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    Dans un récent article, nous avons vu comment le sculpteur Claes Oldenburg avait conçu des volants de 2,5 tonnes destinés à d’hypothétiques Géants, disputant une toute aussi fantasmagorique qu’herculéenne partie par-dessus le bâtiment principal du Musée d’art de Kansas City, dans le Missouri [1]. De « monstrueuses » sculptures d’acier fichées dans les pelouses environnantes témoignent du titanesque combat livré par ces Golgoths de fantaisie.
   Ce Pop artiste, animé par le monumental, n’est pas le seul à avoir plombé le gracile volant en lui donnant des allures de météorite dévastatrice. En 2022, la plasticienne Céline Cléron a ainsi réalisé des installations en bombardant de « volants » massifs le sol des galeries où elle expose.
    Des volants certes aux plumes délicates, chipées à des cygnes, mais aux bouchons lourdement lestés, constitués d'anciens boulets de canons « chinés sur Internet » !
 

Céline Cléron, Amorti, 2022 - 55 x 50 x 50 cm - ©


    En mêlant deux matériaux a priori incompatibles, voire antipathiques, l’artiste, qui travaille sur l’hybridité et la fêlure, souhaitait accentuer les tensions « entre gracilité et robustesse, grâce et gravité, évanescence et durée ».
    Le titre de cette œuvre, « Amorti », bien éloigné de la pesanteur de ces boulets ailés, laisse perplexe, d’autant que Céline Cléron a récemment participé à l’exposition collective « Femmes guerrières, femmes en combat » qui proposait une réflexion (féminine) sur la guerre, ses postures, ses propagandes et ses armes, en vidant les objets utilisés de leur signification première pour leur en conférer une autre [2].



    Shuttlecock Grenades

    Si l’intention de Céline Clairon conserve une part de mystère… celle des djihadistes, puis des combattants irakiens, qui, dans les années 2017, ont adapté, à l’aide de tubes plastiques, des volants de badminton à des grenades offensives équipant des drones civils, est bien plus aisée à saisir : stabiliser leur chute après largage et foncer sur leur cible bille en tête.
 


    Si, en Irak, dans les années 2017, l’État Islamique (EI), faute de disposer d’un matériel sophistiqué, a bricolé ces grenades pour attaquer à distance les forces de la coalition [3], les soldats irakiens se sont rapidement emparés de cette idée pour, à leur tour fabriquer ces « Air Delivered Improvided Munition » (ADIM) et les bombarder copieusement en retour, mais avec des drones bien plus performants, capables d'embarquer plusieurs de ces munitions.
    En 2017, le New York Post se faisait l’écho de cette utilisation guerrière, de « shuttlecock grenades », constatant (vidéos à l’appui) que les bombinettes habillées de jupettes avaient une trajectoire bien équilibrée (« The grenades, which appear to be dressed in skirts, remain well balanced along their trajectory ») [4].
    Ainsi équipés d’« ailettes » stabilisatrices, de « banales » grenades, habituellement propulsées par des lance-grenades, ont été transformées en de redoutables mini-roquettes, disposant d’un rayon d’action nettement supérieur. Larguées par d’indétectables drones, de jour comme de nuit, sur des cibles vulnérables, ces « volants » explosifs (et bon marché) semèrent l’effroi dans les rangs ennemis.
    Tout comme les badistes qui visent des zones vulnérables, les pilotes des drones les dirigeaient vers des points de faiblesse, des véhicules légers ou des « cibles molles » (soit des êtres humains, en jargon militaire), amoindrissant les capacités de contre-attaque d’un adversaire pris au dépourvu et incapable de riposter…
 

 

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