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Publié par Frédéric Baillette


    Cette image de deux jeunes enfants nus, frappant un volant dans un décor agreste, est l’une des nombreuses miniatures ludiques décorant les bas de pages d’un Livre d’Heures, datant du début du XVIe siècle. Un ouvrage de dévotion, contenant psaumes, prières et autres saintes écritures, qui permettait aux riches laïcs croyants, de suivre la liturgie catholique au rythme des différentes heures canoniales [1] .

    Ce codex de 338 pages parcheminées, connu comme le Livre d’Heures de la Famille Ango, a été réalisé à l’occasion du baptême de Marie Ango (née le 28 juillet 1514) à qui il est «explicitement dédié». L’historien des jeux Pierre Parlebas, qui a consacré un dense et érudit article à l’étude de son iconographie, estime, qu’à l’aune du travail exigé pour sa réalisation, il a été achevé entre 1515 et 1525. Ce manuscrit a très probablement été réalisé par un enlumineur actif à Rouen entre 1514 et 1538, désigné par convention sous le nom de Maître des Heures Ango.

    Bien qu’un doute subsiste, il aurait été commandé par le « riche et munificent » armateur dieppois, le sieur Jehan Ango (1480 – 1561). Un puissant notable que François Ier nomma Gouverneur de Dieppe en remerciement de ses fabuleux succès maritimes.
     Un pont levant et, plus récemment, un lycée Dieppois portent son nom. Un établissement où, pour la petite histoire, l’astronaute Thomas Pesquet (qui, en avril 2017, a emporté un volant de badminton dans l’espace) a passé son bac, mais aussi où Jean-Jacques Bergeret, membre historique de la Commission Culture à la FFBad, a usé ses fonds de culottes ! Autre clin d’œil, c’est dans cette ville Normande qu’en 1907 fut créé l’un des tout premiers « clubs » de badminton français (la ville de Dieppe est ainsi considérée comme « le berceau du badminton en France » [2] ).

    Le Livre d’Heures de la Famille Ango est encore appelé Livre d’Heures des enfants, au regard de la richesse des enluminures le composant mettant en scène une foultitude de garçonnets en situation de jeux.
    Pierre Parlebas qui a passé au crible de son expertise cet exceptionnel document y a repéré par moins de 178 tableautins relevant d’activités ludiques. « Ce qui représente […] le corpus illustré de jeux, antérieur au XVIIIe siècle, le plus important jamais exhumé . » [3]

    Au bas de la plupart des colonnes de textes sacrés, des saynètes enfantines ludiques, particulièrement animées, alternent dans un « modillon » [4], avec des scènes d’adultes (toutefois bien moins présentes).
 

Livre d'Heures de la Famille Ango, Jeu du volant
Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 150v, dim : 180 x 104 mm


    Si certains de ces « jeux » restent difficilement identifiables, voire incompréhensibles pour notre regard contemporain, et conservent leur part de mystère, d’autres, même s’ils ne sont que peu ou plus pratiqués, sont aisément reconnaissables : Jeu du volant (bien sûr), mais aussi (parmi les plus évidents), Balançoire, « Tape-cul », Bulles de savon, Cheval-bâton, Colin-Maillard, Crosse (« hockey »), Quilles, Sabot (toupie au fouet), Combats de Chevaliers… (voir reproductions en fin d’article).


De mâles joueurs
   
Le plus souvent les enfants qui jouent apparaissent totalement nus et quasiment asexués. L’organe génital mâle n’est qu’imperceptiblement esquissé, lorsqu’il l’est.
    Pour Pierre Parlebas, le miniaturiste a adopté«la convention picturale des “putti”[…] accordée à la mode de l’époque » [5] , des chérubins potelés (habituellement pourvus d’un appendice de poupon), des « amours » parfois ailés, tels les angelots figurant sous le portrait de la famille Ango ouvrant le manuscrit.
    Même si la signature sexuelle n’est pas flagrante, ce sont bien des « garçonnets, d’un âge proche de dix-douze ans […] qui s’adonnent avec beaucoup d’entrain à une grande variété de divertissements » [6].
    Des enfants bien portants, aux chairs fermes. Des corps solides, débordants de vitalité, le plus souvent engagés dans des amusements collectifs. Une bande de joyeux garnements qui s’ébattent dans une ambiance pastorale, en pleine campagne, à la sortie d’un village, d’un hameau, ou (dans certains cas) d’une enceinte fortifiée.
    Les joueurs de volant échangent ainsi sur un sol en terre battue, une surface plane, « domestiquée ». Le volant est ici un jeu d’extérieur, s’effectuant dans un « milieu naturel », un « espace familier dénué d’incertitude » [7].

