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Publié par Frédéric Baillette

    Vers 1620-1626, Adriaen van de Venne (1589-1662), peintre néerlandais, connu pour ses allégories, ses illustrations et ses satires politiques, a réalisé une aquarelle représentant deux jeunes hollandaises échangeant un volant joliment emplumé avec des palettes de bois sculptées. Très certainement, des demoiselles de noble famille, portant de riches vêtements et disposant de raquettes finement décorées.
    Selon l’historien d’art et conservateur du British Museum de Londres, Martin Royalton-Kisch, cette estampe pourraient constituer un portrait de dames de la haute société.
    L'image fait partie d’un album relié, à la couverture de velours rouge, glissé dans un étui en maroquin vert, décoré d’or, sur la tranche du quel est imprimé en lettres majuscules : « Adrien / Van De Venne's / Common Place / Book ». À l’intérieur, une collection de 102 dessins de personnages et de scènes illustrent la vie en Hollande dans les années 1620. Chaque feuillet porte un numéro manuscrit de 1 à 105 (3 numéros sont manquants : 23, 103 et 104). Cette partie de volant sur herbette porte le n° 22.
 

Adriaen Van de Venne  - Jeu du volant - Shuttlecock and Batlledore

Adriaen Van de Venne, vers 1620-1626
Watercolour with bodycolour, over black chalk, heightened with silver and gold)
Dimensions : 96 x 152 mm - © The Trustess of the British Museum


    Ce dessin, mêmes attitudes, port de vêtements similaires, va être ré-utilisé par Van de Venne, avec quelques adaptations, pour illustrer deux « Emblèmes moraux », des représentations imagées d’aphorismes, de maximes ou encore de proverbes, très appréciées au XVIIème et XVIIIème siècles. Le premier Emblème rappelant l’inexorabilité du temps qui passe et l’échéance fatale qui attend tout mortel, l’autre, régulièrement réédité, louant les bienfaits de l'amour réciproque.
 

Des images « emblématiques »
    L’Emblème dont la structure archétypale est tripartite, « devise, pictura et poème », a été définit comme « une énigme sous forme d’un tableau » [1]. Sa pédagogie s’appuie sur le « langage de l’image », en associant une illustration allégorique à un titre concis (le plus souvent en latin), emprunté à des auteurs classiques, aux pères de l’Église ou à des versets de la Bible, parfois à la culture populaire (dictons, proverbes).
    Le titre constitue la clé de l’Emblème, son âme, l’illustration son corps.
    Les Emblèmes peuvent être ainsi considérés comme des mots images, porteurs d’un sens caché, permettant de marquer visuellement les esprits.
    Ils sont habituellement suivis d’un poème, d’une fable, et souvent prolongés par une série de proverbes, adages, aphorismes ou maximes publiés dans leur langue d’origine, sensés révéler son sens profond et inciter à la méditation.
    « Ce caractère cryptique [non immédiatement compréhensible] et souvent humoristique captivait les lecteurs de l’époque avides d’y trouver des leçons morales pour guider leur vie. » [2] Certains auteurs parlent ainsi d’emblèmes moraux.

 

1632 « (vers) : « Elck Sijn Tijt-Verdrijff » (À chacun son passe-temps)

Adriaen Van de Venne - Jacob Cats - « Elck Sijn Tijt-Verdrijff » (À chacun son passe-temps)

Adriaen Van de Venne, « Elck Sijn Tijt-Verdrijff », 1632 (vers)
35.2 x 44.9 cm - © The Metropolitan Museum of Art (New York City)

 

    Cette « grisaille » [3] réalisée par Adriaen Van de Venne vers 1832 constitue une scène de genre, associant, dans une même composition, l’insouciance de la jeunesse et l’inéluctabilité de la Mort (éros et thanatos).
    Tandis qu’un couple, assisté de jeunes pages, se divertit en jouant au volant dans un luxueux intérieur, la Mort observe et attend son heure. Squelette décharné, dissimulé derrière une lourde tenture, elle suit les va-et-vient métronomiques du léger volant, aussi léger qu’une âme... Tout à leur futile plaisir, inconscients du temps qui passe, les deux élégants l’ignorent (seul le serviteur situé à gauche semble remarquer sa présence), or, tôt ou tard, son tour de jouer viendra.
    Sa macabre figuration rappelle qu’elle sera in fine la grande gagnante. Que l’Homme est irrémédiablement mortel, qu’il est «moriturus, c’est-à-dire destiné à mourir » [4], et que les plaisirs terrestres ne sont qu’éphémères. La mort toujours triomphe et «n’espargne ne petit ne grant » [5]. Ce n'est qu'une question de temps avant que ces puérils amusements – également symbolisés par le verre vide, les cartes à jouer éparpillées au sol et le luth posé sur une table –, ne soient définitivement interrompus par « le terme fatal » (Jankélévitch).
    « À chacun son passe-temps » ironise sur l’inconséquence qu'il y a à dilapider un temps compté, donc précieux, à de vaines badineries, comme jouer au volant !
    Pour l’historienne Sophie Oosterwijk : la présence de la Mort souligne les travers de l’inconduite humaine – ici, l’imprévoyance d’une aristocratie aisée. Cet Emblème avertit de la fragilité des plaisirs terrestres – la jeunesse, la beauté, l’amour, la richesse ne sont que temporaires [6]. Il rejoint la philosophie chrétienne qui condamnait les vains passe-temps, les pertes de temps, « reproch[ant] aux frivoles de dissiper un pareil trésor ». Un temps compté, clôturé par la mort, un temps précieux qui devait être essentiellement employé à la préparation d'une vie éternelle heureuse, pour jouir d’une « glorieuse éternité » ! [7]
 

