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Publié par Frédéric Baillette et Jean-Jacques Bergeret

Badminton Guerre
The Evening News, 27 mars 1940

    Selon un entrefilet paru dans The New Chronicle du 27 mars 1940, René Mathieu qui fut le premier président de la Fédération Française de Badminton (fondée en 1934) aurait assisté, en tant que militaire, à des parties de badminton disputées dans les souterrains, de la ligne Maginot, «the “caverns” of the Maginot Line» [1] !
    Une information que l’on retrouve quasiment à l’identique dans un article du Evening News paru le même jour et titré : «Badminton Catches on with the Troops» («Le badminton gagne du terrain auprès des troupes»). Texte, illustré d’un dessin au flegme tout britannique (voir ci-contre), qui révèle que le badminton se jouait tant dans les casernements anglais que, certes plus anecdotiquement, sous les épais bétons des fortifications françaises : «I heard recently from an eye-witness that rackets and shuttles have been put to good use in the Maginot Line itself.» [2]

    La pratique du badminton, comme distraction, était déjà présente chez les soldats britanniques durant la première Guerre Mondiale, comme le montre cet instantané, pris en 1916 sur le Front d’Orient, en Grèce, près de Thessalonique :

 
1916, Officiers de la 27ème Division jouant au badminton dans un village près de Thessalonique (Grèce) – © New Dog Media

1916, Officiers de la 27ème Division jouant au badminton dans un village près de Thessalonique (Grèce) – © New Dog Media

Source de l'image : getarchive.net
Également disponible sur le site du Sun :
Gemma Mullin, «Life behind the Lines», octobre 2017

 

    Si, en 1940, pour tuer le temps, les Tommies jouaient au badminton dans les hangars des «Army depots», et quelques Frenchies dans les casemates ou galeries de la ligne Maginot, nous verrons que des prisonniers britanniques y jouèrent également, de manière assidue, durant leurs années de captivité en Allemagne.

    Tout au long de la seconde Guerre Mondiale, diverses activités sportives furent en effet pratiquées et parfois quasi institutionnalisées dans les camps de prisonniers, pour combler l’ennui, lutter contre la résignation et tenter, par-delà les privations et la dureté des conditions de vie, de se maintenir en forme tout en gardant le moral. Une vie sportive intense, souvent impulsée par un spécialiste de l’activité, se mit en place, rompant la monotonie des interminables journées, tout en permettant de «s’évader».
    Une fois dissipé l’abattement, consécutif à leur reddition, et remis des souffrances endurées lors de leurs transferts, les prisonniers se sont organisés autour de pratiques sportives, que ce soit dans les Offizierslager ou Oflags (camps réservés aux officiers que la Convention de Genève dispensait de tout travail) et, à moindre échelle, dans les Stammlager ou Stalags (regroupant les hommes de troupe soumis, eux, à des travaux obligatoires journaliers) [3].

    Si, pour lutter contre la «déprime des barbelés» [4], les gradés français s’orientèrent vers l’escrime [5], répondant ainsi à un habitus de classe (exposé par Dorianne Gomet dans un article princeps [6]), dans les Stalags, selon le Bulletin de l’Éducation Générale et aux Sports édité par le Gouvernement de Vichy, les hommes de troupe se tournèrent plutôt vers le volley-ball. Une activité facile à installer, ne nécessitant qu’«un filet, un ballon et quelques mètres carrés de terrain», mais pratiquèrent aussi football, hockey, basket-ball, boxe, ping-pong [7], athlétisme, voire pelote basque.

     De leur côté, les britanniques semblent avoir opté pour le badminton, tout au moins dans les différents Oflags où fut, tour à tour, emprisonné Peter Birtwistle. Joueur émérite (il avait débuté le badminton alors qu’il était écolier et avait été sélectionné pour représenter le comté du Lancashire juste avant que n’éclate la guerre [8]), il deviendra à la Libération l'un des piliers de la construction du badminton d’outre-Manche.
    Peu après son retour en Angleterre, Peter Birtwistle témoigna de l’ampleur pris par le badminton derrière les barbelés, dans un article publié en octobre 1947 par la Badminton Gazette : «Badminton in a Prisoner Of War Camp» (voir en annexe sa traduction dans sa quasi intégralité).

