, ne joue plus, cède sa place à un autre joueur.» [50]
    Il est ainsi possible d’intégrer un plus grand nombre de «personnes se livrant à ce plaisir». Le joueur qui se loupe étant «aussitôt remplacé par l’un des spectateurs» [51].

    On entre dans un processus par élimination directe. Les perdants se voient successivement évincés. Seul le gagnant reste en lice et poursuit le jeu jusqu’à disputer une sorte de finale… On peut imaginer que les participants soucieux d’éliminer leurs rivaux ne se contentaient pas de retourner gentiment le volant.

    (Le Volant n’était pas seul à se jouer au coup faillant. Le cerceau peut s’y jouer, lorsque «plusieurs joueurs ne [disposent] que d’un seul cerceau, ils peuvent jouer le coup faillant. Pour cela, ils tirent au sort l’ordre dans lequel ils joueront, et prennent le cerceau dès que la maladresse de leur prédécesseur le laisse tomber.» [52])


Jouer à plusieurs, camp contre camp
 

Animals At Play, Illustration R. André,


    Il est également possible de constituer des équipes, des paires, des triplettes, etc., qui concourent face à face : «Si les joueuses sont au nombre de quatre, six ou davantage, elles jouent au coup faillant, c’est-à-dire qu’elles se divisent en deux camps, pour se substituer l’une à l’autre toutes les fois que le volant tombe à terre.» [53]
    «Quand on est quatre ou six, on fait deux camps et les points comptent au camp adverse. On joue en 10, 15 ou 20 points, selon les conventions», précise en 1906 Philogone dans un court article consacré au Volant (un excellent jeu «hygiénique de plein air»), sans plus de précision, si ce n’est que «le but de ce jeu est de ne pas laisser choir le volant à terre ; chaque faute [donnant] un point à l’adversaire.» [54]

    Dans cette explication du jeu (à plusieurs), apparaît déjà la notion de terrain. Non pas en tant que cible (à toucher et à défendre), mais en tant que camp, qu’espace plus ou moins bien délimité, que le volant doit atteindre. Tout volant qui sort de l’aire de jeu, qui est envoyé «hors du jeu» est compté faute.

    Les limites des terrains pouvaient être tracées au sol, être délimitées latéralement par les murs d’habitations (il n’était pas rare que le jeu envahisse les rues, alors étroites) ou correspondent aux bordures d’un chemin. Nombre de chromos présentant le jeu du volant montrent ainsi des enfants jouant dans les allées de parcs. Pour être «bon», le volant devait rester dans ce «couloir», et ne pas atterrir sur les pelouses avoisinantes.

 

Chromo publicitaire, The Rendez-vous of Fashion (Paris) – Dim. 10 x 5,5 cm

Pour découvrir d'autres illustrations :
«Chromos publicitaires et Jeu du Volant»

 

    On peut également imaginer que, pour obliger à allonger les renvois, une ligne, à nécessairement dépasser, pouvait être également tracée.
    On trouve ainsi, dans le roman d’Émile Zola, La Conquête de Plassans (1874), la description d’une partie de volant fort instructive, entre un prélat et deux jeunes filles.
    L’abbé Surin, présenté comme un adversaire de «première force», se mesure à Angélique et Aurélie Rastoil qui, toutes deux, approchent la trentaine (ce ne sont donc pas des fillettes qui jouent !). La partie s’engage dans une impasse arborée, à l’ombre des maroniers, pour ne pas être éblouis par les derniers rayons du soleil, mais aussi disposer de bien plus de recul (que dans le jardin attenant).
    Les deux demoiselles débutent la première manche, disputée à coup faillant. Celui qui «manque le volant» cède sa place.
    L’abbé entre en scène. «Soutane ramené entre ses jambes», il épate la galerie. Son habileté et son dynamisme impressionnent. Maniant sa raquette «avec une adresse et une ampleur vraiment magistrales. […] Il bondissait en avant, en arrière, sur les côtés, ramassait le volant au ras du sol, le saisissait d’un revers à des hauteurs surprenantes, le lançait roide comme une balle ou lui faisait décrire des courbes élégantes, calculées avec une science parfaite. D’ordinaire, il préférait les mauvais joueurs, qui, en jetant le volant au hasard, sans aucun rythme, selon son expression, l’obligeaient à déployer toute la souplesse de son jeu.»
    Les parties s’enchaînent. L’abbé, en sueur, «rose comme une fille», retrousse les manches de sa robe. Il fait maintenant face à Aurélie, décrite comme «d’une joli force». Aussi, se sentant regardé, il «recule la distance, en plaçant mademoiselle Aurélie à vingt pas». La précision est d’importance. Elle nous indique que des adultes pouvaient se mesurer en échangeant à des distances conséquentes. Ici une quinzaine de mètres (si l’on se réfère à la valeur de l’ancienne mesure anthropométrique d’un «pas»), ce qui est nettement supérieur à l’actuelle longueur d’un terrain de badminton (13,40 m)…
    Même si la distance à franchir peut paraître surprenante (au vu de la rigidité des raquettes d’alors), cette mise à distance de l’adversaire confirme que le jeu du volant pouvait prendre la forme d’un défi, où les joueurs allongeaient leurs coups pour atteindre leur adversaire. Et que, comme le note Zola, «le volant, lancé du poignet, [vole] de l’un à l’autre […] sans que les joueurs bougeassent de place».
    Ce qui semble indiquer que chaque joueur se situait dans un périmètre restreint. Une zone qu’Aurélie a bien du mal à atteindre. L’abbé Surin cumulant trois-cent-dix points, «depuis qu’on a changé la distance», alors qu’Aurélie «n’en a que quarante-sept» ! [55]