1632 : Amor, ut pila, vices exigit (L’amour, comme une balle, demande à être renvoyé)
 

Adriaen Van de Venne, Jacob cats - « Amor, ut pila, vices exigit »

Adriaen Van de Venne, « Amor, ut pila, vices exigit », 1632 (vers)
Hauteur 143mm – largeur 145mm
Cette estampe (dont il existe des versions colorées) provient d’une réédition non datée,
(elle a été découpée et collée dans un album en contenant 231)
Source : The British Museum (Londres)

 

    Après la Mort, cet « ultime futur de tous les futurs » (Jankélévitch), place au Jeu de l’Amour, à la parade des bien-aimés !
    Plus d’inquiétant squelette à l’affût. Le décor s’est radicalement modifié. Il est désormais bucolique, plus éthéré. Le couple évolue en extérieur, quasiment à la campagne où poussent quelques herbes folles. Il s’égaye au grand air, s’y ébat à la manière des chiens qui gambadent en arrière-plan.
    La position des jambes du gentilhomme a été inversée. Le pied droit tourné vers l’extérieur met en valeur le galbe du mollet, signe d’une virilité bien campée.
    Le gentilhomme, homme de cour, s’est allégé de son épée (dont on aperçoit la poignée posée au sol dans le coin droit de l’image). Il a déposé ses armes pour se consacrer essentiellement à sa dulcinée, s’est délesté d’une part de sa masculinité conquérante, pour disputer une partie à armes égales, et « faire voler la plume » (« Drijft het veertjen wederom ») avec de simples battoirs.

    Cette partie illustre l’un des ouvrages du moraliste néerlandais Jacob Cats, particulièrement apprécié pour ses poésies et ses fables. Le « La Fontaine de Hollande », comme il était surnommé, a publié plusieurs livres d’Emblèmes à succès conçus en collaboration Adriaen Van de Venne, qui furent régulièrement réédités et augmentés, notamment Sinne-en Minnebeelden (Images de l’amour), en 1618[8], et, en 1932 : Spiegel van den Ouden en Nieuwen tydt [ou Tijdt] [9] , habituellement traduit par Miroir du temps passé et présent. Sans doute l’un de ses plus beaux livres, contenant toute une collection de proverbes et dictons, ainsi que les adages les plus populaires de son temps.
    Si la plupart des textes sont rédigés en néerlandais, nombre de maximes et de proverbes de toutes les époques et dans toutes les langues sont rassemblés, offrant aux lecteurs des nuances de pensées au travers de formes d'expressions similaires [10].
 

Jacob Cats - Spiegel van den Ouden en Nieuwen tyt [ou Tijdt] - Adrian Van de Venne - Amor, ut pila, vices exigit

Adriaen Van de Venne, « Amor, ut pila, vices exigit », 1632 (vers)
Pages extraites de la 1ère édition, de Spiegel van den Ouden en Nieuwen Tijdt
Disponible en intégralité sur Internet Archive

De Jongelingh spreeckt:

Soo ghy wilt dit speeltjen leeren,
Soete Vrijster, schoone Blom,
Doe den Vlieger weder-keeren,
Drijft het veertjen wederom,
Want als ick, van mijner zijden,
Maer alleen en soude slaen,
Dat en sou ons niet verblijden,
Want het spel is stracx gedaen.
Weet, dat kaetsen ende minnen
Eyst een overgaenden bal,
Anders maecktet droeve sinnen,
Anders heeftet geenen val.
Liefde doet ons liefde toonen,
Liefde geeft de liefde kracht,
Liefde moet de liefde loonen
Anders isse sonder macht:
Wilt dan wederliefde dragen,
Lief, soo wort ghy ras de bruyt,
Want dan wil ick 't met u wagen;
Anders, kint, ick schey'er uyt!