   Capturé lors de la Bataille de Dunkerque, début juin 1940, alors qu'il était sous-lieutenant dans le Corps expéditionnaire britannique, il fut dans un premier temps emprisonné dans un Oflag situé en Bavière, où, sous son impulsion, les prisonniers contactèrent le directeur des ventes de la marque RSL (Reinforced Shuttlecocks Ltd), Franck Henley, puis A.C.J. van Vossen (homme d'affaires, passionné de badminton et futur président de l'International Badminton Federation – IBF –, de 1959 à 1961), qui leur firent parvenir, plus ou moins régulièrement, des colis de raquettes et de tubes de volants, ainsi que des kits de réparation, du cordage et quelques filets.
    Ainsi purent-t-ils combattre l'ennui et «garder le moral», en jouant au badminton sur trois terrains aux «dimensions acceptables», tracés dans une remise.

    Déplacés successivement dans deux autres camps (à Biberach, puis à Warburg), faute de lieu couvert, des courts extérieurs furent tracés, avec interdiction formelle de «jouer en cas de vent» pour ne pas endommager les «précieux» shuttlecocks (les bourrasques entraînant une multiplication de ratés et de «boisés»).

    Mais, c’est au camp de Eichstatt (Bavière), où, en septembre 1942, furent transférés 1600 des plus jeunes officiers et soldats, que Peter Birtwistle et ses camarades de détention purent à nouveau tracer un «terrain» dans un bâtiment mis à leur disposition. Un «mini-terrain» », réduit de 3m dans sa longueur et dont les lignes de fond affleuraient les murs, avec au milieu de l’une d’elles un pilier aussi dangereux pour les compétiteurs que pour les raquettes (parfois personnelles, adressées par les familles, ou offertes par des particuliers).
    Ce court élargi d'une soixantaine de centimètres, afin de compenser son manque de profondeur, favorisait les drives croisés, tandis que son raccourcissement, ajouté au manque crucial de hauteur, limitait considérablement le recours aux dégagés.
    Des terrains extérieurs, furent très certainement également tracés, puisqu’aux beaux jours ce sont quelques 400 joueurs qui, du matin au soir, se succédèrent sur les terrains.
    Un enthousiasme que ce microcosme sportif géra avec équité, tout en cherchant à satisfaire les plus passionnés. Quatre clubs d’égales forces furent ainsi constitués et un championnat, comportant quatre divisions, planifié. Chaque club était invité à y engager une équipe de 4 joueurs qui disputèrent des rencontres composés de quatre matchs de simple et deux matchs de doubles, opposant des joueurs d’un niveau similaire.
    Des «interclubs» qui alternèrent avec la mise en place de tournois clôturant les saisons calendaires. Cet engouement impliqua la mise en place d’une stricte gestion des volants et de la douzaine de raquettes Sheffield, qui furent maintenues en bon état jusqu’à la fin de la guerre et très certainement abandonnées lorsque, devant l’avancée des forces américaines, les camps furent évacués et les prisonniers soumis à une marche forcée, direction un camp proche de Nuremberg. Un périple au cours duquel Peter Birtwistle fut blessé à l’épaule gauche par des tirs «amis», sa colonne ayant été, par erreur, prise pour cible par un chasseur allié (un Mustang américain) [9].