 

Tableau réalisé par l'archéologue et dessinateur Jean-Baptiste Heraclée Olivier de Blocquel de Croix de Wismes (1814-1887) – Collection Jadwiga Slawska Szalewicz

 

    Ainsi, les frappes pouvaient-elles être puissantes, ce qui pouvait occasionner quelques blessures…
    Le jeu n’était pas sans risques ! D’autant que les raquettes étaient sans doute rustiques et robustes et que les volants pouvaient être lestés d’un clou ou d’un métal fondu pour être envoyés plus haut et plus loin.
    Selon la fougue des protagonistes, le jeu du volant pouvait dès lors se révéler «dangereux» :
    - dans un passage consacré aux fractures «produites pas des contractions musculaires», le Dictionnaire de médecine usuelle et domestique, rapporte «qu’un jeune homme se cassa le bras en frappant un volant avec la raquette.» [56] ;
    - et dans l’un des trois cas de cataracte «produite par l’action directe d’un corps vulnérant sur la cornée», rapporté dans sa thèse par M. Maunoir : «Ce fut un volant lancé par une raquette» (les deux premiers étant consécutifs à un bouchon de vin de champagne lancé avec violence) [57].


Jouer dans un temps imparti et un espace défini
    On trouve au verso d’un chromo édité par la chocolaterie Révillon (illustré par un taleau de Maurice Leloi – peut-être Leloir ? –, intitulé Le volant sous l’Empire»), une précision indiquant que les parties pouvaient également se jouer dans un laps de temps défini : «Les parties se jouent en désignant un délai de temps pour chaque partie qui est gagnée par le joueur ayant la moins de balles [volants] manquées
    Outre la mise en place d’un comptage des points perdus, et d’une limite temporelle, les joueurs s’affrontaient sur un espace délimité : «Le champ du jeu ne dépasse jamais une dizaine de mètres et est divisé en deux parties égales», est-il encore précisé.

 

Le Volant, Chromo Chocolat Révillon - © Collection particulière


 

    On a bien là l’apparition de deux demi-terrains aux dimensions identiques… Ne manque plus qu’un filet, pour que l’on obtienne un succédané de badminton !
    Car on peut penser que l’objectif du jeu étant de remporter la partie, joueurs et joueuses, tout en s’appliquant à remettre le volant dans le terrain adverse, cherchaient également à mettre leur(s) adversaire(s) en difficulté.
    Dans ses Mémoires de l’année 1653, la duchesse de Montpensier, petite-fille d’Henri IV, explique s’y adonner avec passion (4h par jour !) et que, bien que ne manquant pas d’adresse, sa partenaire, forte d’une plus grande puissance de frappe qu’elle, l’emportait régulièrement : «Comme j’aime les jeux d’exercice, j’y jouais deux heures le matin et autant l’après-dînée. […] Je jouai avec madame de Frontenac, qui me disputait sans cesse, quoi qu’elle me gagnât toujours : car, quoique que je jouasse avec plus d’adresse, sa force l’emportait par-dessus.» [58]

    Les échanges n’étaient pas toujours aussi courtois que l’on pourrait le penser… Les joueurs pouvaient faire preuve de vigueur et ne pas se faire de cadeau.
    L’auteur d’une comédie recourt ainsi à la métaphore du jeu du volant pour illustrer «le jeu de la politique», un jeu ou tous les coups sont permis pour mettre en difficulté son adversaire comme… au volant : «Avez-vous jamais joué au volant ? […] Chaque joueur s’arme d’une raquette et s’étudie à faire voler quelque chose un peu plus haut ou un peu plus bas, à droite ou à gauche. Les joueurs sont d’un sérieux impassible, les spectateurs d’une anxiété sans égale, suivant de l’œil ce quelque chose qui vole et qui une fois tombé n’est plus qu’un morceau de liège avec des plumes.» [59]

Voir sur ce même blog : «Jeu du volant et politique»
 

    Le système d’interaction semble bien être, comme identifié par Pierre Parlebas, celui d’un duel d’individus : «Deux adversaires s’affrontent de façon absolue, chacun tentant de vaincre l’autre». Le Volant qui sollicite «une participation alternée» est un duel symétrique, «chaque joueur étant à égalité de moyens avec son opposant» [60].

    Un duel dont le perdant peut écoper d’une peine.


Baisers d’honnêteté et petite friction
    Ici, pas de récompense, mais des gages comme enjeu, pour corser la partie !
    Dans l’illustré Le jeudi de la Jeunesse, Tante Caline donnait ainsi ce conseil aux joueuses de volant : «Pour intéresser le jeu, faites payer un gage à celle de vos compagnes qui manqueront le volant et, lorsque vous serez un peu fatiguée de jouer vous tirerez les pénitences.» [61]
   
Peine légère, souvent agréable et coquine (voire libertine), le gage prenait souvent la forme d’un baiser : «Lorsque le volant tombe à terre, il y a un baiser de pris et un de donné» [62]. Des baisers d’honnêteté qui «ne sauraient effaroucher ni la pudeur, ni la prudence, puisqu’un baiser d’honnêteté, pris et donné devant de nombreux témoins, est souvent un acte de bienséance ; cependant il est bon de ne les point multiplier» [63].