    Les animaux qui apparaissent dans certaines de ces « activités enfantines [étant] surtout des animaux de ferme et de basse-cour », Pierre Parlebas en déduit qu’il s’agit sans doute « d’enfants de fermiers, de jeunes bergers gardant les moutons, qui se regroupent sur le champ pour jouer entre eux » [8]. Ce sont sans nul doute de jeunes villageois, des ruraux, qui évoluent dans leur « biotope ».


Une gestuelle compétitive
   
Dans ce ludorama, dans cette « ludo-diversité spectaculaire », Pierre Parlebas différencie dix catégories de jeux ou « familles ludiques ». Le jeu du volant (tout comme ceux de la crosse, des quilles, des boules, ou Colin-Maillard) est classé dans « les jeux physiques réglés », soit « des jeux soumis à un système de règles qui impose des obligations : les joueurs ne font pas ce qu’ils veulent. Le code définit une logique interne qui souligne les actes interdits et autorise des possibles en rapport avec l’espace, les accessoires, le temps et autrui. Les jeux sportifs reposent sur une compétition qui prédétermine les conditions de la réussite et de l’échec. On retrouve ici des jeux habituellement dénommés “jeux traditionnels” (dont quelques-uns sont devenus des sports). » [9].

    Cette partie de volant enfantine et champêtre fait écho à une enluminure antérieure d’un siècle, datée du début du XVe, récemment présentée sur ce même blog. Une « drôlerie » qui occupe, elle aussi, la marge inférieure d’un Livre d’Heures et montre deux adolescents issus du monde rural, occupés à se renvoyer un « bouchon » fuselé, piqué de plumes crénelées (à lire sur ce même blog :  « Le jeu du volant : une “drôlerie”! »).

Jeu du volant, Livre d'Heures à l'usage de Paris, Drôlerie, enluminure
Livre d’Heures, à l’usage de Paris, vers 1400, fol. 102 — © Digital Bodleian Library


    Si la morphologie du volant est similaire, les attitudes des joueurs sont bien différentes.
    Alors que ceux captés par l’artiste qui a illustré le Livre d’heures à l’usage de Paris tapent le volant avec un main basse, par-dessous, les putti d'Ango vont à sa rencontre avec une main haute et un armé du bras. Ils ne donnent pas l’impression de chercher à relever le volant, dans l’intention de le faire monter haut, afin de permettre alors à leur partenaire d’avoir le temps de se positionner et de le renvoyer sans trop de difficulté. Les joueurs multipliant ainsi les échanges, dans une logique de coopération. Le but de jeu étant alors de s’appliquer pour faire vivre le volant, éviter qu’il ne tombe et ainsi maximaliser les échanges. Le plaisir procuré par le jeu prend alors sa source dans une répétition cadencée, une enivrante métronomie.
    Rien de tel chez nos « garnements ». Leur positionnement, qui tient à la fois du smash et du « drive », donne une impression de frappes sèches et agressives, tout au moins d’une accélération des renvois. Les joueurs ne sont plus ici saisis dans une situation de coopération, mais plutôt d’opposition, à la manière de badistes contemporains lancés dans un match de drive, cherchant à tendre les trajectoires et à accélérer le volant pour pousser l’adversaire à la faute ou le toucher…


    C’est plus un affrontement, un duel qu’une anodine succession de renvois calibrés et attentionnés qui émane de cet instantané.
    Tout comme, l’un des personnages sculptés, en 1522 (soit quasiment à la même époque), dans une stalle de la Collégiale Saint-Martin de Champeaux (voir ci-dessous), retournant un volant tendu d’un solide revers, nos jeunes campagnards sont figurés dans des positions offensives, pour ne pas dire agressives.
    Ce qui n’est guère surprenant de la part de jeunes villageois, plus habitués à se bousculer, à chahuter, qu’à jouer paisiblement et élégamment (comme il sera de mise, quelques siècles plus tard, dans les représentations aristocratiques du jeu du volant).
    Comme le conclut avec humour Pierre Parlebas : « Les jeux d’Ango sont bien des jeux de cour, mais de cour de ferme » ! [10]
 

Jeu du volant Stalle Miséricorde Collégiale Saint-Martin Champeaux
"Jeu du volant", Stalle de la Collégiale Saint-Martin de Champeaux

À lire : « "Miséricorde" et Jeu du volant, en 1522 »


Les instruments du jeu
   
Le matériel utilisé semble rudimentaire, du bois brut sans aucune décoration (ce qui ne sera pas le cas des fines raquettes qu’utiliseront les enfants de la noblesse et de l’aristocratie, lorsqu’ils se mettront à faire voleter le bouchon délicatement emplumé).
    Peut-être des « outils » empruntés à l’environnement familier, « au milieu domestique » (des battoirs reconvertis en raquettes ?), en tous les cas, des instruments taillés par les enfants eux-mêmes ou avec l’aide d'adultes, comme la plupart des « objets ludiques » alors utilisés par les petits campagnards [11] .