    Une fois libéré et revenu à la vie civile, bien que les séquelles de cette blessure limitaient considérablement ses mouvements (il ne pouvait lever son bras gauche plus haut que l’horizontale) [10], Peter Birtwistle fut sélectionné à cinq reprises (de 1948 à 1952) pour représenter l’Angleterre sur la scène internationale.
    Celui qui, selon ses propres dires, ne «supportait jamais l’incompétence» et fut un arbitre de renommée mondiale, organisa les Championnats d’Europe de 1984 à Preston, avant d’être élu, en 1991, Président de la Badminton Association of England (aujourd’hui Badminton England).
    Le 23 mars 1985, ce Bulldog [11] qui, malicieusement, avouait «ne pas être facile à vivre», se vit remettre le Herbert Scheele Trophy, l’une des plus prestigieuses distinctions, décernée par la Fédération Internationale de Badminton, pour services exceptionnels rendus ! Et en 2000, le Meritorious Service Award, un prix honorant les personnalités (ou organisations) ayant apporté une contribution hors norme au développement de ce sport [12].
 

Peter Birtwistle
Peter Birtwistle, 1995 – © Peter Richardson – photographie communiquée par Geoff Hinder (Badminton Museum)
 

[1]  «A Badminton invitation», New Chronicle, 27 mars 1940, p. 11.
[2]
«Badminton Catches on with the Troops», The Evening News, 27 mars 1940, p. 1.
[3]
Voir Doriane Gomet, «Explosion des pratiques de sport et d’éducation physique dans les Oflags», in Sport et pratiques corporelles chez les déportés, prisonniers de guerre et requis français en Allemagne durant la seconde Guerre Mondiale (1940-1945), thèse de doctorat en STAPS, Vol. I, 2012, pp. 178-207. Téléchargeable ICI.
[4]
Jean-Pierre Favero, «Place, enjeux et fonctions du sport dans les camps de prisonniers italiens de la Grande Guerre», STAPS, n° 130, 2020, pp. 9-28.
[5]
Voir, par exemple, Armand Lafitte, «La salle la plus active d’Europe ? Certainement celle de l’Oflag IV D, où 600 escrimeurs s’entraînent quotidiennement», in L’Auto-Vélo, 8 octobre 1942, p. 1.
[6]
Doriane Gomet, «Assauts derrière les barbelés : l’escrime dans les camps de prisonniers de guerre français durant la Seconde Guerre mondiale», in Luc Robène (sous la direction de), Le Sport et le guerre XIXème et XXème siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2012, pp. 319-329.
[7]
Cf. Bernard Busson, «Le sport fait partie intégrante de la vie de nos prisonniers», in Éducation Générale et Sport. Bulletin du Commissariat à l’Éducation Générale et aux Sports, n° 11, avril 1943, pp. 12-13.
[8]
Brian Ellis, «Peter fires his last Bullet» [« Peter tire sa dernière balle »], Evening Post, 30 juillet 1988.
[9]
Cf. Geoff Hinder, «Badminton in a Prisoner of War Camp», Site Badminton Museum, avril 2020.
[10]
«It was a bit of a handicap because, although I played right-hand, I couldn’t get my other arm up to balance my smash.» [«C’était un peu un handicap même si j’étais droitier. Je ne pouvais pas lever mon autre bras pour m’équilibrer pour effectuer un smash.»]. Propos recueillis par Brian Ellis, «Peter fire his last Bullet », The Evening Post, 30 juillet 1988.
[11]
«Birty’s bulldog breed», Badminton Magazine, juillet-août, 1998, p. 35.
[12]
La liste des onze Prix attribués par la Badminton World Federation est consultable sur le site de la BWF.