    Le gage, surtout chez les garçons, pouvait virer à de plus piquantes «punitions» : «On lance le volant d'un camp à un autre. Celui qui manque son coup est poursuivi par son adversaire, qui l'atteint (c'est de règle) et lui frictionne les oreilles.» [64]

 

IV – Apparitions de «filets»

    Des semblants de filets ont fait leur apparition avant que le badminton à l’instar du lawn tennis (déclinaison anglaise du jeu de paume, jouée sur pelouse) ne l’intègre et ne l’institue comme incontournable séparation à franchir.
 

«Jouer suivant les règles de la paume»
     Nous avons vu dans de précédents textes (auxquels nous renvoyons le lecteur), comment, en 1767, François Alexandre Garsault dans son Art du Paumier-raquetier décrivait les intenses parties de volant que Monseigneur le Duc d’Orléans disputait au tournant du XVIIIème siècle en lieu et place du jeu de paume. Des parties où deux camps s’opposaient de part et d’autre de deux filets consécutifs.

    Voir à ce propos :
    - «La pré-histoire "royale" du Badminton», Musée de Nice, Projet Stadium / L'héritage du Sport, 2023 ;
    - ou «Les "Parties de volant" de Monseigneur le Duc d'Orléans, Régent du royaume, ancêtre du badminton ?», in lavieduvolant.org, août 2022.

    Quelques années auparavant, en 1761, Garsault avait déjà abordé cette manière de jouer «comme à la paume», dans un Notionnaire (ouvrage où il aime «ne parler que des matières qui sont d’un si grand usage, qu’il n’est, pour ainsi dire, pas permis d’ignorer ce que j’en ai dit» !) [65]
    «Le jeu du volant, écrivait-il alors, peut se jouer comme à la paume, en suivant les mêmes règles.»
    Après avoir donné quelques précisons sur les instruments du jeu, en insistant sur la composition du volant, il rappelait sommairement en quoi consistait habituellement jouer au volant, avant de conclure, certes lapidairement, en faisant référence à des parties plus sérieuses jouées à la manière du Duc d’Orléans par des Collégiens…
    Une esquisse qui nous apprend aussi que le volant pouvait être aussi repris de bond (soit après un rebond) :
    «Ce qui s’appelle jouer au volant, c’est jouer à se le renvoyer de volée ou de bond jusqu’à ce qu’on manque. On joue quelquefois au premier manquant ; alors un tiers se met à la place de celui qui a manqué. C’est ainsi qu’on traite ce jeu parmi les jeunes gens dans les Collèges. Les Pensionnaires jouent quelquefois des parties sérieuses, suivant les règles de la Paume.» [66]

 

Charles A. Garsault, Notionaire ou Mémorial Raisonné, 1761, p. 689.

 

    Si ces parties de volant disputées dans un jeu de paume donc par-dessus un filet (ou deux filets successifs, en ce qui concerne le Duc d’Orléans) n’ont sans doute été qu’anecdotiques et ont disparu avec la fermeture de ces établissements, on trouve au détour d’autres textes s’intéressant aux jeux d’enfants l’apparition de «filets» ou d’aménagements en tenant lieu, relevant d’une même intention : supprimer les trajectoires trop basses difficilement rattrapables, ou agrémenter le jeu en y introduisant une difficulté supplémentaire.

    C’est ainsi qu’en 1826, Paulin-Désormeaux, dans Les Amusements à la campagne, note que «si l’on joue dans une allée, on ajoute à l’agrément du jeu, en tendant d’un arbre à l’autre et à une certaine hauteur, un ruban, et en accordant un honneur ou un prix quelconque à celui qui fera passer son volant par-dessus, un nombre de fois déterminé». [67]
   
Ce ruban tendu à une certaine hauteur signe bien l’apparition d’un premier «obstacle» à tenter de franchir (à plusieurs reprises) pour être récompensé. On peut imaginer que le joueur/joueuse qui n’arrivait pas à faire passer le volant au-dessus de cette hauteur matérialisée pouvait aussi perdre l’échange…

    Notons également l’intention semble-t-il partagée par nombre de joueurs d’envoyer toujours plus haut (et sans doute plus loin) le volant, un projectile dont il était coutumier d’alourdir et de renforcer le bouchon à cet effet : «Qui est-ce qui ignore qu’en chargeant un peu de liège, soit en y plantant un clou à tête ronde, soit en y faisant couler quelque peu de plomb, on augmente la force de répulsion des raquettes et qu’on fait monter le volant beaucoup plus haut ?» [68]


1893 – Du Lawn-tennis au «badminton»
    On trouve dans un recueil publié en 1893 (5ème édition), exposant les règles précises de 200 jeux «à la portée des enfants jusqu’à l’âge de 14 ans», une adaptation du lawn-tennis, à un espace réduit, qui s’apparente à du badminton.
    Les auteurs commencent par décrire ce tennis sur gazon arrivé d’Angleterre (mais qui «a une origine française, car il a, à peu de chose près, les mêmes règles que la Courte paume»), et qui se «joue avec des raquettes, une balle en caoutchouc plein et un filet». Dans cette présentation, les joueurs des deux camps qui s’affrontent (chacun composé de 5 joueurs, voir illustration) ne sont pas autorisés à pénétrer dans une zone avant délimitée par un tracé et située de part et d’autre du filet (ils perdent alors un point).
    Les auteurs conseillent, faute d’un espace suffisant, de remplacer la balle par un «volant assez lourd» qui alors ne pourra être repris que de volée : «Quand on ne dispose que d’un petit emplacement on emploie au lieu de balle, un volant assez lourd ; [et] dans ce cas on le reçoit de volée» [69], la possibilité de le reprendre après un rebond disparaissant.
    Cette dernière proposition d’adaptation du lawn-tennis (tel que décrit par ces auteurs) se rapproche nettement du badminton.