    Quant au volant, il fait nécessairement parti des « objets spécialement fabriqués pour le jeu ». Des objets qui « se révèlent au Moyen-Âge en nombre très restreint » et « restent d’une fabrication élémentaire » [12] , la plupart fabriqués avec les éléments à portée de couteau, en profitant des conseils des « grands », de leur expertise en la matière.
    Bien qu'il soit toujours possible que des chenapans se saisissent d' « objets » aussi incongrus que totalement inattendus pour faire office de volant... Ainsi, en 1867, le Docteur Henry Blatin, auteur d’un ouvrage sur la cruauté envers les animaux, notera avoir vu « vu d’ingénieux vauriens jouer au volant avec de petits cobaïes [des cochons d’Inde] qu’ils se renvoyaient gaiement de l’un à l’autre, à coups de raquettes, et leurs père et mère, mes proches parents, les applaudissaient » [13] !
 

    En nous plongeant au cœur de l'« univers ludique » des enfants, le Livre d’Heures d'Ango témoigne, à la fois, de l’importance des jeux dans la culture enfantine et montre l’intérêt porté par la société médiévale à l’enfance. Le jeu commence à être perçu comme une spécificité de cet âge de la vie.
    Des jeux, parfois irrévérencieux, scatologiques, qui se déroulent sans intervention, ni présence, d’adultes. Des jeux qui leur sont propres. La période entre 5 et 7 ans sera appelée « l’âge du jeu » : « Pour Barthélémy l’Anglais, au XIIIe siècle, les enfants de moins de 7 ans ne pensent qu’à “jeux et ébattements” » (Voir « Les âges de la vie », in L'enfance au Moyen Âge, ClassesBnF)
 

Enluminure - Livres Heures Famille Ango, Jeu Pet enflammé, Putti
« Le pet enflammé », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 22v

 

Où sont les filles ?
   
« Le phénomène le plus étonnant est la quasi absence de personnages féminins », souligne Pierre Parlebas qui, en scrutant les images n’a identifié que quatre à cinq fillettes, dotées « de cheveux longs ou de tresses » [14].
    Certes les fillettes jouaient aussi, mais à «des activités ludiques plus calmes et plus discrètes à l’intérieur de la maison» ou à ses proches abords. Leur participation aux tâches familiales (entretien de la maison, préparation des repas, garde des enfants en bas âge) les retenait « à la ferme alors que la vocation des garçons était de s’adonner aux travaux des champs. » De toute manière, leur participation aux jeux « dynamiques et virils des garçons » n’était guère envisageable. Aussi « en cette fin de Moyen-Âge […] le “sentiment de la femme jouant” [était] encore dans les limbes. » [15]


Le volant un jeu d'opposition
    L’enluminure du Livre d’Heures de la famille Ango(1515-1525), tout comme celle, au siècle précédent, du Livre d’Heures à l’usage de Paris (vers 1400), ainsi que la sculpture figurant sous la « miséricorde » de l’église Saint-Martin de Champeaux (1525), donnent à voir le jeu du volant comme un divertissement médiéval essentiellement masculin. Un passe-temps pratiqué par des enfants turbulents (Ango), par des adolescents issus de la ruralité et par des jeunes hommes (peut-être des « étudiants », stalle de Champeaux).
    Ces trois représentations peuvent être considérées comme des instantanés de la vie quotidienne, croqués sur le vif par des artistes attentifs à leur environnement. Ces « témoignages oculaires » nous renseignent sur leur perception/vision de ce jeu de raquettes et sur les manières (à défaut de « règles ») d’y jouer.
    Il émane en effet de ces clichés une dynamique, une cinétique, à laquelle la présence d’un volant fendant l’air donne force.
    Comme si ces « photographes », à l’instar des professionnels d’aujourd’hui, avaient cherché à figer l’action la plus caractéristique du jeu, celle rendant le mieux compte de sa finalité (et de son esthétique), en saisissant les « coups » les plus caractéristiques du jeu, en identifiant les frappes qui font son intérêt ludique et sont à la source du plaisir recherché et procuré (aux joueurs, mais aussi à leurs observateurs).
    Les gestes amorcés ou conclus, les tenues et prises de raquettes (revers), les positionnements figurés, parlent aux joueurs de badminton contemporains. Par-delà les imperfections de la retranscription imagée, la gestuelle leur est familière. Elle est porteuse de significations, d’indices identifiables, permettant une compréhension de ce qui se joue dans ces duels et autorisant une lecture des volontés animant ces « compétiteurs ». Les attitudes repérées permettent de décoder, d’infiltrer, leurs intentions et de saisir les particularités du jeu du volant à une époque, XVe-XVIe siècles, et dans un milieu social particulier, celui de la ruralité (n’oublions que « l’immense majorité des enfants médiévaux vit à la campagne » [16]).