 

Annexe :

BADMINTON DANS UN CAMP DE PRISONNIERS DE GUERRE
par Peter Birtwistle
(traduction Jean-Jacques Bergeret
Membre de la Commission Culture et Héritage de la FFBaD)
L'article, initialement publié dans La Badminton Gazette d'octobre 1947, est disponible dans sa version anglaise sur le site du Badminton Museum, accompagné d'une introduction de Geoff Hinder.
(les deux notes figurant dans le texte ont été rédigées par William Kings)

    Après les terribles évènements du sombre été 1940, quelques 2000 officiers et soldats britanniques s’entassèrent dans l' Oflag VII C, de Laufen, près de Salzbourg. Les premiers temps ils ne souhaitaient rien d’autre que se reposer sur la paille de leurs châlits à trois étages. Leur épuisement extrême, leur lassitude étaient dues au manque de nourriture et aux privations consécutives à leur capture, causées pour certains par une marche de 400kms à travers l'Europe, avec pour seuls aliments des biscuits pour chien et un ersatz de café, et pour d’autres au confinement dans des wagons à bestiaux pendant 72 heures, sans que les portes ne soient jamais ouvertes. Ils étaient si serrés qu’il était difficile de s’asseoir par terre bien qu’il y ait des blessés et des malades à bord. Mais assez vite, ce sentiment s'est estompé et une de leurs principales préoccupations fut alors de lutter contre l'ennui et de garder le moral. La meilleure solution était de trouver une occupation physique et morale, même dérisoire par rapport à l’état terrible du monde extérieur.

    Alors quand on apprit en novembre que du courrier et même des colis avec du matériel sportif pouvaient leur être envoyés, l’idée du badminton fut accueillie très favorablement.

    Le camp était situé dans l'ancien palais de l'évêque de Salzbourg et dans la remise de l’autre côté de la cour il était possible de tracer 3 terrains de dimensions acceptables. L'aide de Frank Henley [1] a été sollicitée par une lettre adressée à son domicile, afin qu’il expédie trois filets, 12 raquettes avec des boyaux de rechange et un kit de réparation, et autant de volants que possible. [...]

    Plus tard, A.C. J. Van Vossen [2], du Danemark, envoya également, dès que cela lui fut possible, des tubes de volants qui furent très appréciés et fort utiles. Il envoya également tout au long de la guerre, malgré de grandes difficultés, toutes sortes de choses, notamment des colis de nourriture, livrés au début tous les 15 jours et puis malheureusement en suite moins fréquemment à mesure de leur raréfaction. Ces colis valaient leur pesant d’or et rien n’aurait jamais pu compenser l’aide et le plaisir qu’ils procuraient. En raison du long retard du courrier, le premier lot de matériel n’arriva qu’en juillet 1941. À cette époque, 500 des plus jeunes avaient été déplacés 2 fois ; d’abord 3 mois par représailles aux terribles forts souterrains près de Posen, puis à Biberach, à une centaine de kilomètres au nord du lac de Constance. Là, environ 400 officiers capturés en Grèce les rejoignirent, mais, malheureusement, dans ce camp, il n’y avait aucun endroit couvert où jouer au badminton. Deux courts extérieurs ont été tracés, mais il n'était possible de jouer que lorsqu'il n'y avait absolument aucun vent. Il est surprenant de constater à quel point un léger souffle, normalement imperceptible, peut gâcher le badminton en extérieur. Les conditions n'étaient convenables que par temps très calme, tôt le matin ou tard le soir. Des règles strictes interdisaient de jouer en cas de vent, car sinon les volants de notre petit et précieux stock étaient très rapidement endommagés par les nombreux coups ratés qui en résultaient.