 

L. Harquevaux et L. Pelletier, 200 jeux d’enfants en plein air et à la maison, 1893

 

    En 1905, l'illustré La Jeunesse Moderne proposera lui aussi, à la fin d’une brève également consacrée au Lawn-Tennis, la possibilité de «remplacer la balle par un volant», précisant : «Mais dans ce cas le volant devra toujours être renvoyé avant qu’il ait touché le sol» [70].


Quand les jeunes filles «modernes» jouaient des matchs de volant
   
En 1904, on trouve, dans le même hebdomadaire qui «amuse et instruit» La Jeunesse Moderne, la description d’une partie de volant qui, même si elle se déroule sans filet, a toutes les allures d’un match de badminton.
    Les jeunes filles qui s’y livrent ont préalablement délimité au sol une large zone séparant leurs deux camps, où le volant ne doit pas tomber. Ce qui est une manière de créer un filet lorsque l’on n’en dispose pas (ou lorsque rien ne permet d’accrocher ne serait-ce qu’une simple ficelle). Faute de séparation verticale, c’est en définissant une zone à franchir, une «rivière», que l’on crée un obstacle. Un obstacle, certes horizontal, mais qui, tout comme un filet, oblige à allonger les trajectoires afin de dépasser l’espace interdit : «On perd un point [...] quand le volant n'a pas été lancé avec assez de force pour aller au delà de la ligne extrême, c'est-à-dire quand il tombe entre la ligne séparant l'emplacement du jeu en deux parties égales et la ligne indiquant le camp opposé.» (voir illustration ci-dessous)

 

La Jeunesse Moderne, 17 décembre 1904

 

    C’est d’ailleurs ce que font aujourd’hui les joueurs de Beach Ball (ou racket ball) qui, délimitent dans le sable «une zone de 10 mètres, dans laquelle les joueurs ont interdiction de pénétrer». S’il s’agit avant tout d’effectuer le plus grand nombre d’échanges possibles pour battre les autres paires qui attendent leur tour (ou pour espérer améliorer le record du monde officiel, établi en août 2024 avec 4086 coups), des matchs improvisés commencent à être disputés, la balle tombant dans cette zone ou ne ciblant pas le camp adverse donnant un point à l’adversaire.

    Dans son dernier paragraphe, l'article de La Jeunesse Moderne précédemment cité mentionne également la possibilité de jouer à plusieurs, «à quatre et même à six», en «déterminant d’avance l’ordre dans lequel [les joueurs] devront recevoir et renvoyer le volant». On imagine qu’après avoir frappé le volant le joueur/la joueuse concerné-e s’écartait afin de laisser le suivant s’en saisir, etc.

    Vers 1921, l’auteur d’un livre pour enfant abondamment illustré, À quoi jouons-nous ?, donne une version sportive du volant avec deux terrains bien délimités, séparés par une zone à franchir. Le terrain adverse devient une cible à atteindre en mettant le receveur en difficulté, pour qu’il ne puisse renvoyer le volant. Pour cela l’auteur du texte avance une tactique bien connue en badminton : faire reculer «l’autre joueur» puis en profiter pour déposer le volant juste derrière la ligne de séparation : «Sur le sol nous tracerons une ligne et nous nous placerons de chaque côté.
    Tout le jeu consiste à ne jamais laisser tomber le jeu dans son propre camp, tout en prenant ses dispositions pour qu’il tombe chez son adversaire.
    Le mieux pour mettre l’autre joueur en défaut sera de lancer le volant assez loin, puis, au coup suivant alors que le joueur se sera éloigné de la ligne, de le faire tomber tout auprès. Cette série de déplacements n’ira pas sans des démarrages qui, par leur répétition, provoqueront la fatigue et la transpiration.
» [71]

 

E. Webber, À quoi jouons-nous ?, vers 1921. Aquarelle de Robert Sallès

 

    Même si les deux précédentes manières décrites de jouer au volant sont postérieures aux timides introductions du badminton en France, des prémices qui auraient pu influencer les journalistes, on peut plus sûrement penser qu’il rend compte de formes de pratiques déjà existantes…
 

Le Badminton, une mise en forme sportive du jeu du volant
   
Rien d’étonnant dès lors que dès ses premières apparitions en France le Badminton, ce nouveau jeu venu d’Angleterre, n’ait été souvent appréhendé que comme un jeu de volant revisité, un «jeu de volant au filet» [72].

    En 1880, La Vie Parisienne, n’y voit que «le cher jeu de volant de notre enfance qui a migré en Angleterre et qui nous revient sous ce nom pompeux» [73].