    Au vu de ces documents iconographiques, il ressort que le « jeu du volant » pouvait être plus dynamique et « viril » que nous ne l’imaginons et se différencier alors nettement des gentillets et compassés échanges qui le caractériseront lorsqu’il deviendra un « exercice » participant à l'éveil corporel des enfants royaux (nous y reviendront), puis un « joli jeu » où coquettes et galants « fleuretteront » en faisant voler le liège emplumé [17] . Une perception et une figuration du jeu qui deviendront dominantes et structureront nos représentations, le jeu du volant ne nous apparaissant que comme un amusement puéril, un jeu de fillettes mignonnet et quelque peu mièvre.

Bibliographie :
- Pierre Parlebas, « Des jeux dans les enluminures », in Ludica. Annali di storia e civiltà del gioco, n°15-16, Viella Libreria Editrice, 2009-2010, pp. 7-31.
- Le Livre d'Heures de la Famille Ango est Disponible sur GallicaBnF et sur le site Europeana.

Pour aller plus loin, à découvrir sur le blog La Vie du Volant :
- « Le jeu du volant : une “drôlerie”! » ;
- « "Miséricorde" et Jeu du volant, en 1522 » ;
- « Les jeux de l’amour et du volant » :
- « Jeux de raquettes à la Renaissance ».

 

Enluminure jeu médiéval Balançoire, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Balançoire », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 151r
Enluminure, jeu médiéval, Balançoire, Tape-cul, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Tape-cul », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 159f
Enluminure, Jeux médiéval, Cheval Fondu, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Cheval Fondu », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 137r
Enluminure, Jeu médiéval, Combat chevaliers, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Comabet de cavaliers », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 133v
Enluminure, jeu médiéval, Collin-Maillard, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Collin-Maillard », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 162r
Enluminure, jeu médiéval hockey, Livres D'Heures Famille Ango
« Balle à la Crosse (hockey) », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 130r
Enluminure, Jeu médiéval, Quilles, Livre d'Heures de la Famille Ango
« Quilles », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 156v
« Sabot (toupie au fouet) », Livre d'Heures de la Famille Ango, 1515-1525, folio 149v

 


[1] La journée comptait sept heures canoniales et une de nuit (parmi les plus « connues », les matines, les vêpres ou encore les complies)
[2] Consulter sur ce même blog, « Le badminton dans la presse française (187-1914) ».
[3] Pierre Parlebas, « Des jeux dans les enluminures », in Ludica. Annali di Storia e Civilità di Goco , n° 15-16, 2009-2010, pp. 7-31.
[4] Le terme est employé à bon escient par Pierre Parlebas. La présentation de l’image, rappelle effectivement celle d’un « modillon » qui, en architecture, désigne un petit bloc de pierre sculptée soutenant une corniche, un avant-toit ou encore un balcon.
[5] Cf. Pierre Parlebas, op. cit., p. 12 et 20.
[6] Ibidem, p. 20.
[7] Ibidem, p. 22 et 23.
[8] Ibidem, pp. 20-21.
[9] Ibidem, p. 14.
[10] Ibidem, pp. 20-21.
[11] Ibidem, p. 21.
[12] Ibidem, p. 23
[13]Docteur Henry Blatin, Nos cruautés envers les animaux au détriment de l’hygiène, de la fortune publique et de la morale , Paris, Librairie L. Hachette et Cie, 1867, p. 414 – Source Gallica-BnF.
[14] Ibidem, p. 20 et 24.
[15] Ibidem, p. 22. Cette « sous-représentation féminine » pourrait également s’expliquer par les « préjugés culturels de l’enlumineur qui reflèteraient le sentiment de l’époque », les petites filles n’ayant alors guère la faveur des artistes (pp. 24-25).
[16] « Jusqu'à la fin du Moyen Âge, en effet, près de 90 % sont fils et filles de paysans . » Cf. L’enfance au Moyen Âge. La campagne, Dossier Pédagogique BNF.
[17] Se reporter sur ce même blog à : « Les jeux de l’amour et du volant »

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