    Ces conditions de jeu ont rapidement fait disparaître les nombreux joueurs potentiels au profit des véritables passionnés. C'est alors que le club de badminton des prisonniers de guerre a été créé. Chaque joueur a été invité à écrire à sa famille pour envoyer 10 shillings à un fonds qui servirait à payer l'équipement envoyé. Il s'est avéré plus tard que seulement 50 % environ de la somme a été reçue ! En octobre 1941, tout le monde a été transféré dans un grand camp à Warburg, près de Kassel, où étaient rassemblés quelques 3 000 officiers britanniques, dont certains de la Royal Air Force, venus de camps de toute l'Allemagne. Là aussi, il n'y avait aucun endroit couvert où jouer au badminton, aussi des terrains extérieurs ont-ils été construits dans les mêmes conditions que précédemment. L’autre problème était que de nombreux officiers, qui n'avaient pas été à Biberach, voulaient jouer et qu'il n'y avait pas suffisamment de volants pour tous ceux qui demandaient à jouer. Cependant, estimant que, dans ces circonstances, personne ne pouvait être exclu, de nombreux membres supplémentaires ont été admis pour 5 shillings, et des volants ont dû être envoyés d'urgence. Là encore, la position exposée du camp rendait le jeu si souvent impossible que le nombre de participants fût bientôt réduit aux vrais passionnés ; et, bien sûr, pour la même raison, il fût impossible d'organiser des compétitions.

    En septembre 1942, Warburg fut démantelé en plusieurs camps plus petits, et environ 1600 des plus jeunes officiers et soldats furent transférés dans ce qui s'avéra être leur dernier camp à Eichstatt, en Bavière. Là, enfin, un bâtiment fut mis à notre disposition pour jouer à une sorte de badminton en salle. Nous pûmes y tracer un terrain auquel manquait plus de 3m de longueur, avec une ligne de fond à quelques centimètres du mur, aussi, pour compenser, le terrain fut élargi de 60cms. Un pilier, situé au milieu de l'autre ligne de fond, représentait un danger considérable tant pour le jeu que pour nos précieuses raquettes ! Mentionnons, au passage, que les 12 raquettes d'origine, des Sheffield, à part une qui s’était cassée, étaient toujours régulièrement utilisées et en bon état jusqu’à la fin, après cinq ans d'utilisation intensive par tous les types de joueurs. Les cordes étaient réparées si nécessaire.

    Plus tard, certains joueurs firent venir d'Angleterre leurs propres raquettes et plusieurs furent offertes au club par des particuliers. Le bâtiment était bas, avec deux poutres encore plus basses par-dessus lesquelles le volant passait facilement. Le résultat de ce court « trapu » transformait le jeu ; les simples ressemblaient à un mixte sans la dame devant, où les drives croisés étaient très efficaces ; les doubles étaient plutôt exigus et moins éprouvants, car on ne pouvait pas dégager en raison du manque de hauteur et de profondeur, mais tout le monde s'y amusait beaucoup. En été, 400 officiers et autres soldats occupaient les courts en permanence de 7 heures du matin à 20 heures, durée maximale autorisée par les gardes allemands. 4 clubs d’un niveau équilibré furent constitués, auxquels pouvaient adhérer tous ceux qui souhaitaient disputer des matchs de championnat. Chaque club composait quatre équipes, une dans chaque division du championnat. Ce système permettait à chaque joueur de faire de bons matchs contre des adversaires d’un niveaux proches du leur. Chaque équipe se composait de quatre joueurs et un match consistait en quatre simples et deux doubles. Chaque joueur jouait son homologue de l’équipe adverse en simple, puis de même pour chaque paire en double. S'ils le souhaitaient, les joueurs pouvaient jouer des matchs amicaux entre amis, mais un joueur ne pouvait jouer à la fois en match amical et en championnat, le grand nombre de joueurs rendant cela impossible. Il était très important dans le camp de prisonniers de guerre que tout le monde puisse jouer tout autant, car si quelqu'un avait un match de plus que quelqu'un d'autre, toutes sortes d'accusations de "racket" circulaient. Par conséquent, un système de réservation détaillé et complet était essentiel, afin que cela soit absolument équitable, mais cela nécessitait d’insister pour obtenir un terrain, car certains joueurs peu enthousiastes continueraient de jouer s'ils étaient installés sur un terrain avec des raquettes et des volants dans les mains ! Ce système aidait vraiment les joueurs les plus mordus. De plus, un équilibre exact devait être trouvé entre les joueurs de championnat et les autres, afin que tous puissent jouer tout autant, ce qui n'était pas une tâche facile. Il fallait faire très attention à la distribution des raquettes et des volants, sur lesquels il convenait de garder un contrôle très strict.