       « Dans ses ouvrages, Cats s’adresse surtout à un jeune public, celui des jeunes gens en âge de se marier et cherchant la partenaire idéale. En accord avec la morale calviniste, Cats met l’accent sur le choix éclairé d’un partenaire et l’attachement que les deux époux doivent manifester l’un pour l’autre dans leur vie conjugale. » (Wikipedia)
    L’image est suivie d’un poème dédié à la jeunesse : « De Jongelingh spreeckt » (que l’on pourrait traduire par : les jeunes gens se parlent, échangent ou font connaissance).
    Cette ode (un peu mièvre) à l’Amour est prolongée par une compilation de maximes et de vers, en français, latin, italien, ou encore grec ancien, qui enrichissent le message porté par l’Emblème.
    La partie de volant se veut métaphore de l’Amour partagé. C’est un dialogue harmonieux entre les deux amants que le jeu nous invite à suivre : « Jamais l’amour ne se paye que par amour réciproque ».
    L’amour vrai, doux, épanoui, exige la réciprocité. Pour atteindre sa plénitude, un amour tout aussi intense doit lui faire écho. Tout comme au jeu du volant, les deux partenaires doivent s’appliquer pour que l’aventure se prolonge. Comme en amour, pour que le jeu soit agréable, le volant offert doit être rendu avec tout autant de bienveillance et de vivacité. Ce jeu d’allers-retours soignés illustre la règle du renforcement du lien d’amour par réciprocité[11], car « l’amo­­ur est d’amour récompense » !
    Si l’amour renvoyé renforce l’amour donné, l’amour s’effrite et s’évanouit lorsqu’il n’est pas retourné avec le même élan passionnel, le même entrain :

« Amour au cœur me poind
Quand bien aimé je suis,

Mais aimer je ne puis,
Quand on ne m’aime point »

    Lassé de s’évertuer à renvoyer un volant manquant de ferveur, de volonté, d’intensité, le mal-aimé (ou la mal-aimée) abandonne la partie et le jeu prend fin !

« Then the shuttles sure to fall,
And the game at once is done
»
(voir, plus loin la version anglaise de « De Jongelingh spreeckt »)

    Cette gravure sera ensuite reprise dans différentes rééditions. Certaines de moins bonnes facture, composées de textes essentiellement en néerlandais, sans doute à destination d’un public populaire, avec quelques différences, comme ici dans cette publication datée de 1690 (éditée à Amsterdam), où l’image est inversée…
    Les éditions de belle facture, ciblant un public aisé et (supposé) érudit, seront souvent augmentées de nouveaux proverbes et de formules rédigées dans leur langue d'origine.
 

J. Cats, Spiegel van den Ouden en Nieuwen Tydt, Amsterdam, 1690
Vers figurant sous l'image : Kaats noch min en heeft geen bal / Sonder overgaande Bal.
Disponible en intégralité sur Internet Achive

 

Édition de 1633 - Disponible en intégralité sur Internet Archive

 

1860-1862 : « Love, like a ball, requires to be be thrown back »

    Cette dernière gravure orne un ouvrage publié à Londres en 1860, illustré d’après les dessins empruntés aux œuvres de Jacob Cats et de Robert Farlie [12] : Moral emblems, with aphorisms, adages, and proverbs, of all ages and nations.
 

Moral emblems, with aphorisms, adages, and proverbs, of all ages and nations,
Londres, Longman and Roberts, 1860-1862, p. 75.
Illustré d’après les dessins empruntés aux œuvres de Jacob Cats et de Robert Farlie
Engraved by Dalziel - Source Internet Archive


    Les personnages composant cette reproduction du dessin d'Adriaen Van de Venne sont « relookés », leurs habits retouchés, embellis et mis au goût pictural du jour.
    Les raquettes ne sont plus de simples palettes de bois, mais présentent un tamis au cordage serré.
    Au premier plan, l’épée (phallique), bien visible, est recouverte d’un éventail en forme de cœur, telle une flèche de cupidon transperçant l’objet du désir ?
    C’est sur le perron d’une riche demeure, disposant d'un vaste parc ouvrant sur la campagne environnante, que l’échange désormais à lieu. Les chiens affirment leur présence. Eux aussi jouent avec des balles et l’un d’eux, chien de compagnie, semble commencer à s’intéresser aux échanges (voir sur ce même blog : « Médor joue au "badminton" »)
    La gravure est suivie d’une ode à l’amour (« Love, like a ball, requires to be be thrown back »), qui est une adaptation du poème néerlandais original, « De Jongelingh spreeckt ».
    Les deux pages sont encadrées par huit formules chantant la plénitude de l'amour partagé :
    Page 75 :
- « Love is the Loadstone of Love »
- « Love can neither be bought nor Sold »
- « It’s only price is love »
- « Sweet is the love that meets return »