 

La Vie Parisienne, 27 novembre 1880

 

    L’apparition d’un filet vertical, un peu haut, serait une intéressante solution obligeant les joueurs à envoyer le volant «à la bonne hauteur», ce qui supprime les conflits entre joueurs :
    En 1888, Th. De Moulidars, dans La Grande Encyclopédie, Universelle, Illustrée des Jeux et des Divertissements de l’Esprit et du Corps, consacre un article au badminton qu’il présente comme «une modification du jeu de volant». Dans cette toute première description d’un exercice «encore inconnu chez nous», l’ajout d’un filet est exclusivement perçu comme une astuce favorisant les échanges, en forçant «les adversaires à lancer le volant à bonne hauteur». C’est-là un excellent moyen d’éviter toute protestation, car habituellement «lorsque l’un des joueurs vient à manquer le projectile, il accuse presque toujours son adversaire de l’avoir mal lancé». Le filet n’aurait donc «d’autre but que de prévenir toute discussion». Si le volant est «mal lancé», insuffisamment haut, le filet se chargera de l’intercepter et l’erreur sera manifeste ! [74]

    Au tournant de l’année 1909, plusieurs premières articles et entrefilets qui, s’intéresseront au badminton, le présenteront comme un «jeu de volant scientifique» [75].

    En 1933, il est toujours pour le journal L’Ami du Peuple «un vieux jeu français, arrangé au goût du jour» par des étrangers [76] et, pour L’Intransigeant, il n’est que «le jeu de volant, délices de nos premiers ans, perfectionné à la limite du possible» [77].

    En 1946, la revue Sports et Camping sous-titre l’article qu’elle consacre au Badminton : «Ou le volant de nos grands’mères mis à la mode de Grande-Bretagne» [78].

    En 1933, pour le rédacteur du Progrès de la Somme, Jean Garin-Lhermitte, le badminton n’est qu’une appellation barbare, une trouvaille d’«Anglais qui n’ont pas de fantaisie» et se sont permis de «réglementer le jeu de volant». Un jeu qu’ils ont «dépouillé […] de sa fantaisie et de sa grâce pour en faire un jeu dont on “apprendra la technique“ !» Aussi faudra-t-il se résoudre à «Apprendre à jouer !», à ne plus jouer en laissant libre cours à «une imagination débridée» mais en se pliant à une «systématique» [79] !

    On trouve là une première critique, certes empreinte d'un patriotisme bien franchouillard, de la sportivisation (ou sportification [80] !) des jeux traditionnels. Une stricte codification qui les enferme dans un carcan de réglementations, et qui, en imposant l’apprentissage de techniques, viderait les jeux de tous leurs charmes, de leur souplesse adaptative, les rigidifierait. Finie la plasticité du jeu, ses réinventions. Le joueur (désormais compétiteur) doit se plier aux règles édictées par les nouveaux maîtres du jeu !


ANNEXE
 

Verso Couverture cahier scolaire, vers 1920 – © MUNAÉ, Musée National de l'Éducation

 