    Deux tournois furent organisés, un à chaque fin de saison, avec entre-deux des interclubs. Les simples se jouaient par niveaux ou avec handicap, alors qu’en doubles on se contentait de jeu avec handicap. Le "Hall" fut finalement interdit par les gardes allemands à l'automne 1944, après la découverte d'un tunnel menant à une salle voisine du même bâtiment. Le camp d'Eichstatt fut finalement démantelé en avril 1945, lorsque les occupants furent évacués à marches forcées à l’approche des Américains. Ce fut alors une tout autre histoire.

    Ainsi si aujourd’hui, plus aucun prisonnier de guerre ne joue au badminton, on espère que ceux qui prirent tant de plaisir à jouer sur le mini terrain qui fit tant pour soulager de l’ennui et garder le moral, continuent à s’amuser à jouer au badminton dans des conditions totalement différentes !

    Peter Birtwistle

 

[1] Frank Henley MBE, directeur des ventes, Reinforced Shuttlecocks Ltd (RSL). Frank Henley est né à Liverpool et a émigré aux États-Unis alors qu'il était très jeune. Il y a travaillé pour la Pullman Car Company, mais est revenu pour s'engager dans la guerre de 1914-1918. À la fin de la guerre, il est retourné en Angleterre et s'est associé à l'industrie de la fabrication d'articles de sport. À ce titre, il a été décoré du titre de MBE en 1953, dans la liste des honneurs du couronnement. Il est décédé le 7 novembre 1956 à l'âge de 64 ans.
[2] A.C.J. van Vossen a représenté le Danemark lors de la première assemblée générale de l'IBF (aujourd'hui Fédération mondiale de badminton (BWF) le 5 juillet 1934, où il a été élu au comité exécutif de la Fédération. Il y est resté jusqu'à la fin de sa vie, à partir de 1940 en tant que vice-président et a terminé sa carrière en tant que président de l'IBF de 1959 à 1961, date à laquelle il est décédé en mars 1961 en exercice. Président de l'IBF : 1959-1961.
    A.C.J. van Vossen était un homme d'affaires néerlandais et un passionné de badminton qui a joué un rôle déterminant dans la diffusion du jeu des îles britanniques vers le continent européen dans les années 1930. En 1932, il a été élu responsable des sélectionneurs et membre du conseil d'administration, quelques années plus tard en 1936 vice-président, de la jeune fédération danoise.
    En particulier, il a servi son pays d'adoption en tant que «secrétaire des relations étrangères». Le Danemark avait rejoint la Badminton Association en 1932 et A.C.J. van Vossen a été pendant près de vingt ans le représentant danois ici et à l'IBF. Grâce à ses efforts et à ses contacts internationaux, les Irish Strollers de J.D.M. Mc Callum ont visité le Danemark et d'autres pays du continent dans les années 1930 et ont inspiré et catalysé le développement du badminton partout où ils sont venus et ont joué. Il a également organisé le tout premier match entre son pays d'origine, les Pays-Bas, et le Danemark à Nordwijk en 1932 et a même joué pour le Danemark dans ce match à l'âge de 50 ans. Van Vossen était très fier des progrès et des réalisations de ses joueurs et a célébré un moment fort de sa vie de badminton lorsqu'en tant que manager de l'équipe, il est revenu au Danemark en 1939 avec le premier titre danois aux All England contre Tage Madsen en finale du simple masculin.
    Au début des années 1950, A.C.J. van Vossen a pris sa retraite de son entreprise pétrolière à Copenhague et est retourné aux Pays-Bas. Il a néanmoins continué à exercer les fonctions de vice-président de l'IBF, représentant les Pays-Bas à partir de 1952. En 1959, il a été élu à la présidence de l'IBF.

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