Page 76 :
- « Love sees no faults »
- « Lieb ohne gegenlieb ist wie eine frage ohne antwort »
- « Love will creep where it cannot go »
- « Love without return is like a question without an answer »
 

 

    En 1862, une pâle imitation de l’estampe d'Adriaen Van de Venne, réalisée par le graveur néerlandais Johan Wilhelm Kaiser, illustrera un recueil des œuvres complètes de Jacob Cats : Alle de werken. Deel 1.
    Si l'ambiance générale est similaire, la position de la joueuse a été modifiée, et toute référence à l'épée (signe de noblesse) a disparu. L'habillement a été retouché, il n'est plus celui fastueux de la société de cour et se rapproche des vêtements moins éblouissants des classes populaires, désormais également concernées par l'édification d'une relation amoureuse réussie, mutualisant les sentiments.
 

Alle de werken. Deel 1 [Œuvres complètes. Volume 1], Ed. J. van Vloten.
Illustrations Johan Wilhelm Kaiser. De Erven J.J. Tijl, Zwolle 1862, p. 667.
(Seule la version téléchargeable du texte au format pdf contient cette page illustrée.
Plusieurs pages sont en effet manquantes dans la version scannée… dont la page 667.)

 

[1] Brigitte Friant-Kessier, « Illustrations et emblèmes : La mort dans les gravures de Tristram Shandy », XVII-XVIII. Revue de la Société d’Études Anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles , n° 58, 2004, p. 147 et 149.
[2] Cf. « Jacob Cats », Wikipedia.
[3] Les grisailles sont des peintures monochromes en camaïeu gris, ou de couleurs proches du gris. Un procédé souvent employé pour donner l'illusion du relief.
[4] Vladimir Jankélévitch, La Mort, Paris, Flammarion, 1977, p. 92.
[5] Cf. Ilona Hans-Collas et alii (sous la direction de), Mort n’espargne ne petit ne grand. Études autour de la mort et de ses représentations , Éditions du Cherche-Lune, 2019.
[6] « In the scenes discussed here the explicit presence of Death makes the negative connotations of human misconduct – especially the wilful frivolity of the young and rich – very obvious. At the same time, these moralising images are steeped in the vanitas tradition warning us that all earthly pleasures – youth, beauty, love and wealth – are but fleeting . » Sophie Oosterwijk, « Morbid morality. The Danse macabre motif in Dutch art of the Golden Age », in Ilona Hans-Collas et alii, op. cit., p. 193.
[7] Cf. Vladimir Jankélévitch, La Mort, op. cit, pp. 94-95.
[8] Sinne- en minnebeelden « comporte cinquante-deux emblèmes dont les textes correspondent aux trois phases de la vie : la première consiste en conseils pour les jeunes gens qui veulent s’engager dans une relation ; la deuxième est destinée aux pères et mères de famille ; la troisième consiste en une réflexion pour les gens murs qui s’interrogent sur leur relation à Dieu. L’ouvrage, illustré par Adriaen van de Venne, fut un immense succès de librairie et fut édité en plusieurs formats pouvant convenir à toutes les bourses et à tous les âges, puisqu’il comportait des leçons de morale non seulement pour les jeunes gens, mais aussi pour les adultes et les gens âgés. » Source : Wikipedia.
[9] Jacob Cats, Spiegel van den ouden en nieuwen tyt, 1 ère édition par Isaac Burchoorn, La Haye, 1632.
[10] « Een aantal synonieme spreekwoorden uit alle tijden en talen worden bijeengezet, zoodat men met de nuancen der gedachten en uitdrukkingsvormen, den aard der volkeren, het peil der beschavingen toetsen kan. », G.A. van Es, G.S. Overdiep, « Jacob Cats. Van Zeeland over Dordrecht naar den Haag », in Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden. Deel 4, 1948, p. 101. Dbnl - Bibliothek voor de Nederlandse letteren.
[11] Réciproque, du latin reciprocus : « “Qui va en arrière après avoir été en avant” […]. Il contient la valeur Deux. En effet, il “traduit à la fois le grec palintonos ‘tiré ou tendu en arrière’, ‘lancé après avoir été tiré en arrière’ et antistrephôn ‘qui va en sens contraire’. » Cf. Françoise Bétourné, « L’amour est toujours réciproque dans la sphère d’aimance », in Cliniques Méditerranéennes, 2004/I (n° 69).
[12] « The appendage to this selection from Cats' Moral Emblems of a reprint of the now exceedingly rare and curious Poems and Emblems of his contemporary Emblematist, the pious Scot, Robert Farlie, published in London under the title of "Lychnocausia," in 1638, will, it is hoped, be considered a not unpleasing associate for the Dutch moralist, and their juxtaposition in the same volume give an additional interest to the whole. », Introduction, p. xii.

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