[1] Johan Huizinga, Homo Ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, p. 31.
[2] Pierre Parlebas, «Des jeux dans les enluminures», in Ludica. Annali di storia e civiltà del gioco, n°15-16, Viella Libreria Editrice, 2009-2010, p. 29.
[3] Ibidem, p. 14.
[4] Voir, par exemple, le recueil de L. Harquevaux et L. Pelletier, 200 jeux d’enfants en plein air et à la maison, Paris, Librairie Larousse, 1893 (5ème édition). Réédité en 2014, La France Pittoresque, collection «Au Temps Jadis».
[5] Armand Gouffé, Les Jeux des Jeunes Garçons représentés par 25 gravures à l’aqua-tinta d’après les dessins de Xavier Le Prince, avec l’explication détaillé des règles de chaque jeu ; accompagnées de fables nouvelles par MM. Le Franc, Armand-Gouffé, etc. et suivis d’anecdotes à chaque jeu, «Le Volant», Paris, Firmin Didot, 1822 (5ème édition), p. 6.
[6] Jacques Lacombe, Encyclopédie Méthodique […]. Suite du Dictionnaire des Jeux, Paris, H. Agasse, 1798-1799, p. 161.
[7] Jean-Félicissime Adry, Dictionnaire des Jeux de l’Enfance et de la jeunesse, chez tous les peuples, Paris, Chez H. Barnou, 1807, p. 291.
[8] Bescherelle Ainé, (sous la direction de), Les Jeux des différents âges chez tous les peuples du monde depuis l’Antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours, Paris, Marescq et Cie Éditeurs, 1851, p. 48.
[9] Voir sur le blog lavieduvolant.org : «Chromos publicitaires et Jeu du Volant» et «Chromolithographie, Chromos, Éphéméras et “jeu du volant”».
[10] Madame Celnart [Élisabeth-Félicie Bayle-Mouillard (1796-1865)], Nouveau Manuel complet des Jeux de Société, renfermant tous les jeux qui conviennent aux jeunes gens des deux sexes, Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, 1846, p. 48.
[11] «Récréations enfantines. Jeu du volant», Couverture de Cahier scolaire, Verso, vers 1900. Disponible sur MUNAÉ Musée National de l'Éducation.
[12] B. Maucourant, in L’École et la Vie, 1er janvier 1928, p. 748 – Source RetroNews.
[13] Hugues Le Roux, «Les Larrons», Gil Blas, 2 mars 1890, p. 3.
[14] Saintine, X.-B., Un Rossignol pris au trébuchet, Paris, Hachette, 1856, p. 55 et p. 54.
[15] Les Jeux de la poupée : conversations d’une petite fille avec sa poupée, mêlées de Contes, Fables et Historiettes, Paris, Amédée Bédelet Librairie, 1865, p. 50.
[16] Octave Feuillet, Le Roman d’un jeune homme pauvre, Paris, Calmann-Lévy, 1883 (84ème édition – 1ère édition 1858), p. 43.
[17] Pierre Richelet, article «Volant», in Dictionnaire François, Tome 3, 1873-1874, p. 888.
[18] Édouard Hocquart, «Le jeu du volant», Alphabet des jeux de l’enfance. Orné d’un grand nombre de jolies figures, Paris, J. Langlumé et Peltier, 1818, p. 44. Réédité en 1860 sous le titre d’Alphabet des jeux de l’enfance renfermant la description des jeux les plus amusants et des Notions instructives sur divers sujets.
[19] Alphabet Illustré des Jeux de l’enfance, Paris, Delarue Libraire-Éditeur, p. 76.
[20] Armand Gouffé, «Le Volant», in Les jeux des Jeunes Garçons représentés par 25 gravures à l’aqua-tinta d’après les dessins de Xavier Le Prince, avec l’explication détaillé des règles de chaque jeu ; accompagnées de fables nouvelles par MM. Le Franc, Armand-Gouffé, etc. et suivis d’anecdotes à chaque jeu, Paris, Firmin Didot, 1822 (5ème édition), p. 43.
[21] Abbé Laurence de Savigny, Le Bonheur de enfants, chapitre N°35 : «Le volant et la balle», Paris, Chez Aubert et Cie, non daté (réédité en 1858 chez A. De Vresse), p. 138.
[22] T. De Moulidars, «Le volant», in Grande Encyclopédie méthodique, universelle, illustrée, des jeux et des divertissements de l’esprit et des corps, Paris, A la Librairie Illustrée, 1888, p. 320.
On retrouve cette précisions au verso d'un texte imprimé au verso d'une Couverture de Cahier scolaire : «Récréations enfantines. Jeu du volant», éditée vers 1900 (disponible sur MUNAÉ, Musée National de l'Éducation) :
«Toute la difficulté de ce jeu consiste à lancer convenablement le Volant à une certaine hauteur, suivant la taille du partenaire, et à ne pas le laisser tomber à terre quand ce dernier le renvoie en le frappant de sa raquette.»
[23] Voir, par exemple, Dictionnaire Universel François et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trevoux, Tome Premier A-B, 1740, p. 941.
[24] «Une fille perdue», in L’Indépendant, Furet de Paris et de la Banlieue, Littérature, Beaux-Arts, Théâtre, Librairie, Industrie et Annonces, Dimanche 9 avril 1837, p.1-2.
[25] Armand-Gouffé, Les jeux des Jeunes Garçons représentés par 25 gravures à l’aqua-tinta d’après les dessins de Xavier Le Prince, avec l’explication détaillé des règles de chaque jeu ; accompagnées de fables nouvelles par MM. Le Franc, Armand-Gouffé, etc. et suivis d’anecdotes à chaque jeu, «Le Volant», Paris, Firmin Didot, 1822 (5ème édition), p. 43.
[26] Jacques Lermont, Les Cinq nièces de l’oncle Barbe-Bleu, Paris, Librairie d’Éducation de la Jeunesse, 1892, p. 44.
[27] «V. Volant», Alphabet Gymnastique, p. 67-68.
28] Madame Celnart [Élisabeth-Félicie Bayle-Mouillard (1796-1865)], Nouveau Manuel des Jeux de Société, renfermant tous les jeux qui conviennent aux jeunes gens ses deux sexes, Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, 1846, p. 48.
[29] Cf. Frances Moore, Un an et un jour, Roman traduit par Mme la Baronne Isabelle de Montolieu, 1820, Tome 1, Paris, Arthus Bertrand Libraire, p. 117.
[30] Madame Celnart [Élisabeth-Félicie Bayle-Mouillard (1796-1865)], Nouveau Manuel des Jeux de Société, renfermant tous les jeux qui conviennent aux jeunes gens ses deux sexes, Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, 1846, p. 48.
[31] Frédéric Dillaye, Les Jeux de la jeunesse : leur origine, leur histoire et l’indication des règles qui les régissent, Paris, Imprimerie A. Lahure, 1885, p. 243.
[32] Napoléon Landais, Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français, Tome second, Paris, Didier Libraire-Éditeur, 1846 (9ème édition), p. 111.
«Au jeu de paume et au jeu de volant : jouer quelqu’un par-dessous la jambe, par-dessous jambe, c’est le gagner en recevant toujours la balle ou le volant par-dessous la jambe ; — et fig., jouer quelqu’un par-dessous la jambe, par-dessous jambe, c’est avoir sur lui une grande supériorité de talent, d’adresse de finesse dans les affaires. N’ayez rien à démêler avec cet homme, il vous jouerait par-dessous la jambe, par-dessous jambe.»
[33] Émile Zola, Les Rougon-Macquart. La Conquête de Plassans, Chapitre XIV, Paris, G. Charpentier Éditeur, 1879, pp. 206-207.
[34] Ph. Daryl, «Les jeux de plein air pour les jeunes filles. Le volant», in La Femme, journal bimensuel publié par l’Union Nationale des Amies de la Jeune fille, 1 er mai 1889, p. 68.
[35] Armand-Gouffé, Les jeux des Jeunes Garçons […], op. cit., 1822 (5ème édition), p. 44.
[36] «Quelquefois on joue avec deux Volants, dont les joueurs font à chaque coup une forme d’échange.» Gaston Vuillier, Plaisirs et jeux depuis les origines, Paris, J. Rothschild Éditeur, 1900, p. 142.
[37] Henri-René d’Allemagne, Musée rétrospectif de la classe 100 Jeux à l’exposition Universelle Internationale de 1900, à Paris, Tome 1er, 1903, p. 215.
[38] «Règles sportives du Jeu de Volant», La Vie au Patronage. Organe Catholique des Œuvres de Jeunesse. Édition pour jeunes filles, 1er janvier 1923, p. 322.
[39] Abbé Laurence de Savigny, Le Bonheur de enfants, chapitre 35 : «Le volant et la balle», Paris, Chez Aubert et Cie, non daté (réédité en 1858 chez A. De Vresse), pp. 138-139. Même remarque de Henry-René d’Allemagne : «Les enfants particulièrement habiles se servent de deux volants à la fois et les lancent en l’air, de façon qu’ils se croisent au moment où ils arrivent au plus haut point de leur course.» (p. 215)
[40] «Les jeux de plein air. Le Volant», Le Jeudi de la Jeunesse, n° 328, 4 Août 1910, p. 239.
Autre lien sur le site Juventa.
[41] Louis Harquevaux et L. Pelletier, «Le volant», in 200 jeux d’enfants en plein air et à la maison, Paris, Librairie Larousse, 1893, 5ème édition, p. 22.
[42] Sébastien Locarno (prêtre Bolognais), Voyage de France. Mœurs et coutumes de France (1664-1665), traduit par Adolphe Vautier, Paris, Alphonse Picard et Fils, éditeur, 1905, p. 123. Source Gallica-BnF.
[43] «Les jeux de plein air pour les jeunes filles. Le volant», in La Femme (journal bimensuel publié par l’Union Nationale des Amies de la Jeune fille), 1er mai 1889, p. 68.
[44] «La Raquette», in Auguste Omont, Les Jeux de l’enfance à l’école et dans la famille, Paris, Librairie Classique Internationale, 1894 (5ème édition),p. 27.
[45] «Règles sportives du Jeu de Volant», La Vie au Patronage, p. 322.
[46] T. De Moulidars, «Le volant», in Grande Encyclopédie méthodique, universelle, illustrée, des jeux et des divertissements de l’esprit et des corps, Paris, A la Librairie Illustrée, 1888, p. 320.
[47] «Faillir», Dictionnaire de l’Académie Françoise. Nouvelle édition. Tome second. D – K, 1801, p. 422. Source : Münchener Digitalisierungs Zentrum.
[48] Armand Gouffé, Les jeux des Jeunes Garçons […], op.cit., 1822 (5ème édition), p. 43.
[49] Madame Celnart [Élisabeth-Félicie Bayle-Mouillard (1796-1865)], Nouveau Manuel des Jeux de Société, renfermant tous les jeux qui conviennent aux jeunes gens ses deux sexes, Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, 1846, p. 48.
Repris par Frédéric Dillaye, «Le volant», in Les Jeux de la jeunesse : leur origine, leur histoire et l’indication des règles qui les régissent, Paris, Imprimerie A. Lahure, 1885, p. 243.
[50] «Le volant», in Jeux de l’enfance et de la jeunesse, édition ornée de gravures, Paris, Librairie Delarue, p. 62.
[51] Gaston Vuillier, Plaisirs et jeux depuis les origines, Paris, J. Rothschild Éditeur, 1900, p. 142.
[52] Frédéric Dillaye, Les Jeux de la jeunesse : leur origine, leur histoire et l’indication des règles qui les régissent, Paris, Imprimerie A. Lahure, 1885, p. 27.
Ou encore : «Quand plusieurs jeunes gens n’ont pour eux tous qu’un seul cerceau ils jouent au coup faillant : celui que le sort a favorisé fait courir le cerceau jusqu’à ce que par sa maladresse il l’ait laissé tomber ; alors un autre prend sa place.» Armand Gouffé, Les Jeux des Jeunes Garçons […], op. cit., 1822 (5ème édition), pp. 45-46.
[53] Ph. Daryl, «Les jeux de plein air pour les jeunes filles. Le volant», in La Femme, journal bimensuel publié par l’Union Nationale des Amies de la Jeune fille, 1er mai 1889, p. 68.
[54] Philogone, «Jeux hygiéniques de plein air. Le volant», in Les Belles Images, n° 126, 13 septembre 1906, p. 10.
[55] Émile Zola, Les Rougon-Macquart. La Conquête de Plassans, Chapitre XIV, Paris, G. Charpentier Éditeur, 1879, pp. 194-211.
[56] Dictionnaire de médecine usuelle et domestique, 1869, p. 707. L’auteur reprend le «cas de fracture de l’humérus produite par une violente contraction des muscles du bras» observée par Botentuit qui «a vu le même accident occasionné par l’action de pousser un volant avec une raquette» (MM. Adelon, Béclard, ali., Dictionnaire de Médecine. Tome 9 (FIE-GAL), p. 369.)
[57] CH.-J.-F. Carron Du Villards, Guide pratique pour l’étude et le traitement des maladies des yeux, Tome 2, Paris, Société Encyclographique des Sciences Médicales, 1838, p. 235.
[58] A. Chéruel, Mémoires de Mlle de Montpensier, Tome II, Paris, Charpentier, 1858, p. 250. Disponible sur Munchener Digitaliserungs Zentrum
[59] Edward Bulwer Lytton, L’Argent. Comédie nouvelle en cinq actes, Paris, 1841, p. 19.
[60] Pierre Parlebas, «Des jeux dans les enluminures», in Ludica. Annali di storia e civiltà del gioco, n°15-16, Viella Libreria Editrice, 2009-2010, p. 18.
Les autres systèmes d’interactions étant : «le duel d’équipes» (soule à la crosse), les «jeux coopératifs», «jeux semi-coopératifs» («repose sur une connivence de base en dehors de laquelle le jeu disparaît», exemple la balançoire à bascule ou tape cul), le «un contre tous» (Colin-Maillard), «Chacun pour soi» (bataille de boules de neige), «Une équipe contre les autres», p. 19.
[61] «Les jeux de plein air. Le Volant», Le Jeudi de la Jeunesse, 4 Août 1910.
Autre lien sur le site Juventa.
[62] «Les volans et M. Mangin», Le Figaro, 9 juillet 1830, p. 2.
[63] Madame Celnart [Élisabeth-Félicie Bayle-Mouillard (1796-1865)], Nouveau Manuel complet des Jeux de Société, contenant les rondes enfantines, les jeux de jardins et d’appartement. Les jeux de salon. Les pénitences appropriées à ces jeux, Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, «Nouvelle édition, entièrement refondue», 1867, «Préface», p. III et IV.
[64] Annales de la Société des Missions-Étrangères et de l’œuvre des partants, janvier 1908, p. 150.
[65] François Alexandre de Garsault, Notionaire ou Mémorial Raisonné de ce qu’il y a d’utile et d’intéressant dans les connaissances acquises depuis la Création du Monde jusqu’à présenté, «Préface», 1761, pp. v et vi.
[66] Charles A. Garsault, op. cit, «Le Volant», p. 689.
[67] A. Paulin-Désormeaux [1785-1859], Les Amusements de la campagne […] recueillis par plusieurs amateurs […], Tome 4, Chapitre XXII : «Jeux dans les jardins particuliers. Le Volant», Paris, Audot Libraire-Éditeur, 1826, p. 221-222.
[68] A. Paulin Désormeaux, Les Amusemens de la campagne, Tome 4, Paris, Audot Librairie-Éditeur, 1826, p. 221.
[69] Louis Harquevaux et L. Pelletier, 200 jeux d’enfants en plein air et à la maison, Paris, Librairie Larousse, 1893 (5 e édition), p. 18 à 21.
[70] «Jeux sportifs. Le Lawn tennis», in La Jeunesse Moderne, 21 janvier 1905.
[71] E. Webber, À quoi jouons-nous ?, aquarelles de Robert Sallès, Librairie Garnier Frères, Paris, non daté (annoncée 1921, par un site spécialisé dans les livres anciens), «Le Volant», pp. 67-68.
[72] Max Goth, «À quoi jouera-t-on cet été ?­», Gil Blas, 7 mars 1913, p. 1. On retrouve la formule régulièrement comme dans le catalogue 1903 de la Manufacture française d’armes et de cycles (Saint Étienne), p. 479.
Ou encore dans L'Aurore du 16 novembre 1908 : «Le Badminton est un “jeu de volant au filet“ et, contrairement au “volant des demoiselles“, qui n’exige que de la grâce et de l’adresse, il met à contribution les qualités physiques de ses pratiquants et il nécessite également du jugement ; car il comporte une tactique.»
[73] La Vie Parisienne. Mœurs élégantes – Choses du jour – Fantaisies – Voyages – Théâtres – Musique – Modes, n° 48, 27 novembre 1880, p. 696.
[74] Th. De Moulidars, La Grande Encyclopédie, Universelle, Illustrée des Jeux et des Divertissements de l’Esprit et du Corps, Paris, La Librairie Illustrée, 1888, «Jeux de pelouse. Le Badminton», p. 227-228.
[75] L’expression apparaît dans le journal sportif L’Auto, du 21 septembre 1908 («Sports d’hiver. Le Jeu de Badminton»), puis quelques mois plus tard, dès la première ligne d’un long article que Le Sport Universel Illustré consacre au «Badminton», le 3 janvier 1909 et dans Le Radical du 5 février 1909 («Les Sports. Badminton»).
[76] L’Ami du Peuple, 9 février 1933. Disponible sur le site RetroNews.
[77] «Voulez-vous jouer au Badminton ?», L’Intransigeant, 20 février 1933, p. 6.
[78] «Le badminton ou le volant de nos grands’mères mis à la mode de Grande-Bretagne», Sports et Camping, décembre 1946, pp. 18-19.
[79] Jean Garin-Lhermitte, «Le jeu de volant», in Le Progrès de la Somme, 19 février 1933, p. 8.
[80] Le terme a été forgé par Pierre Parlebas. Voir, par exemple, Michaël Vigne, «La sportifiation des jeux traditionnels de flécjettes dans le nord de la France», in Christian Dorvillé (sous la direction de), Sport en Nord, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2006, pp. 165-192. Publication sur OpenEdition Books, mars 2022.

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